Patrimoine L’Acadie remporte un prix d’excellence 

Camille Vanderschelden  cvanderschelden@canadafrancais.com

Patrimoine L’Acadie remporte un prix d’excellence 
Louis Dulonpré était un maître de la peinture, considéré comme l'un des portraitistes les plus prolifiques de l'histoire du Québec.  (Photo : (Photo Le Canada Français - Kim Valiquette))

Les Amis de l’église patrimoniale de L’Acadie ont remporté le prix d’excellence du volet restauration du Conseil du patrimoine religieux du Québec, pour la restauration de deux toiles de Louis Dulongpré. Il aura fallu huit ans pour mener à bien cette restauration. Les tableaux, qui n’avaient pas quitté le presbytère de L’Acadie depuis 220 ans, peuvent désormais y être admirés dans toute leur splendeur d’origine.

Le prix d’excellence a été décerné aux Amis de l’église patrimoniale de L’Acadie (ou Patrimoine L’Acadie) lors du forum annuel du Conseil du patrimoine religieux du Québec (CPRQ) qui avait lieu à Rivière-du-Loup, le 19 septembre dernier. 

Au cœur de cette reconnaissance : la restauration de deux toiles de Louis Dulongpré, intitulées Saint-René et Marie au tombeau, exposées à l’église Sainte-Marguerite-de-Blairfindie. Le projet de réfection, de ses balbutiements au retour des toiles, aura pris huit ans à se réaliser. 

Le projet de L’Acadie était en lice pour le volet restauration avec le Calvaire d’Huberdeau, un site patrimonial situé dans les Laurentides. Le CPRQ a expliqué son choix par diverses raisons, comme le contexte de restauration avec le don généreux de feu le mécène Germain Godin, véritable amoureux de l’église.

Les deux tableaux, réalisés en 1802, sont aussi issus d’une époque charnière du peintre Louis Dulongpré lors de laquelle l’artiste quitte les codes propres au 18e siècle pour renouveler son esthétique. En outre, la collaboration de deux restauratrices de renom du Québec sur le projet, Anita Henry et Isabelle Hordequin, a été largement reconnue par le CPRQ.

Louis Dulongpré

L’artiste Louis Dulongpré est un Canadien français qui était d’abord issu du domaine musical et du théâtre. Il est d’ailleurs l’un des acteurs principaux derrière la création du Théâtre de société de Montréal en 1789. À la fin du 18e siècle, Louis Dulongpré se reconvertit dans la peinture et part se former aux États-Unis. 

Il revient au Québec avec ses savoir-faire et devient l’un des portraitistes les plus éminents de la province. Quelque 200 tableaux à thème religieux lui sont aujourd’hui attribués, dont trois tableaux qui étaient exposés à l’église Sainte-Marguerite-de-Blairfindie. L’un d’entre eux, qui ornait l’autel de l’église, a disparu entre 1802 et 1890. 

En septembre 1846, la foudre tombe sur l’église et entre par l’anneau de cette dernière. Un incendie se propage alors dans la chapelle de la Sainte-Vierge, où est exposé le tableau Marie au tombeau. La monographie paroissiale de l’Abbé Moreau fait état de cet épisode et décrit un miracle de la Sainte-Vierge qui aurait stoppé l’incendie, préservant ainsi la toile bien qu’elle ait été endommagée. 

Restauration

Une restauration maladroite de cette époque a donc été découverte sur le tableau Marie au tombeau par les deux restauratrices du projet récemment récompensé. Anita Henry, restauratrice de la toile, a retiré les repeintes pour mettre à jour ce qui n’avait jamais été vu auparavant : une profondeur dans le paysage, les instruments de la Passion ou encore des larmes sur le visage de la Vierge.  

En général, la restauration d’une œuvre vient la modifier minimalement. « Mais dans ce cas-ci, c’est comme si elle avait été repeinte entièrement ou presque », explique Marilou Desnoyers, porteuse du projet et historienne de l’art. « On a donc dégagé une œuvre qui était invisible à tous ! » poursuit-elle.

Les cadres des deux toiles, décrochées en 2021, étaient alors recouverts d’une peinture à l’huile blanche. Une inspection des encadrements a aussi permis de révéler des traces de noir d’assiette sous les ornements, une argile noire originaire du Mexique. Isabelle Hordequin, doreuse, a donc rendu aux cadres leurs couleurs d’origine avec une peinture de couleur noire et de l’or double 22 carats. 

Financement 

La restauration n’aurait pas été possible sans le généreux don de 25 000$ de feu le mécène Germain Godin aux Amis de l’église patrimoniale de l’Acadie. M. Godin était un citoyen très impliqué dans la communauté de L’Acadie et dans la valorisation de son patrimoine religieux. 

Si son don ne concernait que la restauration du tableau Marie au tombeau, c’est une subvention de 63 000$ du CPRQ qui a permis d’inclure le Saint-René dans le projet de restauration. Cette aide financière couvrait 80% de la restauration, permettant à Patrimoine L’Acadie d’investir les 20% restants. 

Le projet s’est dessiné dès 2015, lors de la création de l’organisme Patrimoine L’Acadie. En 2021, après le don des toiles par la Ville à l’organisme et la validation des fonds nécessaires à la restauration, les tableaux quittent l’église pour la première fois depuis 220 ans. Ils reviendront orner les chapelles deux ans plus tard, dans leur état d’origine, deux semaines avant les funérailles de M. Godin.

Patrimoine 

Les tableaux Saint-René et Marie au tombeau sont les premiers tableaux du presbytère de L’Acadie à être rénovés. Ils étaient aussi les seules toiles en lice pour le volet restauration du prix d’excellence du CPRQ. Le processus de restauration a été consigné dans une vidéo documentaire réalisée en compagnie des acteurs du projet. Cette dernière peut être visionnée sur la page Facebook Patrimoine L’Acadie.

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