Deux décès confirmés dans l’incendie d’un édifice du Vieux-Montréal

Frédéric Lacroix-Couture, La Presse Canadienne
Deux décès confirmés dans l’incendie d’un édifice du Vieux-Montréal

MONTRÉAL — L’incendie suspect qui a ravagé un édifice centenaire du Vieux-Montréal au cours de la nuit de jeudi à vendredi a fait deux morts, a confirmé le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM).

Les corps ont été retrouvé et extirpé des décombres vendredi soir, affirme le SPVM. L’identité et le sexe des victimes est inconnue et l’enquête se poursuit, a précisé Manuel Couture, porte-parole du SPVM.

Plus tôt vendredi, une source policière qui s’est exprimée à la condition de garder l’anonymat parce qu’elle n’était pas autorisée à parler publiquement a confié qu’au moins deux personnes ont péri dans l’incendie. En conférence de presse, les représentants du Service de police de la Ville de Montréal n’avaient toutefois pas voulu confirmer le nombre de victimes.

Le feu s’est déclaré vers 2 h 40 dans un édifice de trois étages situé sur la rue Notre-Dame Est, près de la rue Bonsecours, et a nécessité un important déploiement de pompiers dans le secteur vendredi.

Plusieurs personnes ont pu sortir indemnes de l’immeuble qui abrite un restaurant au rez-de-chaussée et un hôtel de 19 chambres aux deuxième et troisième étages. La Croix-Rouge s’est rendue sur les lieux pour offrir son aide aux sinistrés.

Deux personnes ont été blessées, dont une qui a dû être hospitalisée, a indiqué l’inspecteur du SPVM David Shane.

«Malheureusement, on s’attend à des décès», avait-il affirmé en point de presse vendredi après-midi. Il avait précisé du même souffle ne pas être mesure de confirmer leur nombre ni leur identité à ce moment.

«Les recherches se poursuivent afin de déterminer avec exactitude le nombre de personnes qui étaient présentes dans l’immeuble au moment du déclenchement de l’incendie», avait ajouté l’inspecteur.

Un centre d’aide aux victimes et aux familles a été mis en place. Les personnes qui croient que l’un de leur proche aurait pu se trouver dans le bâtiment et qui manque à l’appel peuvent contacter le 514-280-1294.

Au cours des prochains jours, les pompiers vont poursuivre leur travail pour que les enquêteurs puissent œuvrer en sécurité. Suivra une fouille pour retrouver d’éventuelles victimes.

Une «scène très chaotique»

Les premiers pompiers qui sont arrivés sur les lieux «ont fait face à un incendie très important émanant du rez-de-chaussée», a relaté le chef de division du Service de sécurité incendie de Montréal (SIM), Martin Guilbault, en point de presse.

Le SIM a déclenché une alarme générale pour combattre le brasier, ce qui a entraîné le déploiement d’environ 125 pompiers et la mise en place d’un large périmètre de sécurité.

En début d’intervention, deux sauvetages ont été réalisés avec des échelles portatives et aériennes. Plus de deux heures après le déclenchement de l’incendie, un effondrement partiel à l’intérieur du bâtiment est survenu, a détaillé M. Guilbault.

Il a parlé d’une «scène très chaotique ce matin», comme cela arrive souvent dans les premiers moments d’une intervention. Aucun blessé parmi les intervenants n’a été rapporté pour l’instant.

Selon le rôle d’évaluation foncière de la Ville de Montréal, l’immeuble, construit en 1923, appartiendrait à Emile Benamor, qui possédait aussi le bâtiment patrimonial de la place D’Youville qui a été ravagé par un incendie en mars 2023. Ce brasier avait fait sept victimes.

Au printemps 2023, le propriétaire de l’édifice avait reçu des mises en demeure pour l’absence d’un système d’alarme incendie et d’avertisseurs de fumée. Au printemps 2024, ces non-conformités avaient été corrigées et le SIM jugeait l’installation comme sécuritaire, a affirmé M. Guilbault.

Questionné sur des informations selon lesquelles des chambres de l’hôtel étaient sans fenêtres, il a déclaré qu’«aucun indice» ne laisse croire actuellement que ce serait le cas.

Des reportages du Journal de Montréal et du Devoir en mars 2023 avaient révélé que des chambres de ce lieu d’hébergement, qui serait une auberge de jeunesse, contrevenaient à certaines normes en vigueur, ne comportant aucune fenêtre ni sortie de secours, en plus de l’absence de gicleur.

Une «situation déplorable»

La mairesse de Montréal, Valérie Plante, s’est désolée de voir l’histoire se répéter avec le même propriétaire, plus d’un an après l’incendie de la place D’Youville.

«C’est une situation qu’on trouve absolument déplorable, qu’on ne souhaiterait jamais qu’il y ait ce genre de situation deux fois en deux ans», a-t-elle déclaré en point de presse vendredi après-midi.

Elle a refusé de prendre les questions des journalistes sur place.

Si l’événement de vendredi partage des similitudes avec celui de mars 2023, la différence cette fois-ci est «tout le travail qui a été fait par le Service des incendies de la Ville de Montréal au niveau de la conformité», a souligné Mme Plante.

L’enquête du SPVM a été prise en charge par sa section des crimes majeurs, qui travaille avec le module des incendies criminels. Une structure d’enquête spéciale, FILET 4, a été mise en place. De telles mesures sont prises lorsque des ressources extraordinaires sont nécessaires, a expliqué M. Shane.

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