Les organisations étudiantes lancent une campagne contre la précarité sur les campus

Caroline Chatelard, La Presse Canadienne
Les organisations étudiantes lancent une campagne contre la précarité sur les campus

MONTRÉAL — La Fédération étudiante collégiale du Québec (FECQ) et l’Union étudiante du Québec (UEQ) ont annoncé samedi le lancement d’une campagne nationale conjointe baptisée «Renversons le poids de la précarité», afin d’alléger le poids du coût de la vie, qui pèse sur les épaules de ceux qui ne sont même pas encore entrés dans la vie active.

Les deux organisations ont présenté le projet lors d’une conférence de presse au cégep Ahuntsic, à Montréal.

Parmi les mesures que proposent les organisations étudiantes, il y a avant tout la rémunération des stages. Selon Antoine Dervieux, président de la FECQ, à l’heure actuelle, pas moins de 84% des stagiaires interrogés par la fédération ne sont pas rémunérés pour le travail qu’ils fournissent. Ce manque à gagner serait pourtant bienvenu pour des étudiants qui sont de plus en plus nombreux à avoir recours à l’aide alimentaire.

C’est d’ailleurs ce qui constitue le second point des mesures demandées par la FECQ et l’UEQ. M. Dervieux explique que l’aggravation de la précarité des étudiants est notamment attribuable à la forte inflation des dernières années. «Les chiffres qui sont sortis dernièrement par le réseau des banques alimentaires du Québec, c’est que, de 2011 à 2013, il y a eu une hausse marquée de la part des demandes d’aide alimentaire au sein du réseau BAQ par les étudiants», dit-il.

Selon les données, un étudiant collégial ou universitaire sur cinq a besoin chaque mois des banques alimentaires, ajoute M. Dervieux.

Les organisations réclament une augmentation des subventions attribuées aux dispositifs de lutte contre l’insécurité alimentaire étudiante. Antoine Dervieux et son homologue de l’UEQ, Étienne Paré, rappellent que des solutions existent déjà sur les campus québécois, comme les étagères communautaires, les guignolées, etc., mais celles-ci sont coûteuses en logistique, en temps, en énergie et, évidemment, en argent, alors que le besoin est grandissant dans les rangs étudiants.

«On voit souvent des files de personnes qui attendent devant les frigos juste avant qu’ils soient réapprovisionnés avec des denrées, raconte Antoine Dervieux. Donc cette politique-là va permettre aux associations étudiantes d’être capables de multiplier leurs capacités à offrir cette solution d’urgence pour les étudiants.»

Le dernier point dans la ligne de mire des organisations étudiantes est l’aide financière aux études, qu’elles estiment en retard par rapport à l’augmentation du coût de la vie. Le président de l’UEQ explique que son organisation a effectué une enquête en 2022 sur le financement de l’endettement étudiant qui a révélé que seuls 27% de la population étudiante admissible aux programmes d’aide financière aux études y a effectivement recours.

«On découvre en feuilletant les documents de statistiques du gouvernement du Québec que 22 054 personnes ont rempli une demande d’aide financière aux études, mais n’y ont pas donné suite. Ça veut donc dire que les gens, quand ils voient le montant auquel ils ont droit, se rendent compte que ce n’est pas suffisant, puis se tournent vers d’autres options», s’inquiète M. Paré. Les autres options en question, continue-t-il, ce sont notamment les banques privées, auprès desquelles les étudiants pourront contracter un prêt… et s’endetter.

Ce peut être aussi le travail, mais le président de l’UEQ avance que le programme d’aide financière aux études tient compte des revenus d’emploi. «Plus tu travailles, plus tu t’exclus de la portion des bourses du programme, résume-t-il. On crée un peu un cercle vicieux qui vient mettre en péril la réussite scolaire de la population étudiante, à terme.»

Les deux présidents ont bon espoir que leur campagne porte ses fruits. «L’année passée, on s’est fait dire qu’il y avait une ouverture pour les stages au niveau de la rémunération, puis on attend encore cette même rémunération, donc on est content qu’il y ait de l’ouverture, glisse Antoine Dervieux. On a un budget déficitaire, oui, mais ça n’empêche pas qu’il faille qu’on investisse dans nos jeunes.»

Durant les deux prochains mois, la FECQ va notamment sillonner les régions du Québec pour y donner des conférences de presse avec les associations locales afin de mettre en avant le travail de chacune sur le terrain, leur implication, et relancer la mobilisation et, les étudiants l’espèrent, faire bouger les choses du côté des décideurs.

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