MONTRÉAL — Le secrétaire exécutif d’ONU Climat a mis en garde les grands investisseurs et les nations contre l’établissement d’une transition énergétique mondiale dangereuse à deux vitesses, à l’occasion de la Semaine du climat à New York.
Devant des leaders économiques réunis au Forum pour l’investissement durable, Simon Stiell a d’abord expliqué que « la décarbonisation est inévitable et constitue la plus grande transformation de l’économie mondiale de ce siècle».
Le secrétaire exécutif d’ONU Climat a également expliqué que «les flux financiers en faveur de l’action climatique sont déjà estimés à plus de mille milliards de dollars» et que «cette année, les investissements dans le solaire photovoltaïque devraient atteindre plus de 500 milliards de dollars».
Simon Stiell a souligné que «les opportunités d’investissement ne se limitent pas au solaire et à l’éolien», que la transition touchera «tous les secteurs», ce qui signifie qu’il y aura «des opportunités dans tous les secteurs».
«Mais – et c’est un grand mais – à l’heure actuelle, la grande majorité de cet argent va à des projets dans les plus grandes économies» et «cette grande tendance de l’énergie propre progresse de manière inégale», s’est-il inquiété.
Les progrès réalisés pour décarboner «les marchés nord-américains sont très encourageants et bienvenus», mais d’un autre côté, s’il y a trop d’investissements dans les mêmes marchés, cela signifie que d’autres marchés seront laissés de côté.
«Je serai franc : si les économies en développement ne sont pas plus nombreuses à bénéficier davantage de ce déluge croissant d’investissements climatiques, nous allons rapidement établir une transition mondiale dangereuse à deux vitesses», a-t-il indiqué en précisant sa pensée.
«Sur les voies les plus rapides, des entreprises du Nord bien capitalisé engrangeant d’énormes bénéfices à mesure que la transition s’accélère et prend de l’ampleur», en revanche, «de nombreux autres pays en développement s’efforcent d’accélérer le rythme, mais sont paralysés par des coûts du capital très élevés, souvent fondés sur des perceptions dépassées ou mal fondées du risque sur ces marchés, ou enlisés dans des crises de la dette qui s’aggravent.»
Si cette «injustice» et ce «déséquilibre» persistent, elles rendront «presque impossible la réduction de moitié des émissions mondiales d’ici à 2030, en vue d’atteindre le net zéro, sans quoi aucune économie – y compris les plus grandes – ne pourra survivre au carnage climatique grandissant», a fait valoir le secrétaire exécutif d’ONU Climat.
Si une transition mondiale à deux vitesses s’installe, «tout le monde finira par être perdant, et très perdant», a -t-il résumé.
Un nouvel accord sur le financement
Le monde a donc besoin «d’un nouvel accord sur le financement de l’action climatique», a fait valoir Simon Stiell.
Ce financement doit provenir de sources publiques et privées, «mais aussi des financements mixtes, rendus possibles par une réforme en profondeur des banques de développement, et par des politiques climatiques beaucoup plus fortes de la part des gouvernements» a expliqué le secrétaire exécutif d’ONU Climat.
Il a ajouté que «des progrès importants sont nécessaires d’urgence», à la fois lors des négociations sur le climat qui se tiendront à la COP29 en Azerbaïdjan au mois de novembre et aussi «par les ministres du G20 qui sont actionnaires des grandes banques de développement».