OTTAWA — Le ministre fédéral de l’Immigration, Marc Miller, a qualifié de «nonos» trois premiers ministres provinciaux conservateurs qui ont refusé d’accepter plus de demandeurs d’asile sur leur territoire, dans un effort national pour réduire les pressions migratoires sur le Québec et l’Ontario.
Le premier ministre de la Nouvelle-Écosse, Tim Houston, a réitéré vendredi dernier qu’il n’accepterait aucune tentative de la part d’Ottawa d’envoyer des milliers de demandeurs d’asile dans sa province.
Deux jours plus tôt, le premier ministre Blaine Higgs a expliqué que le Nouveau-Brunswick est une province accueillante, mais qu’accepter autant de demandeurs d’asile mettrait à rude épreuve les ressources en matière de soins de santé, d’éducation et de logement.
La première ministre de l’Alberta, Danielle Smith, a elle aussi exprimé son opposition à participer au projet fédéral de répartir les demandeurs d’asile dans différentes provinces du pays.
Pour y parvenir, Ottawa avait créé en mai un comité de travail et des rencontres ont eu lieu au courant de l’été. Mais le premier ministre du Québec, François Legault, a déploré vendredi, aux côtés du premier ministre Justin Trudeau, que ces discussions avec les provinces ne semblaient mener «nulle part».
Interrogé là-dessus mercredi à Ottawa, le ministre Miller a eu une saute d’humeur face à la position des premiers ministres provinciaux conservateurs devant tout projet de répartition des demandeurs d’asile.
«C’étaient des propositions, on leur a dit, puis ils savaient: voici de quoi aurait l’air la situation des demandeurs d’asile si ces gens-là étaient répartis par population des provinces. C’est très banal comme mathématique», a expliqué M. Miller.
«Certains premiers ministres qui sont partis avec ça, pour eux Justin Trudeau allait tout imposer sur eux et on ne voulait pas de ça et on ne veut pas de demandeurs d’asile, etc.»
Puis, en nommant les premiers ministres Houston, Higgs et Smith, M. Miller a déclaré: «ces trois nonos conservateurs se sont emportés — ils ont peut-être regardé les élections américaines et s’en sont inspiré».
Le ministre a soutenu qu’Ottawa ne souhaitait pas imposer un nombre précis de réfugiés aux provinces, mais plutôt offrir aux demandeurs «consentants» de s’installer dans une «province consentante» qui aurait «besoin de ces gens-là avec une spécialité».
Le ministre a assuré que des discussions sont en cours avec les provinces. «Mais voilà, avec la sortie de ses trois premiers ministres, ça va être plus difficile parce que ça va devenir un enjeu encore politique — du capital politique qui se fait sur le dos des demandeurs d’asile», a-t-il soutenu.