MONTRÉAL — Les nouveaux médecins formés dans les universités québécoises devront passer les premières années de leur pratique dans le réseau public… du Québec. Ceux qui voudraient aller pratiquer au privé, dans une autre province ou ailleurs dans le monde dès la fin de leurs études au Québec s’exposeront à des «conséquences».
C’est ce qu’a affirmé lundi matin le ministre de la Santé, Christian Dubé, lors d’une entrevue accordée à l’animateur Patrick Lagacé sur les ondes du 98.5, à Montréal.
Le ministre Dubé a révélé dimanche son intention de déposer un projet de loi visant à obliger les nouveaux médecins de famille et médecins spécialistes formés au Québec à pratiquer dans le réseau public québécois «pendant les premières années» suivant la fin de leurs études.
L’idée derrière cette proposition est que, puisque l’État finance la formation des médecins au Québec, la population est en droit d’avoir accès aux «soins pour lesquels elle paie», a fait valoir le gouvernement.
Le ministre Dubé veut donc que les nouveaux médecins travaillent dans le réseau public pendant «quelques années» et qu’ils ne quittent pas vers le privé dès la fin de leurs études, mais aussi, vers d’autres provinces ou pays.
Ainsi, un jeune étudiant ontarien qui viendrait faire ses études à l’Université McGill, comme l’a suggéré M. Lagacé lors de l’entrevue, devrait exercer sa pratique pendant un certain temps au Québec avant de pouvoir rentrer en Ontario, si tel est son souhait.
S’il ne respectait pas cette exigence, il y aurait des «conséquences».
«Il y aura des conséquences. Quelles seront ces conséquences-là? Je pense que c’est ça qu’on va discuter dans ce projet de loi», a mentionné M. Dubé.
Pour le moment, le gouvernement ne précise pas pendant combien de temps s’appliquera cette obligation. Le projet de loi contenant tous les détails de la proposition sera déposé d’ici la fin de l’actuelle session parlementaire, pour être étudié le printemps prochain.
Selon le ministre Dubé, l’idée de demander aux médecins formés au Québec de faire leur part en travaillant minimalement un certain temps dans le réseau public est abordée depuis plusieurs années, et il est temps d’agir.
«Je pense que les Québécois, ce matin, quand ils regardent ça très froidement, la logique derrière ça, c’est de dire: la société investit beaucoup dans ses médecins, en termes de dollars, je pense qu’il est tout à fait naturel que ces médecins-là, à la sortie de leurs cours, puissent redonner au système public», a justifié M. Dubé.
Le ministre a fait cette sortie alors que le Collège des médecins a énoncé ses propres principes concernant le privé en santé, dans lesquels il demande notamment que «l’expansion du secteur privé en santé soit suspendue immédiatement».
Québec estime que la formation d’un médecin coûte entre 435 000 $ et 790 000 $ en incluant la résidence. Le gouvernement dit observer une tendance à la hausse des médecins qui quittent vers le réseau privé, alors que le nombre de médecins qui travaillent exclusivement au privé a augmenté de 70 % depuis 2020.
Le ministre Dubé a précisé que sa proposition concernant la rétention des nouveaux médecins dans le réseau public n’est pas la seule mesure qui sera mise en place, puisque d’autres suivront ultérieurement. Il n’a pas spécifié lesquelles.