Protection contre le VRS offerte à tous les bébés au Québec et en Ontario cet automne

Nicole Ireland, La Presse Canadienne
Protection contre le VRS offerte à tous les bébés au Québec et en Ontario cet automne

TORONTO — Le Dr Noah Ivers se souvient qu’au début, il s’est dit que son bébé n’avait qu’un simple gros rhume. Mais lorsque le garçon a commencé à avoir du mal à respirer, il a dû être transporté d’urgence à l’hôpital.

Son nourrisson était en fait atteint du virus respiratoire syncytial, ou VRS, une maladie courante dont les symptômes sont souvent bénins chez les enfants et les adultes. Mais chez les nourrissons et les personnes âgées, le VRS est une cause majeure d’infections graves des voies respiratoires inférieures, qui peuvent mener à une hospitalisation.

Malgré ses connaissances médicales, le Dr Ivers a déclaré que voir son bébé avec un masque à oxygène lui donnait un sentiment d’impuissance. «Le mieux qu’on pouvait faire à ce moment-là, c’était de le serrer dans nos bras et d’espérer», explique le Dr Ivers, qui est à la fois médecin de première ligne et chercheur au «Women’s College Hospital» de Toronto.

Cet épisode s’est produit il y a environ neuf ans, a-t-il dit, soulignant qu’il n’existe toujours aucun traitement antiviral contre le VRS. Il est donc essentiel de protéger les nourrissons contre les maladies graves.

Mais jusqu’à cette année, les bébés du Canada ne recevaient un médicament à base d’anticorps qui les protège contre le VRS grave que s’ils étaient nés prématurément ou s’ils présentaient d’autres facteurs de risque importants. Pendant des années, cet anticorps était le palivizumab, qui devait être administré tous les mois pendant la saison du VRS pour maintenir l’immunité.

Or, cet automne et cet hiver, l’Ontario, le Québec et le Nunavut offriront le nouvel anticorps monoclonal nirsevimab, approuvé par Santé Canada au printemps 2023, à tous les bébés qui traversent leur première saison de VRS. Contrairement au palivizumab, une seule dose de nirsevimab est nécessaire pour assurer une protection tout au long de l’automne et de l’hiver, lorsque le VRS circule le plus largement.

Bien qu’ils soient administrés par injection, le nirsevimab et le palivizumab ne sont pas des vaccins, qui incitent le système immunitaire de l’organisme à développer des anticorps et d’autres défenses contre un certain virus ou une certaine bactérie spécifique. Ces produits sont plutôt des anticorps déjà formés, qui confèrent une immunité passive contre les maladies graves causées par le VRS.

Programme universel recommandé

En mai dernier, le Comité consultatif national de l’immunisation a modifié ses lignes directrices pour recommander de «mettre en place un programme universel d’immunisation contre le VRS pour tous les nourrissons» au Canada en utilisant le nirsevimab, «compte tenu du fardeau de la maladie important que représente le VRS pour tous les nourrissons et de l’impact du VRS sur le système de santé canadien».

L’Ontario, le Québec et le Nunavut sont les premiers à adopter cette recommandation et à offrir gratuitement le nirsevimab à tous les nourrissons, une mesure que le docteur Ivers accueille favorablement «en tant que médecin de famille et aussi en tant que parent qui a vécu cette situation».

«S’il y a quelque chose que vous pouvez faire pour empêcher votre enfant d’être à bout de souffle et de le voir avec ses côtes qui se soulèvent et se dégonflent, et que vous le voyez avoir besoin d’un masque à oxygène – si vous avez quelque chose de simple à faire pour éviter ça, s’il vous plaît, profitez-en», dit-il.

Les autres provinces et territoires n’ont pas annoncé de programme universel d’anticorps contre le VRS pour cette année. Selon leurs sites Web, plusieurs continuent d’offrir le palivizumab, mais seulement aux prématurés et autres nourrissons à haut risque.

En Ontario, «tous les nourrissons jusqu’à 12 mois et les enfants jusqu’à 24 mois qui présentent un risque élevé de maladie grave due au VRS sont admissibles à la vaccination», indique le site Web du ministère provincial de la Santé.

Le docteur Ivers précise qu’à partir de ce mois, les hôpitaux de l’Ontario offriront le nirsevimab aux nouveau-nés. Les médecins peuvent également administrer l’injection aux nourrissons en même temps que leurs vaccins de routine à l’âge de deux et quatre mois, a-t-il déclaré.

Au Québec, tous les nourrissons nés le 2 avril ou plus tard cette année seront admissibles au nirsevimab, selon le site Web. On ne sait pas exactement à quel moment les injections seront disponibles dans cette province.

Les bébés plus âgés qui présentent des problèmes de santé qui les exposent à un risque plus élevé de maladie grave due au VRS, notamment la fibrose kystique, les maladies pulmonaires et cardiaques, pourront également recevoir du nirsevimab au cours de leur deuxième saison de VRS au Québec.

Bien que les nourrissons nés prématurément présentent un risque plus élevé de tomber gravement malades à cause du VRS, ce sont les nourrissons nés à terme qui ont constitué la majorité des hospitalisations chaque saison, rappelle le docteur Ivers, qui n’a déclaré aucune affiliation ou lien financier avec les fabricants des anticorps monoclonaux.

Il souligne par ailleurs que le traitement préventif contre le VRS soulagera aussi le système de santé dans son ensemble pendant cette saison de virus respiratoire divers, comme la grippe saisonnière et la COVID-19.

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