MONTRÉAL — Un ancien membre des Forces armées canadiennes poursuit le gouvernement fédéral pour près de 3 millions $, alléguant un traitement inéquitable après avoir signalé l’assassinat de civils pendant la guerre en Afghanistan.
La plainte déposée le 8 octobre devant la Cour supérieure du Québec affirme que l’ancien sergent Claude Lepage, qui a passé 22 ans dans les Forces armées canadiennes, a vu des soldats canadiens exécuter un homme non armé et bombarder des résidences civiles entre 2005 et 2008.
M. Lepage, un ancien membre d’une unité de forces spéciales connue sous le nom de «Joint Task Force 2», soutient avoir signalé l’exécution à son supérieur hiérarchique, mais prétend que l’enquête interne qui a suivi n’a pas pris l’allégation au sérieux.
Il affirme avoir été témoin à plusieurs autres occasions de civils afghans non armés tués par des membres de l’armée du Canada et d’autres pays.
Selon la plainte, M. Lepage a été contraint en 2008 de rentrer au Canada sans explication, un jour après avoir fait savoir à un colonel qu’il ne voulait plus participer à des missions susceptibles d’entraîner «la mort non accidentelle de personnes non armées ou de civils afghans».
Il dit qu’il a été expulsé de l’unité et que son salaire a été réduit de moitié, tout cela parce qu’il a tenté de dénoncer l’«agressivité» à l’égard des civils afghans. Il a dû prendre une retraite anticipée en 2012 pour des raisons médicales.
Il a appris plus tard qu’il avait été officiellement rapatrié en raison d’une «blessure de stress opérationnel», selon une note d’information de 2009 mentionnée dans l’action en justice.
«Ayant été forcé de prendre sa retraite des Forces armées canadiennes en raison du traitement injuste et discriminatoire de son cas, M. Lepage demande des dommages-intérêts, car le processus de libération médicale obligatoire a fait l’objet d’une faute grave, de discrimination, de stigmatisation et de négligence de la part du gouvernement fédéral», peut-on lire dans la poursuite.
Il réclame environ 2,9 millions de dollars en dommages et intérêts et en frais juridiques.
Ses allégations n’ont pas été prouvées devant les tribunaux.
Le ministère de la Défense nationale n’était pas disponible pour commenter ce dossier mercredi.