L’adoption du PL68 saluée, mais les groupes de médecins identifient plusieurs oublis

Katrine Desautels, La Presse Canadienne
L’adoption du PL68 saluée, mais les groupes de médecins identifient plusieurs oublis

MONTRÉAL — L’adoption du projet de loi 68 — la Loi visant principalement à réduire la charge administrative des médecins — a été saluée par des groupes de médecins, mais ces derniers estiment que le gouvernement ne va pas assez loin.

Parmi les mesures phares, il y a le formulaire unique des assureurs privés destiné à uniformiser les documents que les médecins doivent remplir. Aussi, les services de professionnels de la santé pourront dorénavant être remboursés sans exiger un certificat médical.

De plus, finis les papiers du médecin pour un congé maladie au travail pouvant aller jusqu’à trois jours. Le médecin sera également celui qui décidera de la fréquence à laquelle il verra un patient en congé d’invalidité à moyen ou à long terme et non plus une compagnie d’assurance.

Rejoints par La Presse Canadienne, la Fédération des médecins omnipraticiens du Québec (FMOQ), le Collège des médecins (CMQ) ainsi que la Fédération des médecins spécialistes du Québec (FMSQ) ont tous indiqué que l’adoption du projet de loi 68 était un pas dans la bonne direction pour réduire la paperasse superflue que les médecins doivent remplir.

Les trois groupes affirment toutefois que cela est insuffisant. «Les mesures contenues dans le PL68 ne sont qu’une infime fraction de la tâche totale. Il reste beaucoup à faire. Notamment des formulaires gouvernementaux qui pourraient être assimilés à ceux des assureurs privés», a fait valoir par écrit la FMOQ.

«Tout en reconnaissant les effets positifs potentiels du Projet de loi sur l’accessibilité aux soins, nous estimons que les efforts pour réduire la charge administrative des médecins spécialistes doivent être beaucoup plus ambitieux», a exprimé de son côté la FMSQ dans un communiqué.

Le Collège des médecins abonde dans le même sens, soulignant d’emblée que les mesures prévues vont améliorer l’accès dans le réseau de la santé en laissant plus de temps aux médecins pour se consacrer aux patients. «Par ailleurs, nous sommes déçus que des mesures concrètes que nous avions proposées n’aient pas été retenues par les parlementaires, comme celle de créer un comité multipartite permanent responsable d’analyser régulièrement les mesures administratives imposées aux médecins ou à d’autres professionnels», indique le CMQ.

Il avait en effet suggéré lors des consultations particulières le mois dernier qu’un comité multipartite soit mis sur pied pour étudier la pertinence des formulaires. Il aurait pu les abréger, les fusionner et dans certains cas les abolir. «C’est pour faciliter la tâche du médecin, mais c’est encore bien plus. […] De faire en sorte que le parcours du patient ne devienne pas celui d’un parcours du combattant», avait alors commenté devant les élus le président du CMQ, Dr Mauril Gaudreault.

Le gouvernement calcule que les mesures du projet de loi 68 permettront de libérer 600 000 plages de rendez-vous par année.

La FMOQ ne partage pas cet avis. Elle mentionne que les tâches administratives représentent 25 % du temps des médecins, mais qu’à cela s’ajoute du travail effectué les soirs et la fin de semaine et «que les médecins de famille ne sont pas rémunérés pour ce travail».

En ce sens, la réduction de la paperasse ne se traduira pas nécessairement par du travail en clinique. «Au total on libérera très peu de temps convertissable en rendez-vous. De plus, un rendez-vous pour remplir un formulaire qui sera remplacé par un rendez-vous pour soigner, ça n’ajoute pas de nouveaux rendez-vous, mais rend la visite d’un médecin plus pertinente», explique par écrit la FMOQ.

D’autre part, la FMSQ s’inquiète que les ministères et bientôt Santé Québec n’appliquent pas les orientations de la nouvelle loi. «Si ce projet de loi retire aux médecins certaines tâches administratives, mais qu’en parallèle, les ministères continuent d’en introduire de nouvelles qui s’avèrent inutiles, il est utopique d’espérer qu’une véritable réduction du fardeau administratif s’opère», prévient la fédération qui représente les médecins spécialistes.

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