Le ministère de l’Enseignement supérieur a récemment fait savoir aux 48 cégeps publics de la province que les sommes qu’ils peuvent investir dans leurs institutions étaient revues à la baisse. Au Cégep Saint-Jean-sur-Richelieu, il s’agit d’un manque à gagner de 1,6 M$. Cette annonce a pris l’administration par surprise, elle qui doit, entre autres, jongler avec une population étudiante grandissante, mais aussi avec un parc immobilier qui se fait vieillissant.
L’annonce faite par la ministre de l’Enseignement supérieur, Pascale Déry, a créé une onde de choc dans le milieu collégial.
« C’est une lettre qui a été envoyée en juillet. On n’avait pas du tout été informés préalablement de cette annonce. On a été très surpris, sous le choc et, pas longtemps après, très préoccupés par rapport à ce changement qui est quand même significatif », détaille Nathalie Beaudoin, directrice générale du Cégep Saint-Jean-sur-Richelieu.
Pour l’année en cours, Alexandre Duval, directeur des Services administratifs du cégep, explique qu’un budget de 3 249 000$ était autorisé pour le volet immobilier et 1 348 000$ pour le volet matériel, soit un total de 4 597 000$.
Après l’annonce du ministère de l’Enseignement supérieur, M. Duval mentionne que le total des sommes autorisées pour ces volets a été réduit pour ne représenter qu’environ 65% des montants initialement prévus, soit près de 2 999 000$. L’enveloppe a ainsi été réduite de 1 598 000$.
Planification
Malgré le changement de cap imposé par la ministre Déry, le cégep de Saint-Jean, « n’a pas abandonné de projets. Par contre, il a fallu en mettre certains sur pause, les décaler dans le temps. Il faut voir si la situation va persister dans les prochaines années ou pas, car ça pourrait avoir des impacts sur les projets en question », soutient M. Duval.
Mme Beaudoin dit quant à elle comprendre que le gouvernement fait face à des contraintes financières, mais elle évoque que depuis plusieurs années, il est prévu que les cégeps connaissent une augmentation de leurs populations étudiantes. Les établissements doivent s’ajuster en conséquence.
Bien que le cégep de Saint-Jean trouve souvent des façons innovantes pour autofinancer certains de ses projets, « on ne peut pas arriver avec un nouveau service autofinancé en plein milieu d’une année. C’est toute une planification », souligne Mme Beaudoin.
Risques
La diminution des enveloppes d’investissement destinées aux cégeps fait en sorte qu’il est plus difficile pour les directions d’établissement de pouvoir maintenir en bon état les immeubles qu’elles gèrent, notamment lorsque ceux-ci datent d’une certaine époque, comme c’est le cas du cégep de Saint-Jean. En avril dernier, le journal révélait que le cégep avait un déficit de maintien des actifs de 23,3 M$, faisant de lui le 10e cégep du Québec ayant le plus grand déficit.
« Le financement n’est pas à la hauteur des besoins […] et c’est ce qui crée un déficit du maintien des actifs […] Si on nous coupe notre possibilité de dépenser pour cette année et pour les années à venir, le déficit d’entretien va être encore pire. C’est ça qu’il faut comprendre », soulève Mme Beaudoin.
À court terme, le Cégep de Saint-Jean est convaincu de pouvoir jongler avec les restrictions imposées par la ministre Déry, mais à long terme, c’est une tout autre réalité.
« Ma plus grosse crainte, qui est partagée par la totalité du Cégep de Saint-Jean, mais également par l’ensemble des cégeps, c’est qu’à un moment donné, on soit dans l’obligation de refuser des candidats et candidates, ce qui aurait un impact direct sur notre économie provinciale à moyen terme », explique M. Duval.
Solutions
Malgré la situation inattendue avec laquelle les 48 cégeps publics du Québec doivent jongler, Nathalie Beaudoin a confiance que des solutions pourront être trouvées pour résoudre cet enjeu. D’étroites communications sont maintenues avec le ministère de l’Enseignement supérieur à ce sujet.
« Ce qu’on demande au Ministère, au gouvernement, c’est de revenir à la même situation que l’année passée. Même si on a un manque de financement, on réussit quand même à s’organiser à travers tout ça. Mais là, devant une telle annonce, c’est la quadrature du cercle », admet Mme Beaudoin.