QUÉBEC — Québec solidaire (QS) accuse la Société des alcools du Québec (SAQ) d’être soutenue par la «fachosphère raciste et pro-génocide» sur l’enjeu du conflit palestinien.
C’est le député QS de Maurice-Richard, Haroun Bouazzi, qui a lancé ces attaques par l’entremise du réseau social X.
Dans une réponse écrite, la SAQ a indiqué qu’elle ne prend «pas position sur les enjeux politiques».
M. Bouazzi a déposé de nombreuses pétitions à l’Assemblée nationale demandant de cesser la vente de vins israéliens produits en territoire occupé, c’est-à-dire la Cisjordanie, l’autre territoire administré par l’Autorité palestinienne avec Gaza.
Cette semaine, à la suite de l’étude des pétitions en commission parlementaire, M. Bouazzi a tenu une mêlée de presse qu’il a relayée, toujours sur son compte X, et elle a généré des commentaires pour le moins vitrioliques.
«La SAQ, je vous invite à constater dans les commentaires à quel point la fachosphère raciste et pro-génocide vous soutient, notre société d’État mérite mieux», écrit-il.
«Je ne peux pas croire que vous êtes député au Québec», peut-on lire parmi les réactions.
«Votre rémunération provient de mes taxes. Vous agissez comme un député de Gaza, c’est déplorable, vous êtes une honte comme député. Déportez (sic) vous passez plus de temps à défendre les islamistes», poursuit la personne.
«Votre solidarité ethno-culturelle prouve que le modèle multiculturaliste est un échec», écrit un autre.
«Vous utilisez l’Assemblée nationale pour défendre votre peuple. Vous êtes payé par les Québécois. En plus d’être honteux, c’est indigne», écrit un autre en demandant sa démission.
Certains ont publié des photos des vins controversés qu’on retrouve sur l’application de la SAQ et qui sont produits en Samarie, c’est-à-dire le nom qu’Israël donne à la Cisjordanie.
D’autres commentaires ne peuvent tout simplement pas être rapportés ici.
La Presse Canadienne a demandé une entrevue à la SAQ, qui a répondu plutôt avec un courriel.
«Bien que la SAQ soit sensible à la situation, comme société d’État, nous n’émettons pas d’opinion ou ne prenons pas position sur les enjeux politiques, écrit-on. La SAQ a une mission commerciale qui lui est confiée par le gouvernement du Québec.»
La porte-parole Laurianne Tardif ajoute toutefois que si un embargo était décrété sur certains produits, la SAQ allait s’y conformer.
Sur l’enjeu de la vente de vins produits dans les territoires occupés mais étiquetés comme étant faits en Israël, la SAQ rappelle que l’Agence canadienne d’inspection des aliments (ACIA) a entrepris des consultations «dans le but d’en venir à une déclaration d’origine qui serait acceptable dans des cas similaires».
Une source proche du dossier a laissé entendre que c’est un dossier «vraiment plus compliqué» que celui de l’interdiction de la vente de vodka russe à la suite de l’invasion de l’Ukraine.
La SAQ est «en attente» de la décision de l’ACIA et on précise qu’on est en contact avec le cabinet du ministre des Finances, Eric Girard, qui est responsable de la SAQ.
Sur le site de la SAQ, il y a au moins 7 vins, sur les 30 identifiés comme étant d’Israël, qui proviennent de Judée et de Samarie, soit le nom que l’État d’Israël donne à la Cisjordanie.
Dans sa mêlée de presse, M. Bouazzi affirmait qu’en moins d’un an, 650 personnes en Cisjordanie ont été tuées, dont plus de 140 enfants, par les colons israéliens ou l’armée, dans plus de 1200 attaques.
Le gouvernement israélien a accaparé plus 1200 hectares pour de nouvelles colonies, a-t-il ajouté.
«Le droit international est clair, les colonies sont illégales, elles sont un crime de guerre, parce qu’elles constituent un déplacement de population, la SAQ doit cesser de vendre du vin fait dans le territoire palestinien occupé, mais étiqueté « fait en Israël »», a-t-il plaidé.
La pétition déposée par M. Bouazzi avait recueilli 2502 signatures. Elle affirmait que la SAQ cautionne l’«occupation illégale» du territoire palestinien en commercialisant ces vins, et qu’en outre, cette commercialisation «équivaut à tromper le consommateur puisque l’origine affichée du produit est mensongère».
L’an dernier, à la suite des attaques du Hamas du 7 octobre dernier en Israël et de la riposte israélienne qui a suivi dans Gaza, M. Bouazzi s’était effondré en larmes au cours d’un point de presse au parlement où il dénonçait la mort d’enfants palestiniens.