TORONTO — L’Ontario a fortement réduit son déficit prévisionnel pour l’année prochaine, une décision qui, selon l’opposition, vise à préparer le terrain pour un budget équilibré juste avant des élections qui pourraient avoir lieu au printemps.
Au début de l’année, le gouvernement Ford avait prévu un déficit de 4,6 milliards $ pour 2025-2026, mais, dans sa mise à jour économique présentée mercredi, ce déficit est maintenant fixé à 1,5 milliard $.
Le document montre que les revenus et les dépenses pour cet exercice financier sont en fait équilibrés et que la totalité du déficit prévu de 1,5 milliard $ est un fonds de prévoyance de 1,5 milliard $. La province maintient sa projection d’un léger excédent d’ici 2026-2027.
Mais le ministre des Finances, Peter Bethlenfalvy, a déclaré que la province ne s’engageait pas à équilibrer les comptes au printemps.
«Est-ce que j’espère que nous dépasserons nos prévisions? Absolument, mais l’espoir n’est pas une stratégie, c’est notre plan», a-t-il affirmé.
Les députés de l’opposition ont déclaré que les projets de construction d’un tunnel sous l’autoroute 401, l’envoi de chèques de 200 $ aux citoyens et la préparation d’un budget éventuellement équilibré pour l’année prochaine sont autant de preuves que M. Ford a des élections en tête.
«Presque tout ce que vous voyez dans cet énoncé économique d’automne montre simplement que le premier ministre fait passer ses propres intérêts politiques avant ceux des habitants de cette province, que le gouvernement a abandonnés», a soutenu le chef du Parti vert, Mike Schreiner.
La cheffe libérale, Bonnie Crombie, a suggéré qu’une réserve de 1,5 milliard $ pour couvrir l’ensemble du déficit de l’année prochaine n’est qu’un tour de passe-passe.
«Nous savons très bien qu’ils vont annoncer un budget équilibré. Bien sûr, ils vont transférer l’argent et prétendre qu’il n’y a pas de déficit et qu’ils ont équilibré les comptes, mais rien n’est plus éloigné de la vérité», a-t-elle déclaré.
De son côté, la cheffe du NPD, Marit Stiles, a affirmé que ce qui est vraiment préoccupant, c’est de savoir qu’«ils ne dépensent pas cet argent maintenant, alors que les gens en ont vraiment besoin».
De multiples facteurs
La province attribue les perspectives plus positives depuis le budget du printemps à la croissance démographique, à l’augmentation du nombre d’emplois, à la réduction de l’inflation, à la baisse des taux d’intérêt et aux modifications apportées par le gouvernement fédéral à l’impôt sur les plus-values.
La province prévoit de recevoir 7 milliards $ de plus en impôts que ce qui était prévu dans le budget du printemps.
Les modifications de l’impôt sur les plus-values proposées par le gouvernement fédéral n’ont pas encore été adoptées, mais l’Ontario les a déjà intégrées dans ses prévisions pour un montant de 3,3 milliards $.
M. Bethlenfalvy a déclaré qu’il s’attendait à ce que cette législation soit adoptée, même si le gouvernement libéral minoritaire est dans une position précaire et peut tomber à tout moment.
Le premier ministre Doug Ford a déjà fait savoir qu’il n’était pas favorable aux modifications apportées par le gouvernement fédéral à l’impôt sur les plus-values, mais qu’elles avaient permis d’améliorer les résultats de la province.
C’est une bonne nouvelle pour les Ontariens, se réjouit M. Bethlenfalvy.
«Cette réduction du déficit est due à un certain nombre de facteurs, notamment l’augmentation des recettes, la diminution des emprunts et, bien sûr, la baisse des intérêts de la dette. En fait, nos intérêts sur la dette par rapport aux revenus sont actuellement à leur niveau le plus bas depuis les années 1980», a-t-il indiqué.
MM. Ford et Bethlenfalvy avaient déjà annoncé deux éléments principaux de la mise à jour économique, qui fait office de mini-budget: la poursuite de la réduction de la taxe sur l’essence et un plan de 3 milliards $ pour envoyer des chèques de 200 $ à tous les contribuables de l’Ontario.
«Je ne me fais pas d’illusions sur le fait que cela soulagera toutes les pressions financières auxquelles sont confrontées les familles ontariennes, mais cela aidera. Je pourrais attendre quelques années, mais je pense que cette aide doit être apportée dès maintenant», a affirmé M. Bethlenfalvy.
Les critiques de l’opposition ont suggéré que les chèques, qui devraient être envoyés au début de l’année prochaine, sont programmés pour arriver avant une éventuelle élection au printemps.
M. Ford a refusé à plusieurs reprises d’exclure la possibilité de tenir des élections anticipées avant la prochaine date fixe de juin 2026, mais il a assuré qu’elles n’auraient pas lieu cette année. Les partis d’opposition se préparent à l’éventualité d’une élection au printemps prochain.
MM. Ford et Bethlenfalvy ont déclaré que la province pouvait se permettre d’envoyer des chèques d’une valeur de 3 milliards $ grâce à des recettes plus élevées que prévu en raison de l’impact de l’inflation sur la taxe de vente provinciale qui entre dans les coffres de l’État.
Les dépenses de programmes ont augmenté de 5 milliards $ par rapport au budget, principalement en raison des 3 milliards $ dépensés pour les chèques et d’un complément au fonds de prévoyance. Les dépenses totales de l’Ontario s’élèvent désormais à plus de 218 milliards $.
Bethlenfalvy muet sur le logement
M. Bethlenfalvy n’a pas mentionné le logement durant son discours à l’Assemblée législative mercredi.
Dans sa déclaration d’automne, l’Ontario a revu à la baisse ses prévisions concernant le nombre de nouveaux logements construits, semant le doute sur sa capacité à atteindre son objectif de 1,5 million de logements d’ici 2031.
La province n’a pas encore atteint son objectif annuel, bien qu’elle s’en soit approchée l’année dernière après avoir commencé à compter les nouveaux lits de soins de longue durée. L’Ontario a mis en chantier 81 300 logements depuis le début de l’année, alors que l’objectif était de 125 000.
Dans son discours, M. Bethlenfalvy a fait référence au projet de M. Ford de creuser un tunnel sous l’autoroute 401. La mise à jour financière ne prévoit aucune somme pour ce projet, qui fait actuellement l’objet d’une étude de faisabilité.
En ce qui concerne les recettes, le gouvernement s’attend à une augmentation éventuelle du dividende que la Régie des alcools de l’Ontario (LCBO) verse à la province en raison de l’élargissement de son rôle sur le marché de l’alcool, qui inclut désormais les dépanneurs.
Mais à court terme, cette augmentation est en partie compensée par des coûts de 99 millions $ cette année et de 80 millions $ l’année prochaine pour la mise en œuvre de cette expansion, comme le montre l’exposé économique d’automne.
Il montre également que la grève de deux semaines à la LCBO cet été a entraîné un manque à gagner de 102 millions $. La consommation d’alcool est en baisse, ce qui a eu une incidence sur les projections des succursales.
La province a également annoncé récemment qu’elle couvrirait les frais de scolarité de plus de 1000 étudiants en médecine qui s’engagent à pratiquer la médecine familiale en Ontario.
Elle consacre également 150 millions $ au prolongement du programme de fécondation in vitro.
De plus, la province accordera 100 millions $ supplémentaires sur deux ans aux municipalités dans le cadre d’un fonds général.
La dette totale de la province est passée à 429 milliards $, soit une augmentation de plus de 100 milliards $ depuis l’arrivée au pouvoir de Doug Ford en 2018.