La Fondation de la faune du Québec pourrait acheter votre terrain pour le protéger

Stéphane Blais, La Presse Canadienne
La Fondation de la faune du Québec pourrait acheter votre terrain pour le protéger

MONTRÉAL — La Fondation de la faune du Québec veut protéger des milieux naturels dans le sud de la province et elle cherche à convaincre des propriétaires privés de vendre leur terre, d’en faire don ou encore d’opter pour la servitude de conservation.

Le Québec, comme tous les États signataires de l’accord de Kunming-Montréal sur la biodiversité, s’est donné l’objectif de protéger 30 % de son territoire d’ici 2030.

«On a atteint la cible de 17 % en 2020 en protégeant majoritairement dans le nord du Québec», mais, si «on veut atteindre nos cibles», il faut également «protéger des terres de façon substantielle dans le sud de la province», a expliqué le professeur d’économie écologique à l’Université du Québec en Outaouais Jérôme Dupras, lors d’une conférence de presse sur la conservation des milieux naturels, lundi matin à Montréal.

C’est dans le sud de la province qu’on retrouve les habitats naturels les plus riches et les plus diversifiés, mais c’est également dans le sud que les habitats sont les plus menacés en raison de la plus grande concentration de population.

«Dans le sud du Québec, la majorité des terres sont privées, alors il faut travailler en étroite collaboration avec les propriétaires privés», a expliqué Christine Bélanger, gestionnaire principale – protection et acquisition à la Fondation de la faune du Québec.

La Fondation de la faune du Québec, une société d’État, a donc lancé une campagne de sensibilisation lundi matin, dont l’un des objectifs est de trouver de nouveaux propriétaires fonciers et de leur faire découvrir les différentes options de conservation qui s’offrent à eux.

«Il faut juste un peu essayer de changer les mentalités pour que les gens comprennent que la conservation, ce n’est pas comme si on mettait une cloche de verre», a souligné Christine Bélanger.

Vente, don et servitude

La Fondation de la faune du Québec travaille surtout «là où les menaces à la biodiversité sont les plus fortes et où la valeur écologique et faunique des propriétés est à son maximum», a indiqué Christine Bélanger.

«Lorsqu’on approche un propriétaire, on lui montre des inventaires, on lui explique qu’il est chanceux, privilégié, car il a une biodiversité exceptionnelle sur son territoire et on lui demande s’il veut en faire profiter à tout le monde, tout en recevant des avantages.»

Dans certains cas, la Fondation de la faune du Québec et les organisations avec qui elle travaille offriront au propriétaire une somme d’argent pour son terrain.

«Il y a aussi la vente au rabais qui permet d’avoir un crédit d’impôt» ou «le don écologique, qui permet d’avoir des avantages fiscaux très intéressants», a expliqué la gestionnaire de la Fondation de la faune du Québec.

D’autres propriétaires choisiront la servitude de conservation, qui restreint l’utilisation de la terre.

«Donc ils ne pourront pas développer ou construire», mais ils pourront obtenir en contrepartie «un retour financier», a précisé Christine Bélanger.

Un propriétaire peut choisir de conserver l’entièreté ou une portion de son terrain.

«Il y a beaucoup d’options, c’est ce qu’on veut faire valoir aussi. Les organismes de conservation au Québec sont là pour expliquer ces différentes options.»

La Fondation de la faune du Québec travaille avec des organismes comme Corridor appalachien.

Lors du lancement de la campagne de sensibilisation, lundi matin, la directrice générale de Corridor appalachien, Mélanie Lelièvre, a expliqué que «94 % du territoire» sur lequel son organisation travaille est constitué de terrains privés.

«Donc, si on veut faire une différence, maintenir la biodiversité et créer de nouvelles aires protégées, il faut maintenir un dialogue avec les intervenants du milieu privé», a indiqué Mme Lelièvre.

Elle a ajouté que, dans la dernière année, «11 des 12 projets de conservations que l’organisation a réussi à conclure avec ses partenaires» ont été protégés en partie grâce à des dons.

Par exemple, en avril dernier, Corridor appalachien et le regroupement de citoyens Protection Mont-Gale annonçaient la protection à perpétuité de 14,04 hectares (34,7 acres) de forêt à haute valeur écologique dans le secteur du mont Gale, à Bromont.

L’endroit abrite une importante biodiversité floristique et faunique, dont une espèce de chauves-souris susceptible d’être désignée menacée ou vulnérable.

Lorsque des citoyens ont appris que le propriétaire d’un secteur du mont planifiait la construction d’un projet immobilier, ils se sont mobilisés et ont participé à l’achat d’une partie des terrains pour les protéger.

«Et le propriétaire a accepté de laissé sur la table 1,2 million de dollars en valeur de terrain», a raconté Mme Lelièvre.

Celui-ci a donc offert, en don écologique, une partie du terrain.

«Il est un peu devenu un héros local» et «c’est finalement un beau projet dont tout le monde est fier», a expliqué Mélanie Lelièvre.

La Fondation de la faune du Québec s’est engagée à soutenir des initiatives de conservation de milieux naturels de l’ordre de 10 millions $ sur les quatre prochaines années.

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