OTTAWA — Le Haut Commissaire des Nations unies pour les réfugiés estime qu’il est judicieux pour le Canada de réduire le nombre de nouveaux réfugiés qu’il prévoit réinstaller si cela contribue à stabiliser le marché du logement et à éviter des réactions négatives contre les nouveaux arrivants.
Filippo Grandi a rencontré le premier ministre Justin Trudeau à Ottawa, lundi.
Sa visite intervient un peu plus d’une semaine après que le gouvernement fédéral eut annoncé son intention de réduire les niveaux globaux d’immigration de 20 % d’ici 2025 – une réduction qui inclut les réfugiés et les personnes protégées.
Le gouvernement a cité les pressions sur les logements disponibles comme l’une des raisons de la nouvelle politique.
M. Grandi affirme que le Canada reste un leader mondial en matière de réinstallation, mais que le sentiment favorable aux réfugiés est fragile en cas de crise économique ou du logement et qu’il serait «vraiment négatif» de le voir détruit.
«Sans un logement de qualité, l’intégration est difficile ou menace la cohésion sociale entre les résidants du Canada qui sont touchés par la crise du logement et les gens qui arrivent et se disputent un logement», a-t-il expliqué en entrevue lundi.
«Je pense que, dans ces situations, il est sage de mettre de l’ordre dans les choses, de stabiliser, de consolider, car sinon, il y a un grand nombre d’immigrants qui arrivent, ce qui est formidable dans un contexte mondial, mais cela pourrait créer des problèmes, des réactions négatives au niveau local.»
Il a ajouté que, lorsque des crises économiques ou du logement frappent, l’intégration des réfugiés doit être gérée avec une extrême prudence.
Les nouveaux objectifs fixés verraient le nombre prévu de réfugiés qui se verraient accorder le statut de résident permanent au Canada réduit de 14 400 en 2025 par rapport au plan établi l’année dernière.
La réduction est encore plus marquée pour les personnes protégées au Canada et leurs personnes à charge à l’étranger, qui devraient chuter de 31 % par rapport au plan précédent du gouvernement.
Cette décision a été condamnée par des groupes de migrants, notamment le Conseil canadien pour les réfugiés, qui a qualifié le nouveau plan de dangereux et de trahison.
«Il n’est pas exagéré de dire que les mesures prises aujourd’hui priveront des enfants de leur avenir et détruiront des familles. Des gens perdront la vie», a soutenu la présidente du conseil, Diana Gallego, dans un communiqué, lorsque les libéraux ont dévoilé leur nouveau plan.
Le Canada a joué un rôle majeur dans la réinstallation des réfugiés syriens, ukrainiens et afghans au cours des dernières années, bien que les programmes pour chacun d’entre eux aient varié.
Les objectifs proposés permettront au Canada d’honorer tous ses engagements existants liés aux réfugiés, a déclaré le ministre de l’Immigration, Marc Miller, mais le gouvernement doit maintenant faire le point.
«Si nous voulons continuer à être un pays ouvert et accueillant, il doit y avoir des paramètres raisonnables autour des différentes enveloppes dans lesquelles nous accueillons les gens. Sinon, ils sont tous menacés», a-t-il déclaré lors d’une entrevue.
M. Grandi dit espérer que les cibles pourront être à nouveau augmentées une fois que le pays disposera des ressources et des logements nécessaires pour intégrer les nouveaux arrivants.