Des milliers de débardeurs déclenchent une grève aux États-Unis

Tom Krisher et Tassanee Vejpongsa, The Associated Press
Des milliers de débardeurs déclenchent une grève aux États-Unis

Des milliers de débardeurs travaillant dans plus de 30 ports des États-Unis ont amorcé une grève, tôt mardi, pour protester contre les salaires et l’automatisation. Ce moyen de pression pourrait raviver l’inflation et provoquer des pénuries de marchandises si la grève dure plus que quelques semaines.

Le contrat de travail entre les ports et environ 45 000 membres de l’Association internationale des débardeurs est venu à échéance à minuit, la nuit dernière. Même si des progrès ont eu lieu lundi lors des négociations, les syndiqués ont tout de même choisi de débrayer.

La grève qui touche 36 ports est la première du syndicat depuis 1977.

Des travailleurs ont commencé à faire du piquetage au port de Philadelphie au courant de la nuit, marchant en cercle et scandant: «Pas de travail sans un contrat équitable.»

Le président de la section locale du syndicat, Boise Butler, a fait valoir que les travailleurs sont à la recherche d’un contrat de travail équitable qui ne permette pas l’automatisation de leurs emplois.

Selon lui, les compagnies maritimes ont gagné des milliards de dollars pendant la pandémie en facturant des prix élevés.

«Maintenant, nous voulons qu’ils remboursent. Ils vont rembourser», a tranché M. Butler.

Il a ajouté que le syndicat poursuivra la grève aussi longtemps qu’il le faudra pour obtenir un accord équitable.

«Ce n’est pas quelque chose qu’on commence seulement pour arrêter. Nous ne sommes pas faibles», a-t-il prévenu, rappelant l’importance des débardeurs pour l’économie nationale.

L’Alliance maritime américaine, qui représente les ports, a indiqué lundi soir que les deux parties avaient fait des progrès dans les négociations salariales, mais qu’aucun accord n’avait pu être conclu.

Initialement, le syndicat était à la recherche d’une augmentation salariale de 77 % sur six ans, plaidant que cette hausse est nécessaire dans la foulée de la montée de l’inflation.

Lundi soir, l’Alliance maritime américaine a fait passer son offre à 50 % d’augmentation sur six ans, s’engageant à maintenir les limites entourant l’automatisation en place dans l’ancienne convention collective.

Le syndicat veut une interdiction complète de l’automatisation. Il n’a pas été possible de savoir à quel point les deux camps restent éloignés dans les discussions.

Dans un communiqué publié tôt mardi, le syndicat a annoncé avoir rejeté la dernière proposition de l’employeur, car elle était «loin de répondre à ce que les membres réclament en matière de salaires et de protections contre l’automatisation».

Répercussions

Des experts sur les questions de chaîne d’approvisionnement affirment que les consommateurs ne verront pas d’impact immédiat à la grève, puisque la plupart des détaillants ont fait le plein de marchandises en prévision d’un conflit de travail.

Mais si la grève dure plus de quelques semaines, elle pourrait considérablement perturber la chaîne d’approvisionnement des États-Unis, ce qui pourrait entraîner une hausse des prix et des retards dans la livraison des marchandises aux ménages et aux entreprises.

Si elle se prolonge, la grève obligera les entreprises à payer les expéditeurs pour les retards et entraînera l’arrivée tardive de certaines marchandises pour la période de pointe des achats de fin d’année.

La grève aura probablement un impact presque immédiat sur les approvisionnements d’importations périssables comme les bananes, par exemple. Les ports touchés par la grève traitent 3,8 millions de tonnes de bananes chaque année, soit 75 % de l’approvisionnement du pays, selon l’American Farm Bureau Federation.

Elle pourrait également entraver les exportations des ports de la côte est et créer des embouteillages dans les ports de la côte ouest, où les travailleurs sont représentés par un syndicat différent.

«Si la grève se poursuit, elle entraînera d’énormes retards dans la chaîne d’approvisionnement, un effet d’entraînement qui se prolongera sans aucun doute jusqu’en 2025 et provoquera le chaos dans l’ensemble du secteur», a noté Jay Dhokia, fondateur de la société de gestion de la chaîne d’approvisionnement et de logistique Pro3PL.

J.P. Morgan a estimé qu’une grève qui fermerait les ports de la côte est et du Golfe pourrait coûter à l’économie américaine entre 3,8 et 4,5 milliards $ US par jour, une partie de cette somme étant récupérée au fil du temps après la reprise des activités normales.

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