Départ de Marwah Rizqy: «J’aurais aimé être capable de tout conjuguer»

Thomas Laberge, La Presse Canadienne
Départ de Marwah Rizqy: «J’aurais aimé être capable de tout conjuguer»

QUÉBEC — C’est les larmes aux yeux que la députée libérale de Saint-Laurent, Marwah Rizqy, a annoncé qu’elle quittait la vie politique à la fin de son mandat, affirmant qu’elle n’arrivait plus à concilier son travail d’élue et son rôle de mère.

«J’aurais aimé être capable de tout conjuguer, mais je n’y arrive pas», a-t-elle affirmé lors d’un point de presse très émotif à l’Assemblée nationale mardi.

Dans un message publié sur le réseau social X, Mme Rizqy a assuré qu’elle terminera son mandat actuel en donnant son 100 %, mais a reconnu que partir de Montréal pour aller siéger à Québec, laissant ses enfants «sans parents» pendant la semaine lors de la session parlementaire, est devenu un «sacrifice trop grand».

La députée de Saint-Laurent est mariée avec le député libéral de Jacques-Cartier, Gregory Kelley. Durant son point de presse, Marwah Rizqy a indiqué que son mari lui avait offert de démissionner pour s’occuper de sa famille, mais qu’elle a refusé. «Cette décision, je l’ai prise en mon âme et conscience, au fond de mes tripes», a-t-elle dit.

«Je veux vivre pleinement mon rôle de mère. Je veux pouvoir être dans la même ville que mes jeunes enfants et pouvoir les border le soir venu», a-t-elle indiqué, précisant que sa décision est «finale et sans appel».

Mme Rizqy était elle-même pressentie pour se lancer dans la course à la direction du Parti libéral, mais elle avait fait une croix sur cette possibilité pour des raisons familiales similaires. «Si je n’avais pas eu d’enfants, ma réponse aurait été très différente pour la chefferie», a-t-elle assuré.

Marwah Rizqy a été élue à l’Assemblée nationale en 2018 et a décroché un second mandat en 2022.

Avant de se lancer en politique, elle était professeure de fiscalité à l’Université de Sherbrooke. Elle souhaite revenir à l’enseignement après avoir terminé son mandat.

Vers le vote à distance?

Le ministre de la Justice et leader du gouvernement, Simon Jolin-Barrette, s’est dit «attristé» du départ de la députée et soutient qu’il faut faire des réformes pour faciliter la conciliation travail-famille. Il suggère notamment le vote à distance.

«Pour certains motifs, notamment le congé de maternité, pour la proche aidance d’une personne qui est en fin de vie, pour des réalités familiales, ça pourrait être un élément où on pourrait se moderniser, avoir des votes électroniques à distance?»

Actuellement, il est possible pour les parlementaires de prendre un congé parental, mais il n’est toutefois pas balisé.

«L’ensemble des gens qui ont des enfants au Québec ont le droit à une année. Je pense que si on veut attirer des gens en politique québécoise, il faut que ce soit au moins l’équivalent», a ajouté Simon Jolin-Barrette.

«Une députée authentique, dévouée et passionnée»

Ému, le chef libéral intérimaire, Marc Tanguay, n’a pas tari d’éloges envers sa collègue. «C’est une députée authentique, dévouée et passionnée. (…) Ça aura été, à terme, un privilège pour moi de travailler avec Marwah», a-t-il affirmé.

«C’est une parlementaire unique: unique dans son style, dans sa substance, dans sa connaissance des dossiers, dans sa recherche profonde de chaque enjeu dont elle débat», a dit le député libéral André Fortin.

«La politique est exigeante dans toutes les sphères de nos vies. Il faut parfois prendre des décisions déchirantes. J’en profite pour la remercier pour son engagement envers le Québec. Je lui souhaite beaucoup de bonheur en famille», a écrit le premier ministre François Legault sur X.

«Quand tu fais le choix d’une carrière et que tu fais le choix d’avoir une famille en même temps, c’est très très très difficile», a affirmé la ministre des Transports, Geneviève Guilbault.

«J’ai toujours eu beaucoup de respect et beaucoup d’estime pour Marwah et son travail. (…) Conjuguer famille et engagement politique n’est pas de tout repos, surtout lorsqu’on le fait avec autant de sincérité et d’intensité que Marwah Rizqy», a écrit le chef péquiste Paul St-Pierre Plamondon, sur X.

«Tous les partis politiques auraient aimé avoir une femme du calibre de Marwah Rizqy dans son équipe et on ne fait pas exception», a dit le chef parlementaire de Québec solidaire, Gabriel Nadeau-Dubois.

Il croit d’ailleurs que le départ de Mme Rizqy prouve la nécessité d’envisager un congé parental pour les élus de l’Assemblée nationale.

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