Lesley Hill nommée directrice nationale de la protection de la jeunesse

Caroline Plante, La Presse Canadienne
Lesley Hill nommée directrice nationale de la protection de la jeunesse

QUÉBEC — Lesley Hill a été nommée, mercredi, directrice nationale de la protection de la jeunesse, en remplacement de Catherine Lemay, qui a démissionné lundi dans la foulée du scandale sexuel au centre de réadaptation Cité-des-Prairies.

Mme Hill est une ex-commissaire de la commission Laurent qui s’est penchée sur l’état du système de protection de la jeunesse à la suite du décès tragique d’une fillette de 7 ans à Granby, en 2019.

Le gouvernement Legault est dans la tourmente depuis que des médias ont révélé la semaine dernière qu’au moins neuf éducatrices du centre Cité-des-Prairies, à Montréal, auraient eu des échanges sexuels avec au moins cinq résidants mineurs.

D’autres cas d’inconduite sexuelle se seraient produits à Laval et en Montérégie, selon le quotidien «La Presse».

À cela s’ajoute la mise sous tutelle de la DPJ Mauricie—Centre-du-Québec, le 9 octobre dernier, pour cause de mauvaise gestion des dossiers d’enfants ayant été confiés en adoption sans évaluation complète.

Sous le feu des critiques, le ministre responsable des Services sociaux, Lionel Carmant, a déclaré mardi en débat d’urgence à l’Assemblée nationale qu’il s’attendait à ce que sa nouvelle directrice nationale soit «plus vocale et plus présente dans le public».

«L’important, c’est qu’on travaille ensemble, dans la même direction, avec la même vision, et qu’on puisse prendre des décisions parfois difficiles», a-t-il ajouté en mêlée de presse, mercredi après-midi.

Plus tôt, les partis d’opposition ont salué la nomination de Mme Hill, une femme réputée pour son franc-parler.

«Cette personne-là semble être tout à fait connectée», a réagi le chef intérimaire du Parti libéral du Québec, Marc Tanguay. Il a exigé, avec Québec solidaire (QS) et le Parti québécois, la séparation des rôles de directrice nationale et de sous-ministre associée.

«Je demande à modifier la loi pour que la directrice nationale de la DPJ soit indépendante, qu’elle (…) ait une seule loyauté, et c’est envers les enfants», a déclaré le député Guillaume Cliche-Rivard, de QS.

«Ça pose des problèmes (…) d’indépendance et d’objectivité, a renchéri le député péquiste Joël Arseneau. C’est un angle mort qu’il va falloir aborder rapidement.»

Carmant reprend les propos de Legault sur l’immigration

Lors de la période des questions mercredi, M. Carmant a par ailleurs fait siens les arguments présentés par son chef la veille pour expliquer la crise à la Direction de la protection de la jeunesse (DPJ).

M. Legault a semé la consternation chez les libéraux et solidaires en liant la situation «à l’explosion du nombre d’immigrants temporaires».

Selon lui, les demandeurs d’asile seraient nombreux à requérir les services de protection de la jeunesse, ce qui contribue à une «explosion de la demande», a-t-il dit.

Faire un lien entre «l’agression de mineurs en centre jeunesse» et l’immigration, «c’est «scandaleux», s’est insurgée mercredi la libérale Brigitte Garceau.

«Il est réel, l’impact des nouveaux arrivants, a insisté M. Carmant. Il y a des gens qui partent d’Amérique du Sud, des Caraïbes, qui traversent les États-Unis à pied avec leurs enfants, qui arrivent au Québec, et à cause de leur état, la DPJ est appelée.»

Le ministre ne fait que se déresponsabiliser, a accusé M. Tanguay, qui, mardi, avait réclamé la démission de Lionel Carmant, aux commandes des Services sociaux depuis 2018.

«Il est dans sa septième année. On dirait que c’est un peu ronron petit patapon pour ce ministre», a-t-il souligné, avant de tonner en Chambre: «Pourquoi le ministre est mieux protégé que nos jeunes?»

Mardi, M. Legault avait déclaré avoir «totalement confiance» en son «ami» Lionel Carmant.

«Il y en a qui pensent que ça ne m’intéresse pas? (…) Eh bien, on n’a pas mis de « Band-Aid », nous autres. On fait des changements structuraux en profondeur dans un système qui ne marchait pas avant qu’on arrive», s’est défendu M. Carmant au Salon rouge, mercredi.

Le ministre et sa nouvelle directrice nationale doivent tenir une conférence de presse conjointe jeudi pour expliquer comment ils comptent redresser la barre de la DPJ.

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