Répartition des réfugiés: les discussions semblent mener «nulle part», dit Legault

Émilie Bergeron, La Presse Canadienne
Répartition des réfugiés: les discussions semblent mener «nulle part», dit Legault

OTTAWA — Les discussions avec les provinces sur une répartition pancanadienne des demandeurs d’asile qui serait davantage à la satisfaction du gouvernement du Québec ne semblent mener «nulle part» aux yeux du premier ministre québécois François Legault.

Ce dernier a laissé transparaître vendredi son exaspération au cours d’une conférence de presse à Sainte-Anne-de-Bellevue, à l’ouest de Montréal.

M. Legault a réitéré sa demande au premier ministre Justin Trudeau – présent au même événement – de réduire «rapidement» de moitié le nombre d’immigrants temporaires arrivant au Québec.

«Ça fait six mois qu’on discute. Il n’y a aucun résultat et quand je vois les discussions avec les premiers ministres des autres provinces, ça a l’air d’aller nulle part», a-t-il dit.

Statistique Canada estime qu’il y a 597 140 résidents non permanents au Québec, mais la Commission de l’immigration et du statut de réfugié du Canada (CISR), qui s’en remet à une définition moins large et à une méthodologie différente, en dénombre plutôt 388 959.

Parmi les nouveaux arrivants non permanents, on compte les étudiants étrangers et les travailleurs étrangers temporaires qui peuvent vouloir, à plus long terme, élire domicile au Canada. On y trouve aussi tous les demandeurs d’asile déjà installés au pays et qui attendent, avec de longs délais, soit une décision de la CISR sur leur requête, soit la conclusion de leur appel après avoir essuyé un refus.

Le Québec et l’Ontario sont les provinces qui reçoivent la très vaste majorité des personnes cherchant à obtenir le statut de réfugié au Canada, a rappelé vendredi M. Trudeau.

«On sait que l’Ontario, mais surtout le Québec, fait plus que sa part. (…) C’est une question d’équité à travers le pays de s’assurer que tout le monde fasse sa juste part et ce sont des conversations qui continuent», a-t-il soutenu.

Ottawa a créé en mai un comité de travail pour se pencher avec les provinces sur la répartition interprovinciale des demandeurs d’asile. Des rencontres ont eu lieu au courant de l’été.

Le ministre fédéral de l’Immigration, Marc Miller, a admis mercredi que des provinces souhaitent être exclues du plan de redistribution. «Il y en a, pour être très honnête, qui ne veulent rien savoir. Mais à un moment donné, il va falloir que les provinces assument leur rôle», a-t-il dit en marge de la retraite du caucus libéral qui s’est tenue à Nanaimo, en Colombie-Britannique.

Le ministre n’a pas précisé combien de provinces sont réfractaires. Il s’en est tenu à préciser que le Nouveau-Brunswick en fait partie.

Le ministre s’était présenté devant les journalistes pour démentir des propos tenus par le premier ministre de cette province de l’Atlantique, Blaine Higgs. Ce dernier a soutenu sur le réseau social X qu’Ottawa entend envoyer 4600 demandeurs d’asile au Nouveau-Brunswick «sans soutien financier», exhortant le fédéral à renoncer à «ce plan».

Il n’y a pas que le Nouveau-Brunswick qui s’est montré critique de l’initiative d’Ottawa.

La première ministre de l’Alberta, Danielle Smith, a exprimé son opposition à participer au projet de fédéral.

Même son de cloche du côté du premier ministre de la Nouvelle-Écosse, Tim Houston.

Le ministre saskatchewanais responsable de l’immigration, Jeremy Harrison, a indiqué dans une déclaration écrite que la Saskatchewan «s’opposerait à toute initiative du gouvernement fédéral d’allouer unilatéralement des demandeurs d’asile à (la) province».

Malgré tout, M. Miller espère présenter une feuille de route bientôt. Ensuite, il estime que la mise en œuvre du plan prendra de six à 12 mois.

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