QUÉBEC — Pressé de toute part quant aux fermetures de classes en francisation un peu partout au Québec, le ministre de l’Immigration, Jean-François Roberge, a laissé entendre mercredi qu’il y aura bientôt plus de cours de français offerts aux nouveaux arrivants.
«On va annoncer des ouvertures et des augmentations d’offres de cours dans les prochaines semaines, dans les prochains mois», a affirmé le ministre en période de questions à l’Assemblée nationale, après avoir été interpellé par la députée solidaire Ruba Ghazal.
Des annonces de fermetures de classes de francisation se succèdent depuis quelques semaines au Québec.
«Le temps commence à presser»
La pression s’accentue sur le gouvernement Legault. Des acteurs du milieu de l’éducation ont fait une sortie mercredi à l’Assemblée nationale pour exiger la réouverture des classes de francisation.
«On demande au ministre de l’Éducation de revoir ses paramètres budgétaires, de défendre les enseignants et de répondre aux besoins des étudiants. Il n’est pas trop tard, mais le temps commence à presser», a affirmé le président de la Fédération des syndicats de l’enseignement, Richard Bergevin.
«Ce qu’on souhaite, c’est le retour des budgets auxquels on devrait avoir droit», a pour sa part soutenu le président de la Fédération québécoise des établissements d’enseignement, Nicolas Prévost.
Tous les partis d’opposition à Québec ont dénoncé les coupes dans l’offre dans les cours de francisation.
Vendredi dernier, le Parti libéral du Québec a réclamé une enquête du commissaire à la langue française, Benoît Dubreuil, arguant que le gouvernement «brise le contrat moral entre le Québec et les personnes qui viennent s’y établir».
«Restrictions budgétaires»
Même le fédéral s’en est mêlé. Dans une lettre envoyée à Jean-François Roberge mardi, le lieutenant politique de Justin Trudeau pour le Québec, Jean-Yves Duclos, indique avoir des «préoccupations» quant au fait que de nouveaux arrivants pourraient ne pas avoir accès à des cours de français en raison des «restrictions budgétaires» du gouvernement Legault. Il rappelle également qu’Ottawa finance la francisation au Québec.
La semaine dernière, le ministre Roberge a rejeté la responsabilité de la fermeture de ces classes sur les centres de services scolaires, affirmant que son gouvernement avait augmenté les budgets de la francisation. Son collègue de l’Éducation, Bernard Drainville, a affirmé que «la capacité de payer du gouvernement n’est pas illimitée».
Québec peine à faire face à la hausse fulgurante de la demande. Rappelons qu’il y a actuellement autour de 600 000 immigrants temporaires sur le territoire québécois. Les deux ministres caquistes blâment aussi le fédéral pour avoir admis trop de nouveaux arrivants, ce qui fait que le Québec a du mal à les franciser.