MONTRÉAL — Serge Savard a déjà exprimé un certain malaise à voir les partisans du Canadien célébrer les défaites de leurs favoris lors des dernières années, mais Ken Dryden affirme que les amateurs du club montréalais agissent de la sorte, car ils savent que les jours meilleurs approchent.
Le Canadien rendait hommage aux joueurs qui ont remporté la coupe Stanley lors de quatre saisons consécutives à la fin des années 1970, mardi, avant leur duel contre les Rangers de New York.
Si les anciennes gloires du Tricolore comprennent que le monde du hockey a beaucoup changé lors des 45 dernières années – notamment avec l’augmentation du nombre d’équipes et l’instauration d’un plafond salarial – la plupart admettent avoir du mal à croire que l’équipe n’a pas défilé sur Sainte-Catherine depuis 1993.
En entrevue avec La Presse Canadienne dans le cadre du 30e anniversaire du dernier championnat du Canadien en 2023, Savard avait dit ressentir un malaise à voir les partisans chanter dans le Centre Bell et se réjouir après une défaite.
Dryden a reconnu qu’il était un peu surpris par la patience démontrée par les partisans depuis le début du processus de reconstruction par le groupe mené par le vice-président aux opérations hockey Jeff Gorton, le directeur général Kent Hughes et l’entraîneur-chef Martin St-Louis. Il a cependant ajouté que si les partisans agissaient ainsi, c’était parce qu’ils sentaient que l’équipe était entre de bonnes mains.
«Dans la plupart des villes, ‘très bon’ est suffisant. Et si vous êtes sur le point d’arriver à ‘très bon’ et que vous échouez, c’est là que les partisans seront déçus. S’ils ne peuvent pas projeter quelque chose au-delà de ça, a dit Dryden. Mais quand ce que vous voyez sur la glace vous permet d’espérer des jours meilleurs, vous n’avez pas besoin de gagner la coupe chaque année. Vous devez simplement savoir que vous êtes en chemin vers quelque chose de mieux et je crois que c’est ce que les partisans ressentent.
«Ils ressentent l’ambition de toute l’organisation, a-t-il ajouté. C’était comme ça aussi à notre époque. Nous connaissions l’histoire, pourquoi nous étions importants, ce que nous devions être. Et personne ne nous laissait l’oublier.»
Dryden a ajouté que «très bon» n’était pas non plus suffisant à Montréal et que c’était plutôt quelque chose de «spécial» qui était recherché. À ce niveau, il a vanté le jeu du capitaine Nick Suzuki. Il s’est aussi dit impressionné par la vision de St-Louis.
«Il sait quel est son travail ici et que tout le monde doit être spécial et pas seulement bon, a dit Dryden. C’est ça le standard ici. Je crois que le noyau de gens en place comprend ça.»
Savard, qui a également gagné deux fois la coupe Stanley comme directeur général en 1986 et 1993, a noté que le repêchage demeurait un élément crucial pour toutes les équipes, afin qu’elle mette le grappin sur des joueurs spéciaux. Il s’est donc dit encouragé par l’ajout de jeunes éléments prometteurs au cours des dernières années, comme Juraj Slafkovsky et Lane Hutson.
Cependant, Savard croit que la direction du Tricolore devrait viser plus haut que simplement «être dans le mix» en fin de saison.
«À un moment donné, il faut des résultats, a martelé Savard. Au début de la saison, tous les clubs ont zéro point et le but ultime est de gagner la coupe Stanley. Pour gagner la coupe Stanley, il faut participer aux séries. On ne peut pas prétendre à chaque année qu’on ne participera pas aux séries. Je trouve que le monde est très patient.»
Savard a noté un manque de punch offensif chez le Canadien, qui a gagné seulement 17 de ses 44 matchs qui se sont soldés par un écart d’un but l’hiver prochain.
Hughes a tenté de corriger le tir en faisant l’acquisition de Patrik Laine des Blue Jackets de Columbus à la fin de l’été. Celui qui a connu trois campagnes d’au moins 30 buts – dont une de 44 buts – s’est toujours blessé à un genou durant le camp.
Savard a espoir que l’éventuel retour au jeu de Laine aidera l’équipe à se tailler une place en séries éliminatoires.
«C’est le premier joueur chez le Canadien avec un potentiel de 50 buts depuis Stéphane Richer, a-t-il dit. S’il revient dans un mois ou un mois et demi et qu’il redevient le joueur qu’il a déjà été, je pense qu’il sera réellement le plus que le club a besoin pour se battre pour une place en séries.»
En attendant, les partisans continueront à rêver à l’arrivée de jours meilleurs.