OTTAWA — mais Donald Trump devrait durcir le ton en matière de commerce au cours de son deuxième mandat à la présidence des États-Unis, ce qui posera au Canada des défis différents de ceux durant son premier séjour à la Maison-Blanche.
La ministre des Finances, Chrystia Freeland, a projeté le calme après les résultats des élections, rassurant les Canadiens sur le fait que le gouvernement est bien équipé pour travailler à nouveau avec une administration Trump.
Mais Goldy Hyder, président du Conseil canadien des affaires, prévient que le passé pourrait ne pas offrir une bonne feuille de route pour faire face à une deuxième présidence Trump.
M. Hyder affirme que le président élu bénéficie d’un soutien solide de la part du public américain pour sa plateforme de fermeté en matière de commerce, qui comprend une promesse d’imposer des tarifs de 10 à 20 % sur toutes les marchandises entrant aux États-Unis.
Si le Canada veut convaincre les États-Unis qu’il est un partenaire économique fiable digne de dérogations, M. Hyder a estimé que des mesures comme l’arrêt du transport ferroviaire cet été et le plafond d’émissions récemment annoncé pour le secteur pétrolier et gazier ne l’aideront pas.
«L’Amérique s’intéresse à sa propre sécurité économique et à sa propre sécurité nationale, et elle dresse une liste d’amis et d’ennemis, et de tout ce qui se trouve entre les deux. Et nous devons nous assurer que nous sommes en haut, et non pas près du haut, de la liste d’amis», a déclaré M. Hyder.
La ministre Freeland a souligné mercredi que le Canada avait conclu un accord de libre-échange renégocié avec les États-Unis alors que Donald Trump était président. Elle a ajouté que le gouvernement fédéral partageait également les inquiétudes de M. Trump concernant la surproduction chinoise.
M. Hyder a déclaré qu’il était important de mettre l’accent sur les priorités communes, mais qu’il ne suffirait pas à une administration Trump de négliger les points de discorde, notamment la taxe sur les services numériques imposée par les libéraux aux géants de la technologie qui gagnent des revenus au Canada.
«Ces autres irritants que j’ai mentionnés attireront également leur attention, et je pense de manière beaucoup plus sérieuse, en particulier la défense», a-t-il déclaré, notant qu’une augmentation des dépenses de défense sera une «obligation» pour éviter d’attiser la colère de l’Amérique.
En février dernier, M. Trump a indiqué qu’il ne défendrait pas un membre de l’OTAN qui ne consacre pas le montant convenu à la défense, suggérant qu’il encouragerait la Russie à faire «tout ce qu’elle veut» à ces pays.
L’accord Canada-États-Unis-Mexique, négocié pendant le premier mandat Trump pour remplacer l’ALENA, doit également être révisé en 2026. Le président élu Trump a promis de le renégocier.
Stephen Tapp, économiste en chef à la Chambre de commerce du Canada, a déclaré que M. Trump adopterait probablement une position plus combative dans les négociations commerciales cette fois-ci.
«L’homme des tarifs est de retour, a déclaré M. Tapp. Cela va être terrifiant pour les exportateurs canadiens et probablement pour les décideurs politiques canadiens de réfléchir à la manière de traiter avec Trump lors d’un second mandat.»
Il explique que les entreprises planifient divers scénarios et qu’il incombe au gouvernement de faire de même.
Selon un rapport rédigé par le professeur d’économie de l’Université de Calgary Trevor Tombe pour la Chambre de commerce, un tarif douanier américain de 10 % — en plus des tarifs de rétorsion d’autres pays — coûterait aux Canadiens en moyenne 1100 $ en perte de revenu chaque année.
Un peu plus de 24 heures après la déclaration de la victoire de M. Trump, le premier ministre Trudeau a relancé un comité clé du Cabinet sur les relations canado-américaines et a nommé Mme Freeland pour le présider.
Elle a dirigé les négociations pour le nouvel accord de libre-échange nord-américain qui a été signé pendant le premier mandat de Donald Trump.
La ministre du Commerce Mary Ng a déclaré jeudi que le gouvernement canadien avait entendu des entreprises américaines dire qu’elles craignaient que les tarifs douaniers ne leur nuisent également.
«J’espère que ces entreprises américaines partageront leur point de vue avec leur nouvelle administration», a déclaré la ministre Ng.
«Notre engagement envers les entreprises canadiennes est que vous nous avez toujours vu défendre les intérêts canadiens, toujours défendre les travailleurs canadiens. Cela ne changera pas.»