MONTRÉAL — Les travailleuses des Résidences à assistance continue, où sont hébergées des personnes ayant des troubles graves du comportement, demandent des milieux de travail plus sécuritaires et que l’on cesse de banaliser les comportements violents auxquels elles sont régulièrement confrontées.
Des éducatrices insultées, agressées, qui se font cracher dessus, qui se font menacer de mort; ce n’est pas un phénomène rare dans une Résidence à assistance continue, a rapporté en entrevue Isabelle Mantha, représentante nationale de l’APTS en Montérégie-Centre.
L’Alliance du personnel professionnel et technique de la santé et des services sociaux (APTS) représente ces travailleuses un peu partout au Québec. L’organisation syndicale tenait des manifestations, mercredi, pour dénoncer les risques en matière de santé et sécurité au travail pour ses membres.
Les Résidences à assistance continue ne sont ni des centres de réadaptation ni des ressources intermédiaires. Elles offrent des services spécialisés aux personnes qui ont un trouble grave du comportement ou une déficience intellectuelle, par exemple, et qui peuvent facilement se désorganiser et devenir violentes envers les autres usagers ou le personnel.
Les lieux doivent donc être clôturés, les chambres sécurisées, le mobilier doit être fixé au sol, les téléviseurs protégés par un panneau de Plexiglas. Or, ce n’est pas toujours le cas, déplore Mme Mantha.
Des résidences sont situées dans des quartiers résidentiels. «Les portes sont barrées tout le temps. Personne ne peut entrer là à part les intervenants qui y travaillent, évidemment. Même les cours de ces résidences-là sont clôturées. Quand on sort avec ces résidants-là, il faut qu’ils soient en accompagnement, en surveillance, pour éviter à tout prix qu’il y ait des risques pour eux et pour les intervenantes», relate Mme Mantha.
Et «ça prend de l’argent pour adapter ces résidences-là; ça prend des investissements pour que ces milieux soient adaptés», rappelle-t-elle.
Des agents de sécurité, voire des policiers, doivent parfois intervenir lorsqu’un usager fait une crise.
L’APTS revendique donc des lieux physiques plus sécurisés pour ses membres, mais aussi que l’on cesse de banaliser les agressions physiques et verbales dont elles sont victimes.
«Arrive une banalisation des situations qui peuvent se produire dans les enjeux de santé et sécurité au travail, c’est-à-dire: c’est rendu banal pour une éducatrice de se faire mordre, de se faire cracher dessus, de se faire charger. C’est trop banalisé la situation et l’environnement de travail de ces éducatrices et éducateurs-là», rapporte Mme Mantha.
Pour l’année 2023-2024 seulement en Montérégie, 483 formulaires de déclaration d’événements accidentels ont été remplis, dont 367 qui impliquaient de la violence. Et 53 ont provoqué un arrêt de travail, relate la représentante syndicale. «C’est beaucoup.»
Ces conditions de travail font que l’attraction et la rétention de personnel sont difficiles.
«Une fois que nos membres déclarent ces situations-là, à partir de là, qu’est-ce que les employeurs mettent en place pour réduire ça, puis de s’assurer que les milieux soient sécuritaires?» demande Mme Mantha.