MONTRÉAL — La fin de saison du CF Montréal n’a pas fait oublier les difficultés que le club a eues à progresser dans son projet, mais elle a montré qu’il était sur la bonne voie.
Le Bleu-blanc-noir n’a obtenu que deux maigres points de plus que l’an dernier, quand il avait été exclu des séries lors de la dernière journée d’activités. Pourtant, les mines étaient beaucoup plus radieuses lors du bilan au Centre Nutrilait, vendredi.
Il y a moins de deux mois, ce n’était pas vraiment le portrait qui se dressait. Avec sept matchs à disputer, les Montréalais étaient plus près du dernier rang de l’Association Est que d’une place en séries. Plusieurs membres de l’organisation ont insisté sur le fait que rien n’a changé et que les discours sont restés les mêmes, mais le déclic est arrivé.
Les joueurs ont montré une aisance tant attendue dans le style de jeu de l’entraîneur-chef Laurent Courtois et ils ont conclu la campagne avec une fiche de 5-1-1. Installé au huitième échelon de l’Est, le CF Montréal a accueilli un match éliminatoire face au Atlanta United, contre qui il s’est incliné aux tirs au but.
Participer à un match éliminatoire, ce n’est pas l’accomplissement d’une vie, mais quand on sait à quel point le Bleu-blanc-noir est revenu de loin, on peut comprendre pourquoi c’est ce qui semble avoir tracé la limite entre une saison positive et une négative.
«Je n’étais pas heureux de nos performances et je n’étais pas convaincu de l’effort du groupe. J’ai demandé aux entraîneurs et aux joueurs de trouver des solutions, et j’ai aimé la réponse, a déclaré le président Gabriel Gervais. Je me rappelle des dernières performances. Même dans la défaite contre Atlanta, nous avons montré du caractère et la façon dont nous sommes capables de jouer. Nous sommes passés à côté de notre objectif de gagner le Championnat canadien, mais nous avons atteint de belles choses avec la façon dont nous voulons jouer.»
Une première mouvementée
Gervais voit peut-être la saison de façon positive en raison de certaines circonstances parfois difficiles.
Le club a encore une fois dû commencer sa saison avec une longue séquence à l’étranger et – comme d’habitude – il a été aux prises avec plusieurs blessés. Puis, il y a eu le départ du vice-président et chef de la direction sportive, Olivier Renard, et de plusieurs vétérans, dont le Québécois Mathieu Choinière. Le tout enrobé d’une des plus petites masses salariales et de l’une des plus jeunes équipes de la MLS.
Il ne faut pas oublier non plus que Courtois en était à ses premiers pas à la barre d’une équipe professionnelle. Le Français de 46 ans, qui a obtenu la confirmation de son retour comme entraîneur-chef du Bleu-blanc-noir en 2025, a dû s’ajuster en cours de route et il entend aborder sa deuxième saison avec une meilleure compréhension des défis de la ligue.
«Les joueurs ont besoin de direction et d’instructions. Ils n’ont pas besoin de se faire gérer. Ils doivent se faire apprendre des choses, se faire dire ou demander des choses. Je dois faire un meilleur travail pour les aider là-dessus, a-t-il mentionné.
«Il faut trouver des façons de prévenir les blessures et de donner une mentalité à toute la formation. Il faut faire croire aux joueurs qu’ils sont ici pour devenir meilleurs. Tu dois être ici pour représenter une organisation, pour une cause commune et pour être cris**ment meilleurs. Ça n’intéresse personne ce que tu as accompli par le passé. C’est de savoir ce que tu amènes aujourd’hui.»
L’apport des jeunes
Courtois a justement réussi à soutirer le meilleur de ses joueurs pendant les dernières semaines de la saison et quelques jeunes ont semblé prendre du galon sous ses ordres.
Nathan Saliba a commencé à recevoir l’appel du Canada lors de matchs internationaux alors que Bryce Duke et George Campbell ont été meilleurs plus la saison progressait. Sans parler de Caden Clark et Jahkeele Marshall-Rutty, arrivés pendant la fenêtre estivale des transferts, qui ont eu un immense impact lors des deux derniers mois de la campagne.
Le CF Montréal n’a jamais caché qu’il a comme projet de développer des jeunes et ces quelques exemples prouvent que l’équipe est capable de le faire, même si elle n’est pas présente dans la MLS Next Pro.
Gervais et Courtois sont encouragés de voir les jeunes joueurs passer à un autre niveau, mais les vétérans du club le sont également, ce qui peut être de bon augure pour 2025.
«C’est un autre point sur lequel nous pouvons être fiers. Le groupe que nous avons est très jeune. De connaître les ‘succès’ que nous avons eus, c’est quand même très positif et ça regarde très bien pour l’avenir, a dit le capitaine Samuel Piette. Ce qui vient m’accrocher et ce qui me rend heureux, c’est que les jeunes qui sont là veulent rester ici. Caden et Jahkeele sont très heureux d’être ici. Ça fait du bien à entendre et ça veut dire que nous créons quelque chose de bien.»
Reviendra, reviendra pas?
Si Clark et Marshall-Rutty veulent rester à Montréal, le mystère plane autour de l’attaquant Josef Martinez, le meilleur marqueur du Bleu-blanc-noir en 2024.
Le CF Montréal détient l’année d’option au contrat du Vénézuélien de 31 ans, mais la direction du club a régulièrement affirmé qu’elle ne tordrait pas le bras d’un joueur s’il veut quitter.
Martinez n’a pas voulu se compromettre lors du bilan, une vingtaine de minutes après avoir reçu le titre de joueur le plus utile de l’équipe.
«Je suis fier d’être ici. Mon travail est de fournir les efforts sur le terrain ici, tout le temps, tous les jours, et je ne sais pas ce qui va arriver dans l’avenir. Je dois venir ici pour m’entraîner avec mes coéquipiers. J’ai un contrat et ce sont eux les patrons. Je suis très heureux d’avoir fait partie de cette équipe cette année et je veux féliciter les partisans pour leur appui parce que c’était magnifique. Nous aurions aimé continuer notre parcours, mais nous espérons que la prochaine saison soit meilleure.»
Si Martinez devait quitter, le CF Montréal se libérerait d’environ 1,3 million $US. D’une manière ou d’une autre, l’équipe économisera vraisemblablement d’importantes sommes en 2025.
Le contrat de 1,8 million $ du milieu de terrain Victor Wanyama arrive à échéance et il est écrit dans le ciel que le joueur désigné ne sera pas de retour, lui qui n’a disputé que 12 matchs cette saison. Les 750 000 $ de Lassi Lappalainen devraient également s’envoler, alors qu’il n’a joué que 11 parties.
Gervais ne sait pas si le Bleu-blanc-noir comptera sur un joueur désigné en 2025, mais il a assuré que l’équipe allait dépenser intelligemment.
«Dépenser beaucoup d’argent, ce n’est pas garant de succès. J’aimerais nommer une équipe, mais je ne le ferai pas. Nous sommes diligents pour aller chercher des talents aux bons prix, avec des vétérans pour aider. Oui, il y aura de l’argent disponible et il y aura des changements dans l’équipe, mais nous allons utiliser cet argent pour aller chercher les joueurs qui cadrent dans notre philosophie sportive et qui peuvent aider dans notre style de jeu», a exprimé le président.