Bill Blair nie avoir eu connaissance des retards concernant un mandat d’espionnage

Laura Osman, La Presse Canadienne
Bill Blair nie avoir eu connaissance des retards concernant un mandat d’espionnage

OTTAWA — L’ancien ministre de la Sécurité publique, Bill Blair, nie avoir eu connaissance de retards dans l’approbation d’un mandat d’espionnage en 2021. Ce mandat contenait possiblement des références à certains membres de son propre gouvernement.

Une commission d’enquête sur l’ingérence étrangère a révélé qu’il avait fallu 54 jours pour que la demande de mandat du Service canadien du renseignement de sécurité (SCRS) soit approuvée par M. Blair.

Le délai moyen de traitement de telles demandes est de quatre à dix jours.

Michelle Tessier, directrice adjointe des opérations du SCRS pendant cette période, a déclaré à l’enquête qu’elle était frustrée par ce retard, mais qu’elle n’a pas d’inquiétude quant à une interférence ou une contestation de la part du cabinet du ministre.

Dans son témoignage, M. Blair — qui est maintenant ministre de la Défense nationale — a assuré que l’existence du mandat n’avait été portée à son attention que lorsqu’il a vu une entrée dans son agenda indiquant qu’il aurait besoin d’être informé d’une question confidentielle par le SCRS.

«Il a été indiqué sur mon calendrier que c’était pour un mandat, mais aucune information n’a été fournie dans un cadre non sécurisé sur l’objet de ce mandat», a assuré M. Blair à la commission lors de son témoignage vendredi.

Il n’a pas été au courant du contenu du mandat avant d’avoir reçu cet exposé, 54 jours après que le directeur du SCRS et le vice-ministre de la Sécurité publique lui ont demandé son autorisation. Il a approuvé la demande le même jour.

Un article paru dans le «Globe and Mail» et un avocat de l’enquête ont laissé entendre que le mandat concernait Michael Chan, un libéral influent et ancien ministre de l’Ontario. Les responsables fédéraux ont refusé de confirmer qui le SCRS espérait surveiller grâce au mandat, invoquant des préoccupations de sécurité nationale.

M. Blair a affirmé qu’il avait été informé de la question plusieurs mois avant que le SCRS ne lui demande d’approuver le mandat, mais qu’il n’avait aucune idée à ce moment-là de la direction que prenait l’enquête.

Cette semaine, l’ancienne chef de cabinet de M. Blair, Zita Astravas, a dû répondre à des questions pour savoir si elle avait tenté de retarder le mandat afin de protéger ses liens au sein du gouvernement et du parti libéral.

Le chef de cabinet du ministre a été informé de la situation 13 jours après la demande initiale d’approbation du ministre, mais M. Blair a maintenu qu’aucune information ne lui avait été transmise.

Il a aussi affirmé qu’il n’avait jamais eu de conflit d’intérêts quant à l’approbation du mandat, il ne savait simplement pas qu’il existait.

«Je ne peux pas approuver quelque chose dont je ne savais rien», a déclaré le ministre à l’enquête.

«Personne ne m’a suggéré qu’il y avait des difficultés à me soumettre ces questions de manière appropriée.» M. Blair a ajouté qu’il ne savait toujours pas pourquoi il avait fallu 54 jours pour que le mandat d’arrêt soit porté à sa connaissance.

Une fois qu’il a obtenu l’information, il a assuré qu’il n’avait partagé aucune information avec le premier ministre, le cabinet du premier ministre ou quiconque en dehors de la réunion d’information sécurisée.

La pandémie de COVID-19 a eu un impact majeur sur le flux d’informations dans son bureau, a expliqué M. Blair. Il s’appuyait presque entièrement sur des breffages verbaux à ce moment-là, car il n’était pas en mesure de recevoir des documents en toute sécurité à son domicile.

On ne sait pas si le SCRS ou le ministère de la Sécurité publique savaient que Bill Blair ne recevait pas d’informations écrites sur des renseignements confidentiels, car les avocats de la commission ont indiqué que les deux semblent avoir transmis au ministre des documents électroniques et imprimés qui, selon lui, ne lui sont jamais parvenus.

«Je n’avais aucune connaissance que ces informations m’étaient envoyées», a soutenu M. Blair lorsqu’on lui a présenté des exemples.

Les dernières audiences de la commission d’enquête portent sur la capacité des agences fédérales à identifier et à contrer les ingérences étrangères. Un rapport final devrait être publié d’ici la fin de l’année.

La ministre du Patrimoine, Pascale St-Onge, a également témoigné vendredi de l’importance d’une industrie médiatique solide lorsqu’il s’agit de lutter contre la désinformation dans les campagnes politiques. Elle a rappelé que les médias locaux sont particulièrement importants pour lutter contre la désinformation sur des candidats particuliers dans une élection.

La semaine prochaine, l’enquête devrait entendre l’actuel ministre de la Sécurité publique, Dominic LeBlanc, ainsi que le premier ministre Justin Trudeau et les principaux collaborateurs de son cabinet.

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