Murray Sinclair, qui a présidé la Commission de vérité et réconciliation, est décédé

Brittany Hobson, La Presse Canadienne
Murray Sinclair, qui a présidé la Commission de vérité et réconciliation,  est décédé

WINNIPEG — Murray Sinclair, qui a présidé la Commission de vérité et réconciliation sur les pensionnats autochtones, est décédé lundi à l’âge de 73 ans.

M. Sinclair, né à une époque où les peuples autochtones n’avaient pas encore le droit de vote, est devenu l’une des personnes les plus décorées et les plus influentes à œuvrer dans le domaine de la justice et de la défense des droits des autochtones.

Ancien juge et sénateur, l’un des rôles les plus importants de M. Sinclair a été de présider la Commission de vérité et réconciliation.

Il est décédé paisiblement lundi matin dans un hôpital de Winnipeg, a annoncé sa famille dans un communiqué.

M. Sinclair était père de cinq enfants et grand-père.

«Mazina Giizhik («Celui qui parle d’images dans le ciel») a consacré sa vie au service du peuple: il a créé le changement, révélé la vérité et dirigé avec équité tout au long de sa carrière», a déclaré le communiqué, soulignant son nom traditionnel anishinabé.

Plusieurs personnalités lui ont rendu hommage au pays, dont le premier ministre du Canada Justin Trudeau.

«En tant que commissaire en chef de la Commission de vérité et réconciliation, il nous a incités à affronter les chapitres les plus sombres de notre histoire – parce qu’il pensait que nous pouvions en tirer des leçons et en ressortir grandis», a-t-il écrit sur la plateforme X.

«Nous sommes profondément attristés par la perte d’un ami et d’un éminent leader canadien qui s’est fait le champion des droits de la personne, de la justice et de la vérité», a affirmé la gouverneure générale Mary Simon.

L’Assemblée des chefs du Manitoba a déclaré que M. Sinclair «a brisé des barrières et inspiré d’innombrables personnes à poursuivre la réforme et la justice avec courage et détermination».

Le maire de Winnipeg, Scott Gillingham, a qualifié M. Sinclair de leader en matière de justice, d’éducation et de réconciliation.

«Son décès est particulièrement triste, car le chemin qu’il a commencé est toujours en cours, et il reste encore beaucoup à faire».

Victime de discrimination

Né en 1951, M. Sinclair a grandi dans l’ancienne réserve de St. Peter’s, au nord de Winnipeg. Il était membre de la Première Nation de Peguis.

Il a été élevé par ses grands-parents et a obtenu son diplôme d’une école secondaire à Selkirk, au Manitoba, où il a excellé en athlétisme.

Certains de ses premiers souvenirs d’enfance ont été publiés plus tôt cette année dans ses mémoires, «Who We Are: Four Questions for a Life and a Nation».

Dans ce livre, Murray Sinclair décrit la discrimination dont il a été victime en tant qu’Anishinabe dans une école non autochtone.

«Bien que moi et d’autres ayons réussi dans ce système, cela n’a pas été sans coût pour notre propre humanité et notre sens du respect de soi. C’est l’héritage que nous subissons tous aujourd’hui», a-t-il écrit.

M. Sinclair a ensuite travaillé comme assistant du député Howard Pawley, avant que ce dernier ne devienne premier ministre.

Premier juge autochtone au Manitoba

En 1979, Murray Sinclair a obtenu son diplôme en droit à l’Université du Manitoba.

En 11 ans, il est devenu le premier juge autochtone du Manitoba – le deuxième au Canada – lorsqu’il a été nommé juge en chef adjoint de la Cour provinciale. En 2001, il a été nommé à la Cour du Banc de la Reine.

En tout, il a été juge pendant 28 ans.

Il a été coprésident de la Commission d’enquête sur l’administration de la justice et les Autochtones, qui visait à déterminer si le système judiciaire avait laissé tomber les peuples autochtones après le meurtre d’Helen Betty Osborne et la mort par balle de J.J. Harper par la police.

M. Sinclair a également dirigé la Commission d’enquête sur le service de cardiochirurgie infantile dans la foulée du décès de 12 enfants au Centre des sciences de la santé de Winnipeg.

En tant que chef de la Commission de vérité et réconciliation, il a participé à des centaines d’audiences partout au Canada et a entendu le témoignage de milliers de survivants des pensionnats.

Les commissaires ont publié leur rapport final très influent en 2015, qui décrivait ce qui s’était passé dans ces institutions comme un génocide culturel et comprenait 94 appels à l’action.

«L’éducation est la clé de la réconciliation, a soutenu M. Sinclair. L’éducation nous a mis dans ce pétrin et l’éducation nous en sortira.»

Une vie marquée par plusieurs distinctions

Deux ans plus tard, lui et les autres commissaires ont reçu la Croix du Service méritoire pour leur travail. C’était l’une des nombreuses distinctions que M. Sinclair a reçues au cours de sa carrière.

En 1994, il a reçu un Prix national d’excellence décerné aux Autochtones, aujourd’hui les prix Indspire, dans le domaine de la justice. En 2017, il a reçu un prix d’excellence pour l’ensemble de ses réalisations de la part de l’organisation.

Il a également reçu le prix d’excellence en matière d’égalité de l’Association du Barreau du Manitoba en 2001 et la médaille du Président de l’Association du Barreau canadien en 2018.

En 2016, Murray Sinclair a été nommé au Sénat. Il a pris sa retraite de ce poste en 2021.

L’année suivante, il a reçu l’Ordre du Canada pour avoir consacré sa vie à la défense des droits et des libertés des peuples autochtones.

En acceptant cet honneur, M. Sinclair a déclaré qu’il voulait montrer au pays que travailler sur les questions autochtones nécessite un effort national.

«Lorsque je parle aux jeunes, je leur dis toujours que nous avons tous la responsabilité de faire de notre mieux et d’être les meilleurs possibles», a-t-il déclaré.

Problèmes de santé

Murray Sinclair a limité ses engagements publics ces dernières années en raison d’une santé déclinante.

Dans ses mémoires, M. Sinclair a décrit comment il a vécu avec une insuffisance cardiaque congestive. Des lésions nerveuses l’ont conduit à devoir se déplacer en fauteuil roulant.

Les mémoires de Murray Sinclair ont été publiées en septembre. Dans ce livre, il a continué de souligner l’importance pour les Canadiens de passer à l’action.

«Nous savons que les choses ne s’amélioreront pas du jour au lendemain. Cela prendra des générations. C’est ainsi que les dommages ont été causés et c’est ainsi qu’ils seront réparés», a-t-il expliqué.

«Mais si nous nous entendons sur l’objectif de la réconciliation et acceptons de travailler ensemble, le travail que nous accomplissons aujourd’hui renforcera considérablement le tissu social du Canada de demain.»

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