Blaire Higgs défend son bilan de premier ministre lors d’un débat des chefs

Hina Alam, La Presse Canadienne
Blaire Higgs défend son bilan de premier ministre lors d’un débat des chefs

FREDERICTON — Le chef progressiste-conservateur du Nouveau-Brunswick a été pris pour cible par ses deux principaux adversaires lors d’une table ronde mercredi, contraint de défendre son bilan sur des questions telles que les soins de santé, le logement et la sécurité publique.

Mais c’est un échange sur la politique du gouvernement de Blaine Higgs sur l’identité de genre dans les écoles qui a particulièrement dégénéré. M. Higgs, qui brigue un troisième mandat, a déclaré au modérateur de la discussion qu’«il y a eu un tollé dans tout le pays» lorsque les parents ont appris que «des secrets leur étaient cachés sur ce que faisaient leurs enfants à l’école».

Ces secrets, a affirmé le chef conservateur, concernaient des enfants qui remettaient en question leur identité de genre et qui pouvaient utiliser un nouveau nom à l’école à l’insu de leurs parents. En réponse, la nouvelle politique du gouvernement introduite en 2023 obligeait les enseignants à obtenir le consentement des parents avant de pouvoir utiliser les prénoms et les pronoms préférés des élèves de moins de 16 ans.

«Il est choquant que cela soit devenu un sujet de discussion, alors que les parents ont toujours été l’acteur clé de l’éducation de leurs enfants mineurs», a constaté M. Higgs. Cette politique a provoqué des dissensions au sein de son gouvernement, poussant plusieurs ministres à démissionner et contribuant à déclencher une tentative avortée de le destituer de son poste de chef.

La cheffe libérale Susan Holt a déclaré qu’il n’y avait eu aucune plainte avant que le premier ministre n’introduise la nouvelle politique. Ce qui est choquant, a-t-elle noté, c’est que «nous avons un premier ministre qui dit que les enseignants cachent des secrets aux parents; il a dit aux gens que les enseignants apprennent aux enfants à mentir».

Se joignant à Mme Holt, le chef du Parti vert David Coon a soutenu que «c’est pire que ça», les étudiants transgenres «se sentent attaqués», selon lui.

M. Coon a assuré qu’un gouvernement vert annulerait les changements apportés par les conservateurs à la politique; les libéraux ont déclaré qu’ils permettraient aux élèves à partir de la 6e année de prendre eux-mêmes des décisions sur la manière dont ils seront traités à l’école.

Défendre un bilan de deux mandats

Premier ministre depuis 2018, Blaine Higgs s’est vanté à plusieurs reprises auprès des deux autres chefs mercredi que ses six budgets équilibrés ont donné à son parti l’espace budgétaire nécessaire pour promettre aux électeurs une réduction de deux points de pourcentage de la taxe de vente harmonisée si les conservateurs sont réélus le 21 octobre.

De plus, a-t-il déclaré, son gouvernement a réduit la dette de la province de 2,5 milliards $, économisant 90 millions $ en paiements d’intérêts «cette année seulement». Ces montantes, souligne-t-il, ont plutôt été consacrées à des priorités comme les soins de santé.

«Mais il reste encore beaucoup à faire», a déclaré M. Higgs, ajoutant que les deux réseaux de santé de la province doivent apprendre à travailler ensemble plutôt qu’en concurrence.

Mme Holt a rapidement répliqué, affirmant que peu de choses se sont améliorées en six ans et que les infirmières «ne vous (M. Higgs) font pas confiance».

«Vous avez complètement manqué de respect aux infirmières», a affirmé le chef libéral lors de la discussion à l’Université St. Thomas à Fredericton, animée par CTV. «Vous leur avez dit que s’ils voulaient gagner plus d’argent, ils devraient déménager en Alberta.»

M. Coon a parlé à M. Higgs d’une personne qu’il a rencontrée et qui a attendu 27 heures pour être soignée à l’hôpital régional Dr Everett Chalmers de Fredericton.

«Nous sommes dans un état d’urgence avec notre système de santé, nous devons le traiter avec ce genre d’urgence», a affirmé M. Coon, ajoutant que son parti a promis de dépenser 380 millions $ par an pour la santé.

En ce qui concerne le logement, Susan Holt a déclaré que la Nouvelle-Écosse et l’Île-du-Prince-Édouard construisent des maisons à un rythme deux fois plus élevé que le Nouveau-Brunswick. «Nous restons immobiles alors que les provinces voisines nous dépassent.» Elle a rappelé que les deux provinces ont supprimé la taxe de vente provinciale sur les mises en chantier de logements collectifs, l’une des promesses de son parti.

M. Higgs a soutenu que cette promesse fait partie de la «plateforme sans nouveauté» de Mme Holt. Il a ajouté que le Nouveau-Brunswick était en voie de construire jusqu’à 6000 maisons cette année, un rythme qui, selon lui, ne peut être dépassé en raison des pénuries de main-d’œuvre. L’élimination de la taxe de vente provinciale enlèverait 170 millions $ aux caisses provinciales, a-t-il dit, ajoutant que les économies d’impôt ne profiteraient pas aux locataires.

«Quel est le programme là-bas? a demandé M. Higgs à Mme Holt. Si nous ne pouvons pas construire plus, nous donnons simplement l’argent des impôts? Nous construisons au maximum en ce moment.»

En réaction aux pénuries de main-d’œuvre, M. Coon a affirmé que son parti promettait d’«accélérer le processus de certification» pour les travailleurs qualifiés du secteur de la construction. «Partout dans cette province, nous avons des gens de métier qui ne travaillent pas.»

En ce qui concerne la sécurité publique, M. Higgs a été obligé de défendre sa politique de rejet des nouvelles demandes de centres de consommation supervisée de drogues et sa promesse d’introduire une loi pour forcer les personnes gravement dépendantes à suivre un traitement.

Mme Holt a demandé au premier ministre Higgs où il trouverait l’argent et les ressources pour ouvrir des lits pour forcer les gens à suivre un traitement «alors que nous n’avons même pas de lits pour les personnes qui veulent y être.» Environ 200 personnes attendent des soins pour toxicomanes, a-t-elle dit.

M. Coon a affirmé qu’il avait été en mission avec la police de Fredericton et qu’il avait constaté la grande étendue de territoire qu’un seul agent doit couvrir. «Ils ont besoin de pouvoir compter sur des agents de police communautaires pour faire ce travail sur le terrain, et cela va faire une différence.»

M. Higgs a déclaré que les agents de sécurité publique ont été recyclés pour leur donner un pouvoir de police, ajoutant qu’ils sont dans les rues et visibles dans les communautés.

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