Les Canadiens d’origine palestinienne sont constamment inquiets après un an de guerre

Fakiha Baig, La Presse Canadienne
Les Canadiens d’origine palestinienne sont constamment inquiets après un an de guerre

Des Canadiens d’origine palestinienne sont dans un état d’inquiétude constant depuis le 7 octobre 2023, lorsqu’une attaque transfrontalière du Hamas a tué 1200 Israéliens et a pris plus de 250 personnes en otage.

En réponse, Israël a déclaré la guerre au Hamas à Gaza, et le conflit sévit depuis.

Fedaa Nassar affirme que chaque fois qu’elle entend le téléphone sonner au cours de la dernière année, elle est submergée par l’anxiété.

«Je déteste les appels téléphoniques maintenant», dit la technicienne de laboratoire de 34 ans, dans un hôpital de la région d’Ottawa.

Elle craint que la personne à l’autre bout du fil lui annonce que son père, sa mère, son frère et ses deux sœurs sont morts dans la bande de Gaza.

Son sommeil est agité, raconte-t-elle. «Je me réveille trois à quatre fois pendant la nuit pour vérifier s’ils sont toujours en vie ou non.»

Mme Nassar a immigré au Canada depuis le territoire palestinien assiégé en 2018.

Depuis le début de la guerre actuelle entre Israël et le Hamas, plus de 41 000 Palestiniens ont été tués dans le territoire, et les responsables locaux de la santé ont déclaré qu’un peu plus de la moitié des morts étaient des femmes et des enfants. Il y a eu des bombardements, des maladies et des famines.

La guerre a récemment été suivie d’une escalade de la violence dans d’autres régions du Moyen-Orient, notamment entre Israël et le groupe militant Hezbollah au Liban.

Mme Nassar dit que ses proches à Gaza ont été déplacés sept fois au cours des 12 derniers mois. La maison pour laquelle ils ont passé leur vie à économiser a disparu.

Elle a également perdu des amis, affirme-t-elle, dont une qui a disparu sous l’un des centaines d’immeubles rasés pendant la guerre.

«Mon amie et ses deux fils (sont) toujours sous les décombres», a raconté Mme Nassar, en larmes.

«Elle a été écrasée sous un immeuble de cinq étages.»

Un processus fastidieux

Reem Sultan, pharmacienne et Palestinienne-Canadienne vivant à London, en Ontario, dit que le stress de ne pas savoir si sa famille survivra est paralysant.

«Le 7 octobre nous a changés. Parfois, la vie que j’avais avant le 7 octobre me manque… et je ne pense pas que nous pourrons revenir en arrière», confie-t-elle.

«Vous essayez d’agir normalement, alors que rien n’est normal à l’intérieur de vous. J’ai dû compter sur des médicaments pour m’aider à dormir.»

Elle dit avoir également perdu de nombreux êtres chers au cours de la dernière année, notamment un cousin qui allait chercher une couverture pour sa fille pour l’hiver lorsqu’il a été tué dans un bombardement.

«Dans notre famille immédiate, il y a plus de 20 orphelins», déclare Mme Sultan. Elle a appris la mort d’un autre cousin aux nouvelles.

«(Il) y avait un corps non identifié dans la rue, et j’ai reconnu mon cousin.» Mme Sultan dit qu’il lui incombait d’informer ses proches à Gaza et au Canada de sa mort.

Mme Nassar et Mme Sultan ont essayé de faire venir leurs proches de Gaza au Canada grâce à un programme de visa spécial, mais ils disent que c’est trop complexe.

Ayman Oweida est également frustré par le programme.

Le résident de Sherbrooke indique qu’il a commencé à essayer de faire venir au Canada deux de ses oncles de Gaza lorsque le programme a été lancé en janvier.

Les oncles ont pu traverser la frontière vers l’Égypte et ils attendent toujours. M. Oweida affirme que l’un d’eux a reçu un code pour un visa de résident temporaire du Canada il y a deux mois, tandis que l’autre est parti en Oman.

M. Oweida dit qu’il ne sait pas ce qui retarde le processus.

«Ce n’est pas que ces demandeurs sont rejetés. C’est juste qu’ils sont dans l’incertitude», soutient-il.

Rana Nassrawi a fait partie du premier groupe de Canadiens à évacuer Gaza. La Palestinienne-Canadienne est partie avec ses deux fils après le début de la guerre, mais ses frères et sœurs ainsi que ses parents âgés sont restés sur place.

Elle a également essayé de faire venir des membres de sa famille au Canada, mais elle indique que le processus de demande est presque impossible à mener à bien. Elle a dit ressentir un sentiment d’impuissance.

«Chaque nuit, j’essaie de dormir, mais je pense que leur nuit est différente de la nôtre», explique Mme Nassrawi depuis sa maison de Mississauga, en Ontario.

«Je mets mes enfants au lit, et je sais qu’ils pourraient mettre leurs enfants au lit, mais ne plus jamais les revoir si un bombardement se produisait à l’endroit où ils se trouvent. Chaque aliment que vous mangez, vous vous dites simplement : « Oh, si seulement je pouvais le partager avec eux ».»

« C’est un sentiment très dur.»

— Avec des informations de Joe Bongiorno, à Montréal

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