Harris enchaîne les confidences personnelles dans les médias pour séduire les indécis

Zeke Miller et Chris Megerian, The Associated Press
Harris enchaîne les confidences personnelles dans les médias pour séduire les indécis

Kamala Harris a voulu aider les électeurs à mieux la connaître avec une cascade d’apparitions dans les médias mardi, mais l’impression la plus durable a peut-être été sa réticence à rompre avec Joe Biden.

Interrogée sur «The View» d’ABC sur la façon dont elle serait différente du président sous lequel elle a servi pendant quatre ans, Mme Harris a déclaré qu’ils sont «évidemment deux personnes différentes» et qu’elle apporterait «ces sensibilités à la façon dont [elle] dirige».

Cependant, elle n’a pas été en mesure d’identifier une décision où elle aurait pris une autre voie que celle du président. «Il n’y a rien qui me vienne à l’esprit», a indiqué la candidate démocrate et vice-présidente de M. Biden.

L’échange résume la lutte de Kamala Harris pour se présenter comme une candidate capable d’apporter le changement auquel les électeurs aspirent, tout en restant fidèle à l’administration actuelle.

Certains assistants de Mme Harris ont grimacé en privé lorsque des républicains joyeux ont rapidement diffusé des extraits de sa réponse et que Donald Trump l’a critiquée dans un message sur les réseaux sociaux, affirmant qu’il s’agit de «sa réponse la plus stupide jusqu’à présent».

Ce n’est que plus tard dans l’émission que la candidate a nommé quelque chose qu’elle ferait différemment de Joe Biden – elle mettrait un républicain dans son cabinet.

La candidate démocrate a affirmé qu’elle accueillerait favorablement les contributions de l’autre parti «parce que je ne me sens pas concernée par le fait de laisser l’orgueil faire obstacle à une bonne idée».

L’entrevue a rappelé que les lieux médiatiques amicaux – les femmes de «The View» étaient presque ravies d’accueillir Mme Harris – peuvent être aussi traîtres à naviguer pour les politiciens que les interrogatoires journalistiques durs. Et cela s’est produit à un moment délicat pour la démocrate, dont le cortège l’a emmenée de studio en studio à New York mardi.

Même si sa campagne écourtée et inattendue pour la présidence est déjà à moitié terminée, Kamala Harris se démène toujours pour se présenter aux électeurs qui n’ont pas encore pris de décision à son sujet ou qui ne savent pas encore s’ils voteront ou non lors des élections de cette année.

Un changement radical

Après «The View , elle a parlé à l’animateur de radio Howard Stern et a prévu d’enregistrer une émission avec l’humoriste de fin de soirée Stephen Colbert. Ces trois apparitions ont eu lieu après que Mme Harris ait accordé des entrevues à «60 Minutes» de CBS, diffusée lundi soir, et au balado d’Alex Cooper «Call Her Daddy», diffusé dimanche.

Il s’agit d’un blitz médiatique kaléidoscopique destiné à atteindre des groupes démographiques clés, des hommes qui sont des admirateurs de longue date d’Howard Stern aux jeunes femmes qui suivent les conversations franches d’Alex Cooper sur le sexe et les relations.

La décision de Mme Harris de s’ouvrir est un changement radical après avoir largement évité les entrevues depuis qu’elle a remplacé Joe Biden en tête du ticket démocrate, et c’est une reconnaissance du fait qu’elle doit faire plus pour vaincre Donald Trump.

«Je trouve cela immodeste de parler de moi», a confié la candidate à Howard Stern, avant d’ajouter: «Un de mes amis m’a dit: « Écoute, ce n’est pas le moment de te soucier de la modestie, il est évident que tu dois faire savoir aux gens qui tu es. »»

À la fin de l’entrevue, Mme Harris avait, selon ses critères, dévoilé son âme. Quelques exemples: Elle a mangé un paquet familial de Doritos après la victoire de Donald Trump sur Hillary Clinton. Elle s’entraîne tous les jours sur un vélo elliptique. Son premier emploi a été de nettoyer des tubes à essai dans le laboratoire de sa mère, et elle a été renvoyée.

Un besoin de s’identifier au candidat

Anna Greenberg, une sondeuse démocrate, a estimé que Kamala Harris doit dynamiser les gens qui ont délaissé la politique parce qu’ils croient que «tous les politiciens sont les mêmes, ils disent tous la même chose, ils ne savent rien de ma vie, je ne peux pas du tout m’identifier à eux».

Mme Harris a profité de son apparition mardi dans «The View» pour discuter de sa proposition de faire en sorte que Medicare couvre les soins à domicile pour les personnes âgées, contribuant ainsi à alléger le fardeau auquel sont confrontées un nombre croissant de familles.

«Il y a tellement de gens dans notre pays qui sont en plein milieu, a-t-elle insisté. Ils prennent soin de leurs enfants et de leurs parents vieillissants.»

Elle a parlé de s’être occupée de sa propre mère alors qu’elle était en train de mourir d’un cancer, notamment en cuisinant pour elle et en choisissant des vêtements doux qui ne l’irriteraient pas. Et elle a critiqué Donald Trump comme étant égoïste et peu intéressé à aider les Américains. Si vous regardez ses rassemblements remplis de griefs, a-t-elle dit, «il ne parle pas de ce dont vos parents ont besoin, de ce dont vos enfants ont besoin.» Au lieu de cela, «il parle de ses besoins», a argué la candidate.

Le stratège en communication républicain Kevin Madden a déclaré que définir Harris aux yeux des électeurs est le défi central de la campagne.

La notoriété de Kamala Harris a augmenté lorsqu’elle est devenue vice-présidente, mais 1 personne sur 10 a toujours déclaré ne pas en savoir assez sur elle pour avoir une opinion, selon un sondage AP-NORC. Les récents changements dans ses chiffres de popularité suggèrent que les opinions sur Mme Harris peuvent encore être quelque peu malléables.

D’autres sondages ont des résultats similaires. Un quart des électeurs potentiels ont déclaré qu’ils ressentent toujours le besoin d’en savoir plus sur la candidate démocrate, selon un sondage New York Times/Siena College réalisé après son débat contre M. Trump, tandis qu’environ les trois quarts disent qu’ils savent déjà à peu près ce qu’ils doivent savoir sur elle.

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Megerian a fait son reportage depuis Washington. Le journaliste de l’Associated Press Linley Sanders, à Washington, a contribué à cette dépêche.

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