Alberto Fujimori est enterré à Lima après trois jours de deuil national

Franklin Briceno, The Associated Press
Alberto Fujimori est enterré à Lima après trois jours de deuil national

L’ancien président controversé du Pérou Alberto Fujimori a été enterré samedi après trois jours de deuil national au cours desquels des milliers de personnes ont fait la queue devant un musée de Lima pour se recueillir devant le cercueil du défunt homme politique.

La présidente péruvienne Dina Boluarte a salué l’ancien président avant son enterrement lors d’une cérémonie qui s’est déroulée au palais présidentiel, où son cercueil a été porté par des soldats vêtus d’uniformes du XIXe siècle.

Mais Mme Boluarte n’a pas parlé de M. Fujimori, un personnage qui a divisé le Pérou pendant une décennie et dont la fille aînée est aujourd’hui l’une des personnalités politiques les plus influentes du pays.

M. Fujimori est décédé d’un cancer mercredi à l’âge de 86 ans. Il a été président du Pérou de 1990 à 2000 et a passé la majeure partie des 15 dernières années en prison après avoir été reconnu coupable de crimes contre l’humanité.

Il était professeur d’université lorsqu’il a fait irruption sur la scène politique péruvienne au début des années 1990. Son administration a contribué à remettre l’économie du pays sur les rails après des années d’hyperinflation et a vaincu le Sentier lumineux, un groupe communiste fanatique qui a mené une violente campagne pour renverser le gouvernement.

Le gouvernement de M. Fujimori a pris un tournant autoritaire en 1992, lorsqu’il a ordonné aux militaires de fermer le Congrès et que la Cour suprême du Pérou a déclaré l’état d’urgence. Cette mesure a sapé la démocratie péruvienne et a conduit à une période marquée par des violations des droits de l’homme.

Selon des politologues, l’action surprise contre le Congrès, connue en Amérique latine sous le nom de «Fujimorazo», a inspiré par la suite des efforts similaires de la part d’autres présidents de la région pour détruire les pouvoirs législatifs locaux et conférer davantage de pouvoir à l’exécutif.

En 2009, M. Fujimori a été condamné pour les meurtres de 25 personnes lors de deux massacres commis par un escadron militaire péruvien dans la banlieue de Lima, ainsi que pour l’enlèvement d’un journaliste à la suite du coup d’État de 1992 contre le Congrès. Il a été condamné à 25 ans de prison et est devenu le premier dirigeant élu d’Amérique latine à être reconnu coupable de crimes contre l’humanité.

M. Fujimori a passé les dernières années de sa vie à lutter contre le jugement de 2009 et d’autres affaires de corruption. Il a bénéficié d’une grâce présidentielle en 2017 de la part du président péruvien de l’époque, Pedro Pablo Kuczynski. Celle-ci a cependant été révoquée à la suite d’un arrêt de la Cour interaméricaine des droits de l’homme, mais elle a été rétablie à la fin de l’année dernière lorsque M. Fujimori a été libéré de prison.

Samedi, les enfants de M. Fujimori et des centaines de ses partisans ont assisté à une cérémonie religieuse en l’honneur de l’ancien président.

«Papa, tu es enfin libéré de la haine et de la vengeance de ceux qui ne t’ont pas pardonné de nous avoir sauvés de la faim et de la terreur. Tu es libre de ces années d’emprisonnement injuste», a déclaré sa fille aînée, Keiko Fujimori.

Cette dernière a été deux fois candidate à la présidence. Elle dirige aujourd’hui le parti conservateur Fuerza Popular, qui a bloqué plusieurs tentatives des partis de gauche de porter des accusations contre Mme Boluarte pour la mort de dizaines de manifestants antigouvernementaux en décembre 2022 et en janvier de l’année dernière.

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