Il faut accroître la productivité au Canada, estime la première ministre Smith

Amanda Stephenson, La Presse Canadienne
Il faut accroître la productivité au Canada, estime la première ministre Smith

CALGARY — La première ministre de l’Alberta estime que la crise de productivité économique au Canada ne peut être résolue que si les gouvernements fédéral et provinciaux s’unissent pour s’attaquer à des problèmes tels que l’approbation de grands projets et les barrières commerciales interprovinciales.

«Tous les gouvernements, à tous les niveaux du pays, doivent aller dans la même direction», a dit Danielle Smith à Calgary lors d’une conférence nationale sur la productivité. Ce terme décrit la quantité de production d’une économie par heure travaillée.

«Il y a trop d’obstacles réglementaires, trop de paperasse, trop de barrières à la libre circulation des biens, des services et de la main-d’œuvre, et, avouons-le, il y a trop d’impôts.»

La conférence, organisée par l’École de politiques publiques de l’Université de Calgary, a attiré des économistes influents de tout le pays ainsi que les ministres des Finances de plusieurs provinces.

Le retard du Canada en matière de productivité a été évoqué par dIfférents acteurs ces derniers mois.

Plus tôt cette année, la première sous-gouverneure de la Banque du Canada, Carolyn Rogers, a parlé d’«urgence». Elle affirmait qu’en 2022, la productivité canadienne était de 71 % de celle des États-Unis et que le Canada était à la traîne par rapport aux autres pays du G7.

Selon les données de Statistique Canada, la productivité des entreprises canadiennes a diminué de 0,6 % au cours des cinq dernières années, tandis que la productivité américaine a augmenté de 10,1 % durant de la même période.

Un rapport de l’École de politiques publiques de l’Université de Calgary montre que le niveau de productivité du Canada est 12 % inférieur à celui du Royaume-Uni, 20 % inférieur à celui de la France et 32 % inférieur à celui des États-Unis.

Chris Ragan, professeur agrégé de macroéconomie à l’Université McGill, a affirmé que cette situation est problématique, car la productivité est le meilleur moyen d’assurer la croissance des emplois et des salaires tout en réduisant le risque d’inflation.

«Les salaires des travailleurs peuvent être plus élevés, les profits des entreprises plus élevés et les prix plus bas pour les consommateurs», a expliqué M. Ragan lors de la conférence à Calgary.

«Toutes ces choses sont généralement générées par la croissance de la productivité.»

L’Alberta affiche la productivité économique la plus élevée de toutes les provinces canadiennes, grâce à son secteur pétrolier et gazier qui, avec les services publics et l’exploitation minière, a l’un des niveaux de productivité les plus élevés de tous les secteurs industriels.

Mais la productivité du secteur pétrolier et gazier a diminué en moyenne de 0,5 % par année depuis 2019, selon un récent rapport des Services économiques TD.

La première ministre Smith a estimé mercredi au sommet de Calgary que ce secteur, comme d’autres au Canada, a souffert de trop nombreux obstacles réglementaires et de lourdeurs administratives, ainsi que de trop nombreuses barrières à la libre circulation des biens et des services entre les provinces et territoires.

«Le capital bouge. Il va là où il peut obtenir les rendements les plus élevés et les plus sûrs, et le Canada est de plus en plus considéré comme un investissement risqué», a-t-elle noté, citant comme exemples les projets d’oléoducs annulés Énergie Est et Northern Gateway.

«Le chemin qui mène du prospectus au profit n’est plus clair et certain.»

Martha Hall Findlay, une ancienne députée libérale qui est maintenant directrice de l’École de politiques publiques de l’Université de Calgary, a estimé que, plutôt que de mettre des barrières sur la voie de l’industrie pétrolière et gazière, le Canada devrait investir dans des technologies comme le captage et le stockage du carbone pour s’assurer qu’il puisse augmenter sa production et réduire ses émissions en même temps.

De plus, elle juge que le temps nécessaire pour que les grands projets soient approuvés au Canada constitue un obstacle majeur à l’investissement des entreprises.

«S’il faut 10 à 15 ans pour construire quelque chose dans ce pays, ou dans n’importe quel autre pays, cela représente beaucoup de temps pour que le capital reste là sans réellement générer de rendement», a-t-elle expliqué lors d’une entrevue mercredi.

Les experts ont également proposé d’améliorer la productivité canadienne en investissant dans les compétences et la formation, en finançant la recherche et le développement, en éliminant les obstacles à la commercialisation et en faisant tomber les barrières entre les provinces autant que possible.

Certains économistes ont suggéré que la suppression des barrières au commerce interprovincial, comme celles qui restreignent la vente transfrontalière d’alcool ou de viande, pourrait faire augmenter jusqu’à 4% le PIB par habitant du Canada.

Le ministre des Finances de l’Alberta, Nate Horner, a déclaré qu’il croyait que c’était la solution la plus facile à mettre en œuvre pour accroître la productivité.

«Ça pourrait mener à des discussions plus difficiles entre les provinces, mais si ça peut ajouter de trois à quatre pour cent (au PIB), ce sera sans doute le point de départ le plus facile», a noté M. Horner lors d’une entrevue.

M. Horner a fait écho au message de la première ministre Smith selon lequel il faudra que tous les niveaux de gouvernement travaillent ensemble pour résoudre le problème de la productivité.

«Au lieu que toutes les provinces se réunissent et se battent pour savoir comment se partager le gâteau, nous devons avoir des discussions dans cette salle sur la façon de faire grossir le gâteau», a-t-il déclaré.

Partager cet article
S'inscrire
Me notifier des
guest
0 Commentaires
plus ancien
plus récent plus voté
Inline Feedbacks
Voir tous les commentaires