Le gouvernement Trudeau réduit une fois de plus les permis pour étudiants étrangers

Anja Karadeglija, La Presse Canadienne
Le gouvernement Trudeau réduit une fois de plus les permis pour étudiants étrangers

OTTAWA — Le gouvernement libéral va réduire de 10 % le nombre de visas d’étudiants internationaux qu’il traite, et un groupe représentant les collèges de l’Ontario prévient que cela entraînera des coupes dans les programmes.

Le gouvernement affirme que le nouvel objectif pour 2025 et 2026 sera de 437 000 permis. En 2024, l’objectif était de 485 000 permis.

Le ministre de l’Immigration, Marc Miller, a indiqué mercredi que le gouvernement s’attend à ce que les changements «génèrent environ 300 000 permis d’études de moins» au cours des trois prochaines années.

Colleges Ontario a mis en garde contre le chaos «à la fois pour les étudiants internationaux qui étaient ravis de venir ici pour une éducation de classe mondiale, et pour les étudiants nationaux dont les programmes sont désormais menacés».

Ottawa impose également de nouvelles limites aux permis de travail pour les conjoints de travailleurs étrangers et d’étudiants inscrits à des programmes de maîtrise. Pour être admissibles, les conjoints des demandeurs doivent être inscrits à un programme de maîtrise d’au moins 16 mois, ou être des travailleurs étrangers exerçant des professions de gestion ou des professions libérales ou travaillant dans des secteurs connaissant une pénurie de main-d’œuvre.

Le ministre Miller a déclaré que l’augmentation du nombre d’étudiants étrangers et des permis de travail de troisième cycle et de conjoint correspondants sont des domaines dans lesquels «nous avons un devoir envers les Canadiens et, dans le contexte d’une économie où le marché du travail est restreint dans certains domaines, nous devons nous adapter en conséquence».

En janvier, le gouvernement libéral a annoncé un plafond temporaire visant à réduire le nombre de nouveaux visas d’étudiant de plus d’un tiers cette année.

Ces changements sont intervenus à un moment où le programme des étudiants internationaux faisait l’objet d’un examen approfondi. Les experts ont averti que la forte croissance démographique exerçait une pression sur un marché du logement déjà tendu.

M. Miller a affirmé que les mesures prises par le gouvernement jusqu’à présent fonctionnent, citant «des preuves plus qu’anecdotiques selon lesquelles il y a eu un impact sur certains marchés locatifs où les étudiants sont plus nombreux».

Il a reconnu que l’année avait été mouvementée pour les universités et les collèges, qui veulent de la prévisibilité, mais il a ajouté qu’il s’attendait à ce qu’ils s’adaptent aux nouvelles règles.

«J’ai dit à plusieurs reprises aux établissements d’enseignement postsecondaire qu’ils devaient ajuster leurs pratiques de recrutement, a-t-il déclaré. Je leur ai dit que le coût d’acquisition des étudiants internationaux allait certainement augmenter.»

Les établissements inquiets

Le président d’Universités Canada, Gabriel Miller, a déclaré que l’annonce de mercredi «a arraché le pansement» après des mois d’incertitude. Il a ajouté que le gouvernement avait fait des annonces «au compte-gouttes» sur des changements à des détails comme le droit des étudiants à travailler au Canada.

«Le gouvernement nous a donné des éclaircissements sur ses objectifs et sur les règles qui régiront le système. Et cela va aider à dissiper le nuage d’incertitude qui plane sur le recrutement des étudiants internationaux et qui a fait tant de mal à notre image internationale.»

Il a également déclaré que la décision du gouvernement d’inclure les étudiants diplômés auparavant exemptés dans le plafond «envoie un message selon lequel le Canada est incertain quant à son engagement à recruter de manière agressive les étudiants les plus talentueux pour venir travailler et étudier ici».

La présidente de Colleges Ontario, Marketa Evans, a qualifié l’annonce de «profondément préoccupante» et a pointé dans un communiqué qu’elle démontrait un parti pris en faveur des universités.

Mme Evans a déclaré que les restrictions du gouvernement fédéral signifient que les collèges de la province devraient perdre au moins 1,7 milliard $ de revenus au cours des deux prochaines années.

«Le système collégial public de l’Ontario ne peut pas être coupé en deux de cette façon», a fait valoir Mme Evans. «Avec la baisse du nombre d’étudiants internationaux et la crise budgétaire qui en résulte, les collèges devront réduire leurs offres de programmes ou les annuler complètement, ce qui signifie que les étudiants nationaux n’auront pas la chance d’étudier dans des programmes nécessaires pour remédier aux pénuries de main-d’œuvre critiques.»

Rahul Jayan, un étudiant international originaire de l’Inde, a expliqué que la décision du gouvernement fédéral rendra plus difficile pour d’autres étudiants comme lui de chercher à faire des études au Canada.

«Ce sera très difficile pour ceux qui viennent», a dit mercredi le jeune homme de 22 ans, sur un campus universitaire de Toronto. «Il y a de plus en plus de gens qui rêvent de venir au Canada.»

M. Jayan a dit connaître des gens en Inde qui seraient directement touchés par la nouvelle. «Ce sera difficile», a-t-il insisté.

— Avec des informations de Nojoud Al Mallees, à Ottawa, et de Rianna Lim, à Toronto.

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