HALIFAX — La croissance démographique en Nouvelle-Écosse a fait l’objet de débats, jeudi, lors de la douzième journée de la campagne électorale, le chef libéral Zach Churchill affirmant que les niveaux d’immigration devraient être réduits jusqu’à ce que la province puisse fournir suffisamment de logements et de services de santé aux citoyens.
M. Churchill a estimé que le plan des progressistes-conservateurs au pouvoir visant à doubler la population de la province d’ici 2060, pour atteindre deux millions d’habitants, était irréaliste et intenable.
«Il s’agit d’un grand bond en avant et ça rend la vie plus difficile pour les gens qui vivent ici, (notamment) les jeunes qui cherchent un endroit où vivre et les personnes âgées qui aimeraient déménager dans un logement plus petit», a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse à la permanence de sa campagne, à Halifax.
Prévoyant que son appel à une réduction de l’immigration pourrait provoquer des protestations des milieux de l’immigration, M. Churchill a pris soin de souligner qu’il faisait lui-même partie de la troisième génération d’une famille qui a immigré en Nouvelle-Écosse depuis le Liban.
«Je connais la valeur de l’immigration et son importance pour notre province. Nous avons été bâtis sur le dos d’une population immigrante. Mais nous devons simplement le faire de manière responsable», a-t-il soutenu.
Le chef libéral affirme que les conservateurs de Tim Houston, qui briguent un second mandat, ont commis une erreur en dépassant les seuils fixés par le ministère du Travail et de l’Immigration. M. Churchill a déclaré qu’un gouvernement libéral respecterait les seuils d’immigration du ministère, «qui sait où se trouvent les pénuries de main-d’œuvre et quelle croissance est durable».
Au cours du dernier exercice financier, le gouvernement a accueilli près de 12 000 immigrants par l’entremise du Programme des candidats des provinces, dépassant de plus de 4000 les seuils du ministère, a soutenu M. Churchill.
Cette augmentation n’est pas énorme, mais elle n’aidera pas à atténuer les pénuries de logements et de médecins dans la province, ni la pression accrue sur les infrastructures, notamment les routes, les écoles et les réseaux de téléphonie mobile, a estimé le chef libéral.
Le chef conservateur a répondu jeudi que son engagement à doubler la population était un «objectif ambitieux» et il a rappelé que la Nouvelle-Écosse avait longtemps lutté contre une baisse démographique, avant que cette tendance ne s’inverse récemment.
«Les seuls immigrants qui peuvent entrer dans cette province à l’heure actuelle sont les travailleurs qualifiés ou les travailleurs de la santé, a déclaré M. Houston. La population a augmenté de 2 % par année, une croissance assez similaire à celle que nous avons connue sous le gouvernement libéral qui nous a précédés.»
Malgré tout, M. Houston a déclaré qu’il avait entendu les préoccupations des Néo-Écossais au sujet de la croissance démographique. Il a ensuite critiqué le premier ministre Justin Trudeau pour avoir tenté d’envoyer 6000 demandeurs d’asile en Nouvelle-Écosse — une affirmation que le gouvernement fédéral a niée.
M. Churchill a qualifié de «honteuses» les allégations de M. Houston au sujet des demandeurs d’asile. En septembre dernier, le ministre fédéral de l’Immigration, Marc Miller, avait déclaré qu’il n’y avait aucun plan pour envoyer des demandeurs d’asile dans la province sans compensation ou sans le consentement du premier ministre. Il avait indiqué que 6000 était un nombre «ambitieux» basé sur des modèles qui reflètent la population de chaque province.
Plus de logements, dit le NPD
À Halifax, la cheffe néo-démocrate, Claudia Chender, a déclaré que la Nouvelle-Écosse avait clairement besoin de plus de médecins. «L’immigration a toujours fait partie de l’histoire de la Nouvelle-Écosse et elle en fera toujours partie, mais nous devons construire à mesure que nous grandissons», a dit Mme Chender. «C’est pourquoi nous avons poussé le gouvernement Houston à construire davantage de logements abordables.»
Mme Chender a par ailleurs promis jeudi que son parti supprimerait la part provinciale de la taxe de vente harmonisée (TVH) de toutes les factures d’épicerie, de téléphone cellulaire et d’Internet si elle était portée au pouvoir le 26 novembre. La taxe serait également supprimée de la vente et de l’installation de thermopompes.
Le NPD estime que cette mesure permettrait à la famille néo-écossaise moyenne d’économiser environ 1300 $ par année. «C’est beaucoup plus qu’une réduction de 1 ou 2 % du taux de la TVH», a déclaré Mme Chender, en référence à la promesse des conservateurs de réduire ce taux d’un point de pourcentage et à celle des libéraux de le réduire de deux points.
M. Houston a par ailleurs annoncé jeudi qu’un gouvernement conservateur rendrait le stationnement gratuit dans tous les hôpitaux et centres de soins de santé de la Nouvelle-Écosse. Cette promesse a également été faite par les libéraux dans leur plateforme électorale publiée lundi.
Les données d’Élections Nouvelle-Écosse indiquent qu’après la clôture officielle des candidatures mercredi, les conservateurs, les néo-démocrates et les libéraux ont présenté officiellement une liste complète de candidats dans les 55 circonscriptions, tandis que le Parti vert en présente 23.
Au moment de la dissolution à l’Assemblée législative, les progressistes-conservateurs détenaient 34 sièges, les libéraux 14 et les néo-démocrates six; il y avait un député indépendant.