MONTRÉAL — Les Inuits des 14 communautés nordiques du Nunavik auront désormais droit à des services gouvernementaux fournis par des membres de leur propre communauté.
Québec a annoncé jeudi l’octroi de 2,55 millions $ par année pour les cinq prochaines années afin de soutenir la création de Services Nunavik qui sera sous la gouverne de l’Administration régionale Kativik (ARK).
L’annonce en a été faite à Kuujjuaq par la ministre de l’Emploi, Kateri Champagne Jourdain, son collègue responsable des Relations avec les Premières Nations et les Inuits, Ian Lafrenière, et la présidente de l’ARK, Hilda Snowball.
En vertu de l’entente conclue entre Québec et l’ARK, Services Nunavik offrira les services d’accueil et de renseignements généraux de Services Québec sur le territoire du Nunavik par le biais de guichets offrant des services multiples.
Des services «culturellement sécuritaires»
«Les services existaient, ils étaient accessibles, mais est-ce que les les gens du Nunavik avaient accès, savaient que ça existait, dans une langue, d’une façon qui était culturellement sécurisante? La réponse est non», a reconnu le ministre Lafrenière en entrevue avec La Presse Canadienne.
«Ce qu’on annonce aujourd’hui, c’est une façon de donner des services culturellement sécuritaires, des services qui existent déjà. On veut les rendre accessibles. Pour les gens de toutes les communautés, il y aura des ressources qui sont déployées, des gens qui parlent la langue, qui connaissent la culture, qui sont locaux», a-t-il illustré.
Hilda Snowball a également salué cette démarche qu’elle qualifie d’«étape importante dans l’établissement d’un cadre de prestation de services qui reflète les réalités uniques de notre région et les besoins en matière de services des Nunavimmiut. Il est essentiel pour nos deux gouvernements que le Nunavik reçoive des normes de service équitables».
La formation d’abord et avant tout
Les services seront ainsi offerts par des agents de l’ARK, qui seront formés pour répondre aux demandes de renseignements généraux sur les services gouvernementaux, accompagner les personnes dans leurs démarches administratives et offrir du soutien en matière d’employabilité.
La somme de 2,55 millions $ représente un peu plus de 182 000 $ pour chacune des 14 communautés, de l’argent qui servira à préparer une force de travail locale capable de répondre aux besoins en matière de prestation de services gouvernementaux, a expliqué de son côté Kateri Champagne Jourdain. «Ce qu’on veut faire, c’est mieux outiller les agents qui sont déjà sur place. (…) C’est à ça que va servir, entre autres, une bonne partie du financement: déployer ces formations, outiller les agents qui sont sur place pour faire en sorte que, ultimement, les résidants des 14 villages du Nunavik puissent avoir un meilleur accès aux services gouvernementaux du Québec.»
Le ministre Lafrenière a expliqué que l’initiative pourrait éventuellement créer de nouveaux emplois, mais pas nécessairement. «Ils vont regarder dans les forces qu’ils ont présentement sur place. Il est possible qu’il y ait des de nouveaux emplois qui seront créés et dans ce cas, ils vont privilégier l’embauche de personnel inuit.»
Pas de solution unique
Une chose est claire, le modèle privilégié ici ne sera pas implanté de manière uniforme, a tenu à préciser Ian Lafrenière. «C’est souvent la première erreur qu’on fait, c’est de faire une approche mur à mur. Même ici au Nunavik il y a 14 villages, il y a 14 réalités aussi. Alors c’est pour ça qu’on veut travailler avec les gens qui sont sur le terrain, qui connaissent les réalités.»
Il ajoute que la démarche avec l’ARK a pris un certain temps, impliquant notamment la visite de l’ensemble des communautés. «Il fallait prendre le temps de regarder ce qui devait être fait, prendre le temps de s’adapter d’une communauté à l’autre. Avoir une approche mur à mur, ça aurait été beaucoup plus rapide, mais ça n’aurait pas répondu du tout aux besoins.»
Le mandat de Services Québec se trouve dorénavant intégré dans l’entente qui confie également des responsabilités à l’ARK en matière de formation et de développement des compétences de la main-d’œuvre, de services aux jeunes ainsi que de services liés au Régime québécois d’assurance parentale.