Singh ne comprend pas pourquoi Poilievre n’obtient pas son autorisation de sécurité

David Baxter, La Presse Canadienne
Singh ne comprend pas pourquoi Poilievre n’obtient pas son autorisation de sécurité

OTTAWA — Le chef du Nouveau Parti démocratique (NPD), Jagmeet Singh, trouve très inquiétant que le chef conservateur Pierre Poilievre n’obtienne pas la cote de sécurité de haut niveau, nécessaire pour consulter les documents classifiés sur l’ingérence étrangère.

M. Singh estime que les chefs de parti doivent être informés de renseignements très secrets, en soulignant les allégations selon lesquelles des agents du gouvernement indien auraient joué un rôle dans l’extorsion, la coercition et le meurtre de citoyens canadiens en sol canadien.

«On a ces graves allégations selon lesquelles un gouvernement étranger a littéralement embauché des gangs au Canada pour aller tirer sur des maisons et des commerces, mettant la vie de Canadiens en danger. Est-ce que cela ressemble à la réponse d’un dirigeant qui prend la situation au sérieux, qui se préoccupe réellement de la sécurité?», a déclaré M. Singh jeudi en conférence de presse à Toronto.

Le premier ministre Justin Trudeau a révélé mercredi devant la commission d’enquête publique sur l’ingérence étrangère qu’il connaissait les noms de parlementaires et de candidats du Parti conservateur, passés et actuels, qui sont liés à de l’ingérence étrangère. M. Trudeau a par ailleurs précisé que des parlementaires d’autres partis, y compris des libéraux, avaient également été pointés du doigt.

«J’ai les noms d’un certain nombre de parlementaires, d’anciens parlementaires et/ou de candidats du Parti conservateur du Canada qui sont impliqués ou qui courent un risque élevé d’être impliqués, ou pour lesquels il existe des renseignements clairs concernant l’ingérence étrangère», a déclaré M. Trudeau devant la commission.

M. Poilievre a répliqué en accusant le premier ministre d’avoir menti sous serment et en affirmant qu’il devrait divulguer les noms.

«Si Justin Trudeau a des preuves du contraire, il doit les communiquer au public. Maintenant qu’il s’est exprimé en termes généraux devant une commission d’enquête, il devrait rendre publics les faits. Mais il ne le fera pas, parce qu’il invente», a écrit M. Poilievre mercredi après-midi sur X.

Le chef conservateur soutient que le 14 octobre dernier, de hauts responsables de la sécurité à Ottawa l’ont informé «de la question de l’ingérence étrangère en provenance de l’Inde». Il estime que la Loi sur le Service canadien du renseignement de sécurité (SCRS) permet au gouvernement d’avertir les Canadiens de risques spécifiques d’ingérence étrangère «sans l’obliger à prêter serment de confidentialité ni contrôler ce qu’il dit».

De plus, M. Poilievre soutient que son chef de cabinet a reçu du gouvernement des «informations classifiées», mais que jamais un responsable du gouvernement n’a informé le chef de l’opposition officielle, ni son chef de cabinet, qu’«un parlementaire ou un candidat conservateur, actuel ou ancien, participait sciemment à des activités d’ingérence étrangère».

Attention à la sécurité nationale

Le chef néo-démocrate a souligné jeudi qu’il préférait quant à lui examiner ces informations de ses propres yeux. «Je ne veux pas sous-traiter cela à quelqu’un d’autre, a expliqué M. Singh. Si cela a un impact sur mon parti et que je suis chef de ce parti, je veux m’assurer de savoir ce qui se passe.»

M. Singh a par ailleurs souligné qu’il voulait que ces noms soient divulgués d’une manière qui ne compromette pas les lois sur la sécurité nationale.

La cheffe du Parti vert, Elizabeth May, qui dispose également de l’habilitation de sécurité nécessaire pour consulter des documents ultrasecrets, a fait écho à l’appel lancé à M. Poilievre pour qu’il s’en prévale lui aussi.

«La seule façon pour les Canadiens de savoir que l’opposition officielle n’a pas été compromise par une ingérence étrangère est que son chef demande et obtienne l’autorisation de sécurité, a écrit Mme May dans un communiqué. Je lui demande de le faire depuis juin 2024. J’insiste encore plus pour qu’il le fasse maintenant.»

Mme May fait référence à la version caviardée du rapport sur l’ingérence étrangère du Comité des parlementaires sur la sécurité nationale et le renseignement, publié au printemps, qui signalait des tentatives présumées de l’Inde de s’ingérer «dans une campagne à la chefferie du Parti conservateur».

«Pierre Poilievre est la seule personne en mesure de clarifier la situation sur le Parti conservateur et sur les éventuelles faveurs accordées à des intérêts étrangers», a écrit Mme May.

Le chef du Bloc québécois, Yves-François Blanchet, a déjà indiqué qu’il voulait obtenir une autorisation de sécurité pour examiner les documents secrets. Son attachée de presse, Joanie Riopel, a déclaré que M. Blanchet était dans les dernières étapes de l’obtention de cette approbation.

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