L’ingérence étrangère a des effets dissuasifs sur les Canadiens d’origine chinoise

Jim Bronskill, La Presse Canadienne
L’ingérence étrangère a des effets dissuasifs sur les Canadiens d’origine chinoise

OTTAWA — Une ancienne politicienne provinciale albertaine affirme que tout le battage médiatique sur l’ingérence étrangère dissuade des Canadiens d’origine chinoise de briguer des fonctions électives ou même de faire des contributions aux candidats.

Teresa Woo-Paw, qui a siégé à l’Assemblée législative de l’Alberta de 2008 à 2015, a affirmé mercredi devant la commission d’enquête Hogue que tous les Canadiens devraient s’inquiéter de l’ingérence étrangère dans les processus électoraux et les institutions démocratiques.

Elle a souligné que des membres de la communauté chinoise renonçaient à se présenter aux élections parce qu’ils ne voulaient pas que leur loyauté soit publiquement mise en doute.

Mme Woo-Paw, présidente de la Fondation canadienne des relations raciales depuis 2018, a affirmé à la commission qu’un «certain nombre de personnes» lui avaient fait part de leurs ambitions à occuper des fonctions publiques. «Mais presque toutes disent: ‘ce n’est pas le moment’», a-t-elle témoigné.

Selon elle, ces appréhensions auront un impact générationnel, car moins de Canadiens d’origine chinoise seront élus à des fonctions publiques. Elle a ajouté que certains craignaient également d’être accusés d’essayer d’intervenir dans une élection s’ils faisaient un don à la campagne d’un candidat, ou même de vouloir lui nuire.

Mme Woo-Paw fait partie des membres de la communauté chinoise qui sont venus témoigner devant la commission Hogue des effets pervers de tout le battage médiatique sur l’ingérence étrangère.

Des fuites anonymes dans les médias de documents de renseignement sur une prétendue ingérence chinoise dans les processus électoraux canadiens ont poussé des Canadiens à exiger la tenue de cette enquête fédérale, présidée par la juge Marie-Josée Hogue, de la Cour d’appel du Québec

Wawa Li, une étudiante montréalaise, a déploré mercredi devant la commission une certaine fixation sur l’ingérence étrangère, alimentée par les autorités et des politiciens opportunistes, ce qui a conduit à un sentiment d’hystérie au sein de la population.

«Je suis contre l’ingérence étrangère et j’espère que le gouvernement prendra des mesures s’il y en a, mais pas aux dépens de la communauté», a-t-elle déclaré.

Les dernières audiences de la commission d’enquête se concentrent sur la détection, la dissuasion et la lutte contre l’ingérence étrangère.

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