Rémunération et sanctions: la FMOQ contre-attaque

Patrice Bergeron, La Presse Canadienne
Rémunération et sanctions: la FMOQ contre-attaque

QUÉBEC — Excédés d’être les boucs émissaires pour les problèmes d’accès à des rendez-vous, les médecins de famille contre-attaquent, au moment où les négociations avec le gouvernement s’annoncent corsées.

Alors que le gouvernement Legault les menace de sanctions en fonction d’indicateurs de performance, la Fédération des médecins omnipraticiens (FMOQ) soutient que les données brandies par Québec sont «inexactes» et réclame un rattrapage de rémunération par rapport à leurs homologues de l’Ontario.

«Ils ont leurs chiffres, on a les nôtres, puis on va en discuter aux tables de négociation», a riposté laconiquement le ministre de la Santé, Christian Dubé, mardi après-midi à l’Assemblée nationale.

«Si on veut remettre en question (nos) données, nos équipes d’experts sont disponibles (… ), moi, je ne veux pas me battre contre le gouvernement, peut-être que le gouvernement veut se battre contre nous», a déclaré le président de la FMOQ, Marc-André Amyot, en conférence de presse mardi matin dans un hôtel de Québec.

On fera «fausse route» avec certains indicateurs de résultats, a-t-il suggéré.

«Non, les médecins ne sont pas paresseux (…), on nous a reproché beaucoup de situations qui font paraître les médecins de famille comme ne faisant pas partie de la solution», a-t-il ajouté.

Ils ne travaillent pas moins, mais ont des «particularités» par rapport à leurs collègues ontariens, a-t-il exposé, entre autres parce qu’au Québec, ils assument 85 % des quarts de travail aux urgences.

«Dans un contexte de négociations (…), il faut poser le diagnostic sur de bonnes données», a-t-il argué, en réfutant notamment les données de l’Institut canadien d’information sur la santé (ICIS), parce qu’elles surévaluent notamment de 1382 le nombre de médecins de famille.

Les médecins de famille ontariens viennent d’obtenir par arbitrage une hausse de leur traitement de 10 % pour la première année de leur contrat, alors qu’au Québec, la présidente du Conseil du trésor, Sonia LeBel, a laissé entendre récemment que l’enveloppe de 3 milliards $ réservée aux omnipraticiens devait être optimisée avant de penser à la bonifier.

À 330 313 $ par an en moyenne, «c’est clair» que les médecins d’ici gagnent moins qu’en Ontario, a indiqué M. Amyot, tout en refusant de préciser ses revendications en matière de rémunération.

«Dans (le calcul de) notre écart de rémunération, est-ce qu’on inclut ou on exclut ces augmentations (obtenues par les médecins ontariens), moi je vous dis qu’on devrait les inclure», s’est-il borné à opiner.

En outre, un gel de l’enveloppe à 3 milliards $ pourrait se traduire par une réduction de services, une menace qu’a laissé planer le grand patron de la FMOQ.

«Si le gouvernement, on ne paie plus tel service, peut-être que 3 milliards $ seront suffisants», a-t-il dit.

Le problème d’accès n’est pas causé par «certains médecins qui ne travaillent pas assez», comme certains veulent le faire croire, a répété la FMOQ.

Si 3000 médecins facturent moins de 175 jours par an à la RAMQ, c’est parce qu’ils prennent leur retraite, commencent leur pratique, pratiquent à plein temps à l’urgence, sont médecins-conseils, etc.

Pas moins de 82 % des plages de rendez-vous sont comblées, a fait valoir la FMOQ pour démontrer l’assiduité et la vaillance de ses membres. Mais si les patients peinent à obtenir un rendez-vous rapidement, ce n’est pas de sa faute, assure-t-elle.

C’est plutôt la faute des CISSS et des CIUSSS qui s’occupent du Guichet accès première ligne (GAP), a plaidé M. Amyot.

Selon lui, on n’a pas optimisé les «trajectoires de soins» qui auraient orienté les patients vers la consultation d’autres professionnels de la santé.

«Le médecin devient le psychologue, le médecin devient le physothérapeute», a imagé le vice-président de la FMOQ, Pierre Martin.

«Le vrai problème, c’est l’organisation des services», a-t-il déclaré en expliquant entre autres que les Groupes de médecine familiale (GMF) n’obtiennent pas le personnel que sont censés leur fournir les CISSS et les CIUSSS.

«Le faux problème, c’est cibler les médecins», a-t-il conclu.

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