MONTRÉAL — À l’occasion d’une annonce sur une nouvelle stratégie misant sur la prévention en santé, le ministre de la Santé, Christian Dubé, a affirmé que le budget en santé ne cesse de gonfler au fil des ans au point où c’est devenu «intenable».
«Cette année le budget va dépasser 60 milliards $. En six ans, c’est une augmentation de 50 %», a-t-il déclaré devant une foule d’experts dans le cadre d’un colloque sur la santé de l’Université du Québec à Montréal (UQAM).
Le ministre Dubé et la ministre responsable des Aînés, Sonia Bélanger, ont annoncé vendredi matin que Québec prévoit de se doter d’une politique nationale sur la prévention au printemps prochain. Cette stratégie aura pour but d’agir davantage en amont pour alléger la pression sur les services de santé et sociaux.
Dans un communiqué du cabinet du ministère de la Santé, on souligne que le rôle du ministère est appelé à évoluer avec l’entrée en fonction de Santé Québec, prévue le 1er décembre. Dans ce contexte, le ministère a l’intention d’accorder «une place accrue à la prévention».
«Ça nous donne une occasion unique de repenser et recentrer la vision du ministère en séparant les opérations qui vont se faire maintenant au niveau du réseau. Il va y avoir beaucoup moins de confusion dans les orientations du ministère et les opérations d’un réseau de 350 000 employés», a soutenu M. Dubé.
Dans son allocution, il a rappelé que tous les Québécois ont le désir de vieillir en santé.
«On vit beaucoup plus vieux en ce moment qu’avant et le défi est de vivre les dernières années en santé. On doit s’assurer que ce vieillissement peut se faire de façon agréable», a-t-il déclaré. Il a fait valoir que malgré tous les efforts déployés dans les dernières années pour augmenter l’offre de soins, la demande dépasse toujours l’offre, notamment en raison de l’augmentation et du vieillissement de la population. «Si on ne travaille pas en amont, on va continuer d’avoir cette augmentation de la demande. Qu’est-ce qu’il faut faire? Il faut inverser la tendance», a-t-il dit.
Mme Bélanger a évoqué dans son discours la stratégie qu’elle avait auparavant présentée qui se nomme «La Fierté de vieillir». Il s’agit d’un plan sur cinq ans, adopté au conseil des ministres, contenant une centaine de mesures axées sur la santé des aînés. «On s’en va vers une politique nationale de soutien à domicile. Je veux aussi mentionner que nous travaillerons, c’est déjà débuté, à se doter d’une politique en lien avec l’Alzheimer», a-t-elle partagé.
Elle a précisé qu’il y aura au moins quatre axes dans la politique sur l’Alzheimer, dont un axe sur la prévention.
L’Association pour la santé publique du Québec (ASPQ) a salué l’annonce du gouvernement de miser sur la prévention. Dans un communiqué, le directeur général Thomas Bastien a fait valoir qu’une augmentation de la prévention des maladies est «indispensable à la viabilité» du système de soins public.
«Moins de maladies, c’est un meilleur accompagnement des patients, des souffrances inutiles évitées, un réseau plus efficace et résilient, des employés du réseau de la santé qui travaillent dans de meilleures conditions, ainsi que des finances mieux contrôlées. Il est temps que les Québécois puissent bénéficier d’actions en prévention. Le retour sur investissement qu’offrent ces mesures est bien démontré», a-t-il souligné.
Le Réseau FADOQ a également applaudi la stratégie à venir portant sur la prévention. Pour lui, il est prioritaire d’inclure dans cette stratégie une vision inclusive des loisirs et des sports, l’accélération du virage vers les soins et services à domicile ainsi qu’un meilleur accès.
L’organisme de personnes aînées trouve aussi important de couvrir les coûts de dispositifs médicaux essentiels tels que les prothèses auditives, les lunettes et les aides à la mobilité. Ce dernier aspect permettrait de réduire les inégalités d’accès et de renforcer l’autonomie des personnes âgées.
Faculté des sciences de la santé à l’UQAM
L’UQAM a profité de son colloque coprésenté avec l’ASPQ «Une nouvelle vision de la santé» pour annoncer la création d’une nouvelle Faculté des sciences de la santé. Cette faculté regroupera différents programmes de santé déjà existants au sein de l’université comme la psychologie, le travail social et l’intervention ergonomique. L’objectif est d’améliorer la synergie entre les programmes et d’investir dans de nouveaux champs d’études et de recherche.
«La vision de l’UQAM en santé est centrée sur une approche globale, interdisciplinaire et collaborative. Loin de se limiter au traitement de la maladie, elle vise le maintien de la santé grâce à des approches tournées vers la prévention, une priorité gouvernementale, la promotion de modes de vie sains et la résilience communautaire», a indiqué dans un communiqué le recteur de l’UQAM, Stéphane Pallage.
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