MONTRÉAL — Devant le risque du déclenchement d’une grève aux Postes à compter de dimanche, le ministre fédéral du Travail, Steven MacKinnon, a rencontré les deux parties jeudi.
Le Syndicat des travailleurs et travailleuses des Postes (STTP), qui compte 55 000 membres dans l’ensemble du pays, sera en position légale de déclencher une grève à compter de dimanche.
Postes Canada a présenté mardi soir dernier des offres globales, que le STTP juge encore insuffisantes. Le compte à rebours est donc lancé.
C’est dans ce contexte que le ministre MacKinnon a révélé avoir rencontré Postes Canada et le syndicat jeudi.
«Les parties doivent faire le travail nécessaire afin de trouver un accord. Les accords négociés sont la meilleure façon d’avancer», a brièvement commenté le ministre, à l’issue de la rencontre.
Postes Canada avait déposé une nouvelle offre globale mardi soir dernier, bonifiant notamment l’augmentation de salaire proposée pour l’année 2024.
Mais le STTP, dans son évaluation préliminaire, la juge encore insuffisante. Il souligne que l’offre salariale bonifiée est maintenant de 11,97 % sur quatre ans, «ce qui est loin de ce que nous demandons et méritons», affirme-t-il.
Risque de grève
Les parties ont déjà tenté de se rapprocher en conciliation. Celle-ci est terminée. S’ensuit une phase de réflexion, en vertu des règles en vigueur. Cette phase prendra fin le 2 novembre. Le syndicat pourra, après cette date seulement, déclencher une grève, moyennant un préavis d’au moins 72 heures.
Cela ne veut pas dire qu’il s’agirait nécessairement d’une grève illimitée. Dans le passé, ce grand syndicat pancanadien a déjà eu recours à des grèves tournantes. Il s’agit alors de grèves qui touchent une province ou région à la fois, tour à tour.
Le syndicat, qui est affilié à la FTQ au Québec, n’est visiblement pas impressionné par les dernières offres globales. «D’après notre examen initial des nouvelles offres globales, il est évident que Postes Canada cherche à soumettre bon nombre de questions à l’arbitrage exécutoire. Une telle démarche retardera la finalisation de conventions collectives complètes et fera en sorte que les fonds seront redirigés vers les avocats et les arbitres plutôt que d’être investis pour améliorer vos conditions de travail», écrit-il dans un message adressé à ses membres.
Pour Postes Canada, le temps presse. «Il est urgent que les deux parties se concentrent sur la résolution des questions en suspens afin de conclure des ententes négociées. Un arrêt de travail aurait des conséquences importantes pour les entreprises que nous servons et les millions de personnes au Canada qui comptent sur nous, tout en aggravant la situation financière déjà difficile de l’entreprise», a fait savoir Postes Canada.
Parmi les points en litige, on note les augmentations de salaire, le régime de retraite et les avantages sociaux pour les futurs employés.
Des chèques livrés
Advenant le déclenchement de la grève, le syndicat s’est engagé à livrer les chèques de pension et de la sécurité du revenu.
«Le service postal public livre les chèques de pension et d’aide sociale, qui sont des éléments clés du filet de sécurité sociale. Le STTP ne veut pas que les personnes retraitées ou qui dépendent de l’aide gouvernementale paient le prix d’un conflit de travail, si ses membres sont mis en lock-out ou doivent recourir à la grève», avait-il indiqué en septembre.
Avis aux prestataires du Québec
Le gouvernement du Québec a aussi diffusé un communiqué à l’endroit des prestataires de services, en cas de grève aux Postes. Il invite notamment ceux qui le peuvent à opter pour le dépôt direct.
«Pour recevoir en toute sécurité vos prestations directement dans votre compte bancaire, inscrivez-vous au dépôt direct. Visitez votre dossier en ligne (si disponible), la section Web de Québec.ca du programme ou le site du ministère ou de l’organisme qui vous verse une prestation», a-t-il fait savoir.
Il pourrait cependant y avoir des délais. «Selon la date à laquelle vous présenterez votre demande, il se peut que votre inscription au dépôt direct ne soit pas en vigueur au moment du prochain versement de votre prestation.»