OTTAWA — Le gouvernement libéral de Justin Trudeau ne tombera pas la semaine prochaine: les bloquistes ont annoncé qu’ils n’appuieront pas la motion de censure des conservateurs.
«La motion (…) dit essentiellement: « voulez-vous remplacer Justin Trudeau par Pierre Poilievre ». Donc, la réponse c’est « non ». (…) Le remplacement de l’un par l’autre, de la vipère par la tarentule ou le contraire, ne sert pas les Québécois», a résumé mercredi le chef du Bloc québécois, Yves-François Blanchet, lors d’une mêlée de presse dans le foyer de la Chambre des communes.
M. Blanchet a expliqué avoir confiance de pouvoir faire adopter un projet de loi de son parti qui permettrait d’augmenter la pension de «100 000 Québécois et un million de Canadiens» et de protéger la gestion de l’offre lors de négociations commerciales.
Il a dit ne pas avoir eu de discussions avec les libéraux qui lui donnent cette confiance, mais qu’il a «l’impression» que «rendu au bord du précipice ils vont préférer faire un pas vers l’arrière qu’un pas vers l’avant».
Plus tôt en journée, les conservateurs ont dévoilé la motion de censure qu’ils vont présenter la semaine prochaine dans l’espoir de provoquer des élections générales au pays. Elle serait dépourvue de lignes partisanes.
L’énoncé sur lequel devront se prononcer les élus fédéraux se lirait comme suit: «La Chambre n’a pas confiance dans le premier ministre et le gouvernement».
Lors de la période des questions, le chef conservateur Pierre Poilievre a reproché au Bloc de voter «pour garder au pouvoir le premier ministre le plus coûteux et centralisateur de l’histoire».
Le premier ministre Trudeau lui a répliqué que M. Poilievre démontre qu’il ne se préoccupe «que de ses propres intérêts politiques» et non de ceux de la population.
«Il ne veut pas investir pour aider les gens avec des soins dentaires. Il ne veut pas être là pour aider nos aînés. Il ne veut pas être là pour aider les jeunes. Il est là pour couper dans les programmes. (…) Il n’a rien à offrir. Il est obsédé par son propre désir pour le pouvoir», a-t-il envoyé.
À son arrivée aux Communes, le lieutenant politique des conservateurs pour le Québec, Pierre Paul-Hus, a jugé que la décision des bloquistes va dans le sens de ce que les députés de son parti s’époumonent à répéter.
«C’est le Bloc-Libéral. Ça confirme que le Bloc supporte Justin Trudeau nonobstant tous les dommages de son gouvernement», a-t-il lancé.
Le ministre québécois François-Philippe Champagne a jugé que c’est un soulagement pour l’ensemble du pays.
«Les gens veulent de la stabilité, a-t-il dit. C’est la voix de la raison. Il faut travailler ensemble. Il faut avancer. Il faut passer moins de temps à parler de politicailleries (…) et passer plus de temps à parler des enjeux qui touchent les Canadiens: c’est l’abordabilité, c’est le logement.»
Le NPD pas chaud à l’idée
Chez les néo-démocrates, le leader à la Chambre, Peter Julian, a affirmé aux journalistes que son parti n’a «ni confiance dans M. Poilievre, ni confiance en M. Trudeau».
«Je sais que les conservateurs vont toujours flanquer des motions, mais pour nous l’important est ce qui est dans l’intérêt public. Et c’est ce qu’on va faire pour chacun des votes qu’on va prendre», a-t-il déclaré à sa sortie de la réunion du caucus du NPD.
Un de leurs députés de la Colombie-Britannique, Gord Johns, a déclaré aux journalistes que «nous ne suivrons certainement pas l’agenda de Pierre Poilievre, nous suivrons celui du peuple».
Le chef adjoint, Alexandre Boulerice, marchait lui aussi sur des œufs. Il a cependant répondu qu’«il y a encore des choses qui doivent être réalisées».
Une responsable néo-démocrate qui s’exprimait de façon informelle avec les journalistes a expliqué que le cheminement du projet de loi sur l’assurance médicaments auquel son parti tient tant aura un poids important dans la balance lors du vote. La pièce législative est présentement étudiée par un comité du Sénat.
Le chef conservateur avait promis qu’il présenterait une motion de censure à la première occasion, après que le NPD eut mis fin à son accord de soutien et de confiance avec les libéraux plus tôt ce mois-ci.
Les partis d’opposition peuvent présenter des motions, y compris une motion de censure à l’égard du gouvernement, à des jours précis désignés dans le calendrier de la Chambre des communes.
Il semble maintenant que cette occasion se présentera mardi prochain et que le vote aura lieu l’après-midi suivant.
Lors d’une réunion des leaders de la Chambre mardi, le gouvernement a dit aux autres partis que la première des cinq journées d’opposition pour les conservateurs cet automne aura lieu la semaine prochaine.
– Avec des informations d’Émilie Bergeron, à Ottawa