La communauté politique de Saint-Jean a accueilli la nouvelle du refus de la zone d’innovation sans grande surprise, la semaine dernière, et elle voit d’un œil positif l’annonce de la création d’un Centre de recherche et d’innovation (CRI) en sécurité civile et publique.
« C’est sûr que je suis déçue », admet la mairesse Andrée Bouchard en entrevue, mardi soir, après la séance du conseil municipal. Mme Bouchard, qui est aussi administratrice au conseil d’administration de NexDev, n’envisage toutefois pas de modifier les axes de recherche du projet : « Je crois toujours que l’objet de la zone d’innovation, c’est-à-dire la sécurité publique pour assurer une meilleure résilience des populations au dérèglement climatique […], était très pertinent. »
De son côté, le député de Saint-Jean, Louis Lemieux, a salué les démarches accomplies par NexDev et ses partenaires. « Le travail qu’ils ont fait pour aller à la recherche de bailleurs de fonds, à la recherche de partenaires, à la recherche d’instituts de haut savoir, c’est un travail […] qui a été récompensé à bien des égards et ça, c’est un grand succès », indique-t-il.
Il se dit optimiste pour la suite des choses, rappelant que même sans la désignation de zone d’innovation, la création d’une « super spécialisation » dans un domaine donné stimule quand même la vitalité de la région.
Investisseur
M. Lemieux et Mme Bouchard confirment que le manque d’un investisseur de grande envergure est l’un des critères qui n’étaient pas remplis lors de l’évaluation finale faite par le ministère de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie (MEIE).
« L’avantage de [la zone d’innovation de] Bromont, c’est qu’ils avaient un gros joueur, l’entreprise IBM, qui avait quelques centaines de millions à mettre sur le projet, ce que nous n’avons pas réussi à avoir », observe la mairesse de Saint-Jean-sur-Richelieu.
Le MEIE n’a pas dévoilé les raisons de son refus, expliquant seulement que le projet du Haut-Richelieu « ne répondait pas aux critères de réussite et de sélection pour la création d’une zone d’innovation de calibre mondial », dans un courriel envoyé au Canada Français.
CRI
Loin d’écarter le projet en entier, le MEIE s’est offert pour accompagner NexDev à développer le plan d’affaire du CRI. Une autre évaluation sera effectuée par le ministère après cette étape « afin d’évaluer sa pertinence et les possibilités de financement », annonce aussi le MEIE dans son courriel. Selon un communiqué de NexDev, l’aspect de préparation aux changements climatiques qui se trouve au cœur de la sécurité civile et publique est celui qui a le plus intéressé le MEIE.
Le projet de CRI ne part pas de la case zéro. Il reprendra le bâtiment H2 et les terrains acquis par NexDev au sud de l’aéroport pour construire le centre d’innovation et permettre aux différents acteurs de s’installer dans le Haut-Richelieu. NexDev prévoit qu’environ quatre millions de pieds carrés seront disponibles pour les jeunes pousses (startups), les organismes et les instituts universitaires intéressés.
Une centaine d’entreprises a déjà été approchée par NexDev. Un mélange de startups et d’entreprises de plus grande envergure, du calibre de Rheinmetall, Logistik Unicorp ou Groupe Cambli, pourra être hébergé dans le CRI. La création d’une Unité mixte de recherche interordre (UMRI) est également prévue. Cette unité fera l’objet d’un partenariat entre NexDev, l’Institut national de recherche scientifique et des chercheurs d’autres établissements d’enseignement supérieur.