Controverse linguistique: «Mes propos étaient inappropriés», admet Brock en Chambre

Michel Saba, La Presse Canadienne
Controverse linguistique: «Mes propos étaient inappropriés», admet Brock en Chambre

OTTAWA — Le député conservateur Larry Brock s’est finalement excusé discrètement devant la Chambre des communes après avoir reproché il y a près de deux semaines au ministre Jean-Yves Duclos d’avoir répondu en français à une question posée en anglais.

«Je veux présenter encore une fois mes sincères excuses au ministre des Services publics et à tous mes collègues», a-t-il déclaré en français, mardi soir, sans tambour ni trompette, a-t-on appris dans la foulée de l’annulation d’une réunion d’un comité parlementaire prévue jeudi.

Le député ontarien, qui représente la circonscription de Brantford—Brant, a poursuivi en anglais que les députés sont libres de s’exprimer dans la langue officielle de leur choix. «Mes propos étaient inappropriés. Je suis désolé», a-t-il ajouté.

Les excuses de M. Brock ont été faites sans tambour ni trompette lors d’un rappel au règlement à la fin d’une séance où les conservateurs continuaient de paralyser les travaux de la Chambre des communes, comme ils le font depuis un mois maintenant avec la bénédiction du Bloc québécois et du Nouveau Parti démocratique (NPD).

En parallèle, les troupes de Pierre Poilievre tentaient d’éviter à leur collègue d’être condamné par le comité des langues officielles pour ses propos.

Là encore, pour éviter la tenue d’un vote, qu’ils allaient vraisemblablement perdre, les conservateurs ont multiplié les discours inutiles pendant trois réunions, puisque le règlement prévoit que les députés peuvent s’exprimer sur une motion tant et aussi longtemps qu’ils le souhaitent.

«Satisfait, mais pas tout à fait»

Questionné à son arrivée au parlement, jeudi, le député libéral Angelo Iacono, soit celui qui avait déposé initialement la motion, s’est dit «satisfait (des excuses), mais pas tout à fait».

«J’aurais aimé qu’il les fasse (…) après la période des questions comme ça tout le monde est là pour entendre ses excuses. Il a décidé de les faire à la fin d’une séance parlementaire aux alentours de 7 h. Personne n’était présent», a-t-il déclaré.

Les libéraux estimaient que le député Brock avait manqué de respect aux francophones et l’accusaient aussi d’avoir ensuite menti en prétendant que son oreillette était défectueuse.

M. Iacono invitait d’ailleurs les conservateurs à «mettre de côté leurs beaux mots et leurs grands discours» sur le français «s’ils passent l’éponge sur les multiples dénigrations du français et des francophones de leurs collègues».

Dans ses efforts visant à trouver un compromis, le porte-parole conservateur en matière de langues officielles, Joël Godin, avait reconnu la semaine dernière au nom de son parti que les propos de M. Brock étaient «inacceptables».

Les conservateurs insistaient aussi que M. Brock s’était excusé sur X, mais ce n’était pas suffisant du point de vue des autres partis, qui voulaient que cela se fasse en bonne et due forme dans la Chambre était donné que c’est là où «le manquement» a eu lieu.

Les porte-parole du Bloc et du NPD, respectivement Mario Beaulieu et Niki Ashton, s’étaient indignés que les conservateurs perdent le temps du comité avec de l’obstruction alors que leur collègue devrait simplement s’excuser en Chambre.

Les libéraux avaient précisé que «le tour (serait) réglé» si les excuses sont faites en Chambre, autrement dit qu’ils tourneraient vraisemblablement la page. À ce sujet, M. Iacono a laissé entendre jeudi qu’il retirerait sa motion. «On va certainement passer à autre chose», a-t-il déclaré.

M. Brock n’est pas le seul élu conservateur qui avait reproché à des libéraux de s’exprimer en français. Sa collègue albertaine Rachael Thomas avait demandé il y a un an à la ministre du Patrimoine canadien, Pascale St-Onge, de répondre à ses questions en anglais devant un comité parlementaire.

Mme Thomas, qui est porte-parole en matière de Patrimoine canadien, ne s’est jamais excusée directement à la ministre, et encore moins à l’oral. Elle s’était contentée de transmettre un message à la présidente du comité lui demandant de transmettre des excuses à la ministre.

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