Lettre à Trudeau: des médecins demandent un plafond sur la pollution pétrolière

Stéphane Blais, La Presse Canadienne
Lettre à Trudeau: des médecins demandent un plafond sur la pollution pétrolière

MONTRÉAL — Des centaines de travailleurs de la santé demandent au premier ministre Justin Trudeau de mettre en place rapidement le plafond sur les émissions de pollution pétrolière et gazière qu’il a longtemps promis, afin de sauver des milliers de vies.

Près de 300 travailleurs et travailleuses de la santé du pays ont signé une lettre ouverte cette semaine pour demander au premier ministre que soient réduites considérablement les émissions du secteur pétrolier et gazier.

Si le Canada réussissait à plafonner les émissions de l’industrie pétrolière à 45 % sous les niveaux de 2005 d’ici 2030, on pourrait prévenir 4800 décès prématurés, selon l’Association canadienne des médecins pour l’environnement (ACME), qui indique avoir utilisé des données de Santé Canada pour arriver à ces estimations.

Santé Canada estime que la pollution atmosphérique contribue à 15 300 décès prématurés par année au Canada.

«Le problème des émissions au Canada est un problème de pollution de l’air, et l’aggravation de la pollution de l’air nuit à la santé de tout le monde», a déclaré le Dr Joe Vipond, ancien président de l’ACME et médecin urgentiste.

«Pendant que d’autres secteurs travaillent fort pour réduire leurs émissions, les compagnies pétrolières et gazières augmentent leur pollution. Nous demandons instamment au premier ministre Trudeau d’agir rapidement pour faire appliquer un plafond d’émissions fort et efficace», a ajouté le Dr Vipond, dans un communiqué qui accompagnait la lettre ouverte.

Selon L’ACME, qui est à l’origine de la lettre, plafonner les émissions de cette industrie permettrait aussi de réduire des polluants atmosphériques dangereux comme «le dioxyde d’azote, les particules, l’ozone annuel et l’ozone estival» et permettrait également d’éviter des problèmes de santé non mortels, comme des «affections respiratoires telles que l’asthme, des maladies cardiaques, des troubles neurologiques tels que la démence, et des problèmes de reproduction tels que l’insuffisance pondérale à la naissance».

La plus grande source de GES au pays

La lettre ouverte, signée par des médecins de famille, des infirmières, des chirurgiens et d’autres professionnels de la santé, rappelle que selon les données les plus récentes du gouvernement du Canada, le secteur pétrolier et gazier continue d’être la plus grande source de gaz à effet de serre au Canada, représentant 31 % du total des émissions nationales.

Une réglementation finale prévue en 2025

En décembre dernier, le ministre fédéral de l’Environnement, Steven Guilbeault, a présenté un plan pour plafonner les GES de l’industrie pétrolière et gazière. Le ministre a alors indiqué que le projet de règlement devrait être publié d’ici le milieu de 2024 et la réglementation finale devrait être mise en place en 2025.

Les signataires de la lettre ouverte demandent que le projet de règlement soit publié «aussitôt que possible en septembre 2024» afin que le plafond puisse être appliqué «d’ici 2025 afin d’éviter tout retard supplémentaire».

Les médecins réclament également que le plafond «ne permette pas aux industries de contourner les réductions réelles d’émissions par le biais d’options de paiement ou de crédits compensatoires».

Les signataires font ainsi référence aux assouplissements contenus dans le plan libéral pour plafonner les émissions de GES du secteur du pétrole et du gaz.

Lorsque le ministre Guilbeault a présenté le plan au début de l’année, il avait également indiqué que les entreprises pourraient payer des montants pour se donner de la flexibilité.

Ainsi, si l’on tient compte des assouplissements, l’industrie pourra produire des niveaux d’émissions de 20 à 23 % sous les niveaux de 2019 à condition qu’elle achète des crédits de compensation ou qu’elle contribue à un fonds de décarbonation.

L’ACME demande aussi que le gouvernement vise une réduction de 45 % par rapport aux niveaux de 2005 d’ici 2030, plutôt qu’une diminution de 35 à 38 % sous les niveaux de 2019, en 2030, comme le prévoit le plan libéral.

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