L’Association médicale canadienne (AMC) souhaite l’élimination des exigences des compagnies envers leurs employés relatives aux attestations de maladie pour des problèmes de santé mineurs de courte durée.
L’AMC fait valoir que cela pourrait éviter jusqu’à 12,5 millions d’interactions inutiles au sein du système de santé en une seule année.
Un sondage mené par Abacus Data pour l’AMC a indiqué qu’environ un tiers des travailleurs canadiens se sont vu demander par leur employeur de produire une attestation de maladie pour une absence de courte durée au moins une fois au cours de la dernière année.
«C’est frustrant pour les médecins, car nous voulons pouvoir consacrer le peu de temps dont nous disposons à soigner des patients qui ont vraiment besoin de soins médicaux, et non à remplir des documents pour régler un problème de ressources humaines», a affirmé la présidente de l’AMC, la Dre Joss Reimer, lors d’une entrevue.
«C’est également frustrant pour les personnes qui doivent se rendre à l’hôpital, car si vous avez une migraine ou une grippe, la dernière chose que vous voulez faire est de quitter votre domicile et de devoir vous rendre dans une clinique pour voir un médecin, alors que ce que vous devez vraiment faire, c’est vous reposer, vous détendre et simplement vous rétablir pour pouvoir retourner au travail», a-t-elle ajouté.
Mme Reimer a fait valoir que les rendez-vous chez le médecin, y compris les évaluations qui comprennent la rédaction d’une attestation de maladie, devraient être réservés aux patients qui «ont vraiment besoin de soins médicaux».
Par exemple, a-t-elle dit, il peut s’agir d’un patient qui est malade depuis plus de quelques jours, d’une personne qui pourrait avoir besoin d’analyses de laboratoire ou d’une personne qui aurait besoin de la prescription d’un médicament pour se rétablir.
«Ce que nous ne voulons pas, c’est d’une personne qui sait qu’elle a un problème de santé qui se résoudra de lui-même, qui sait qu’elle a juste une grippe, qui sait qu’elle a sa migraine habituelle et que ça va s’améliorer», a-t-elle dit.
Dans un nouvel exposé de position, l’AMC a demandé lundi des modifications législatives au Canada pour restreindre l’obligation de présenter des attestations de maladie et promouvoir des solutions de rechange, comme l’autocertification et les politiques de congés flexibles.
L’AMC affirme que cette mesure vise à alléger le fardeau administratif des prestataires de soins de santé et à améliorer l’accès des patients aux soins ainsi que l’efficacité globale du système de santé.
Plusieurs provinces ont pris des mesures
Le Québec a adopté une loi cet automne qui doit limiter le recours aux services d’un médecin pour obtenir un document justificatif dans le cas d’une absence de courte durée.
La loi visant principalement à réduire la charge administrative des médecins (projet de loi 68) indique que la limitation doit s’appliquer pour les trois premières absences d’une période de trois journées consécutives ou moins dans une année.
En mai, le gouvernement de l’Ontario a aussi proposé une loi pour empêcher les employeurs d’exiger un certificat médical d’un médecin pour les trois jours de congé de maladie auxquels les travailleurs ont droit dans la province.
La Nouvelle-Écosse a également agi sur la question, en mettant en œuvre un changement en juillet 2023 qui interdit aux employeurs de demander un certificat médical à moins qu’un employé ne soit absent pendant plus de cinq jours ouvrables ou n’ait déjà eu deux absences de cinq jours ouvrables ou moins au cours des 12 mois précédents.
Mme Reimer a déclaré que ces changements allaient dans la bonne direction, mais devraient s’accompagner de moins de réserves.
«Nous aimerions que cela aille plus loin et que l’on dise simplement: « Ne laissons pas les médecins faire partie du processus de ressources humaines en premier lieu »», a-t-elle fait valoir.