MONTRÉAL — Les problèmes de santé mentale sont de deux à trois fois plus prévalents au sein de l’industrie de la musique qu’au sein de la population en général, prévient une firme spécialisée qui vient de lancer une vaste enquête pancanadienne sur le sujet.
L’initiative a été annoncée lors du récent gala de la SOCAN à Toronto par Le Fonds Unison, la SOCAN et le cabinet de conseil Revelios, un spécialiste de l’industrie de la musique.
«Malgré l’impact culturel et économique important de l’industrie musicale canadienne, les problèmes de santé mentale qui affectent ses membres sont souvent ignorés», a estimé la présidente de Revelios, Catherine Harrison.
«La plupart des données existantes proviennent des États-Unis, du Royaume-Uni, de l’Europe et de l’Australie, et plutôt que de faire des suppositions à partir des données d’autres pays et de les appliquer à l’expérience canadienne, nous voulons entendre nos propres membres.»
La compréhension des défis propres au contexte canadien laisse donc à désirer, a-t-elle ajouté.
Le projet, a-t-on expliqué, «vise à créer un environnement plus sain et plus solidaire pour tous les membres de l’industrie». On souhaite sensibiliser les artistes et autres professionnels de la scène musicale canadienne aux problèmes de santé mentale, mais aussi recueillir des données exhaustives sur la réalité démographique et l’expérience vécue de nos jours dans l’industrie.
«On espère que le sondage suscitera un changement culturel et un changement des mentalités pour déstigmatiser les problèmes de santé mentale», a dit Mme Harrison.
À terme, on espère que l’étude permettra d’améliorer la littératie en santé mentale et de promouvoir les comportements sains dans l’industrie; de renforcer la réputation et la responsabilité sociale des organisations participantes; de susciter un changement culturel pour déstigmatiser les problèmes de santé mentale; et de générer des retombées économiques liées à une main-d’œuvre résiliente et florissante.
«Il y a une façade de « glamour » et de plaisir à l’industrie de la musique, a dit Mme Harrison. On pense que tout est facile, les galas, les tapis rouges, les concerts… Mais c’est un travail difficile et précaire. La plupart des musiciens et des techniciens travaillent complètement à l’envers du reste de la société. Et si on ne comprend pas leurs enjeux de santé mentale, on ne peut pas leur offrir les bonnes ressources.»
Les artistes, a-t-elle rappelé, «ressentent tout profondément, le bien comme le mal», et on se demande si cela peut avoir un impact sur leur santé mentale.
Mais d’un autre côté, ce sont aussi des gens qui travaillent dix heures par jour, habituellement tous les samedis soirs, qui ratent souvent les grands événements familiaux comme les mariages ou les funérailles, et dont l’alimentation ne sera pas nécessairement optimale.
«On se demande si ce sont tous ces facteurs physiques, mentaux et sociaux qui finissent par avoir un impact», a dit Mme Harrison.
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