Un sondage national sur le rôle d’un radiodiffuseur public dans le paysage médiatique actuel suggère qu’une majorité de Canadiens souhaite préserver CBC/Radio-Canada.
Le sondage réalisé par le Centre pour les médias, la technologie et la démocratie de l’Université McGill a révélé que 78 % des personnes interrogées espèrent que le radiodiffuseur public poursuive ses activités, et que 57 % d’entre elles seraient prêtes à augmenter ou à maintenir son financement.
Toutefois, les répondants ont exprimé quelques inquiétudes. Lorsqu’on leur a demandé s’ils étaient d’accord ou non avec les critiques les plus courantes, environ un tiers d’entre eux ont convenu que CBC/Radio-Canada «ne devrait pas avoir de publicités», tandis que 31 % étaient d’accord avec la critique des «reportages biaisés» et 27 % ont jugé qu’elle était trop «Woke».
L’avenir de CBC/Radio-Canada a fait l’objet d’un débat depuis le début de l’année, puisque le chef conservateur Pierre Poilievre s’est engagé à supprimer le financement du radiodiffuseur public s’il est élu au prochain scrutin fédéral.
CBC/Radio-Canada devrait recevoir 1,4 milliard $ du gouvernement au cours de l’exercice 2024-2025, selon des documents de Patrimoine Canada.
Dans l’enquête publiée mercredi, un tiers des répondants étaient d’accord avec l’affirmation selon laquelle le radiodiffuseur public ne reçoit pas suffisamment de financement fiable. Par ailleurs, 45 % des répondants ont déclaré qu’ils appuieraient l’instauration d’un modèle de financement à long terme.
Patrimoine Canada a annoncé mardi que Marie-Philippe Bouchard, cadre de la télévision québécoise, sera la prochaine présidente-directrice générale de CBC/Radio-Canada.
Plusieurs observateurs ont demandé à la société d’État de revoir son modèle de financement après l’annonce de la nomination de Mme Bouchard.
Annick Forest, présidente de la Guilde canadienne des médias, qui représente environ 6000 travailleurs, dont des employés de CBC/Radio-Canada et de La Presse Canadienne, a exprimé l’espoir que Mme Bouchard aiderait Ottawa à faire passer le radiodiffuseur public à un modèle de financement à long terme plus viable. Le financement actuel est alloué annuellement par le budget fédéral.
«CBC/Radio-Canada doit avoir accès à un financement stable et à long terme pour poursuivre son précieux travail», a écrit Mme Forest dans un communiqué mardi.
Le NPD a quant à lui appelé à une réforme du radiodiffuseur public.
«Il est temps d’interdire les primes aux dirigeants alors que des emplois sont supprimés», a pressé Niki Ashton, porte-parole du NPD en matière de patrimoine.
L’actuelle patronne de CBC/Radio-Canada, Catherine Tait, a été critiquée après que des millions de dollars de primes ont été versés à des membres de la direction à la suite d’une série de licenciements au cours de la dernière année financière.
Mme Ashton a également souligné la nécessité pour CBC/Radio-Canada de renforcer son journalisme local et régional à un moment où le radiodiffuseur a supprimé des emplois et où les radiodiffuseurs privés ont fermé des bureaux régionaux.
À la question de savoir si un grand radiodiffuseur public comme CBC/Radio-Canada reste essentiel ou pertinent pour les Canadiens à l’ère numérique, 79 % des personnes interrogées ont répondu qu’il était soit aussi important, soit plus important que jamais.
Toutefois, les deux tiers des personnes interrogées n’ont pas pu citer un seul journaliste en qui elles avaient confiance. Parmi ceux qui ont été cités, les personnalités les plus dignes de confiance provenaient de médias grand public, tels que CBC/Radio-Canada et CTV, bien que certains, comme les anciens présentateurs de bulletins de nouvelles télévisés Peter Mansbridge et Lloyd Robertson, se soient retirés du journalisme.
L’enquête a été menée auprès de 2055 Canadiens au cours de l’été par Abacus Data. La marge d’erreur pour un échantillon aléatoire comparable de la même taille est de plus ou moins 2,16 %, 19 fois sur 20.