MONTRÉAL — Mission accomplie pour Osleys Iglesias au Cabaret du Casino de Montréal, jeudi. Le Cubain a passé le K.-O. à l’Allemand d’origine ukrainienne Petro Ivanov au cinquième round pour défendre une troisième fois son titre mondial des super-moyens de l’International Boxing Organization (IBO).
Lors d’une rare contre-attaque, Iglesias (13-0, 12 K.-O) a solidement touché Ivanov (18-1-2, 13 K.-O.) d’une combinaison droite-gauche qui a renversé le challenger.
Debout au compte de huit, Ivanov n’a toutefois pas résisté à l’inspection de l’arbitre Albert Padulo fils, qui a officiellement stoppé le combat après 40 secondes d’action au cinquième.
«J’ai fait le travail que j’avais à faire et j’ai senti qu’il commençait à perdre le contrôle, a expliqué Iglesias par le truchement d’un interprète. J’ai pris mon temps et j’ai saisi l’opportunité.»
S’il s’agissait d’une rare contre-attaque d’Iglesias, c’est qu’Ivanov a été incapable de s’installer dans ce combat. Dans les deux premiers rounds, Iglesias a pris le contrôle du ring avec des jabs efficaces.
Ivanov a tenté de faire tourner le vent au troisième en adoptant une nouvelle tactique, alors qu’il a tenté d’amener le combat davantage au corps à corps. Iglesias a toutefois réussi à garder son adversaire au bout du poing et l’Allemand a chèrement payé le prix, encaissant de solides crochets et quelques uppercuts.
«Je lui ai fait mal au troisième, a ajouté Iglesias. Je savais que j’allais l’emporter à partir de ce moment.»
Au quatrième notamment, Iglesias s’est approché avec un jab incisif avant de placer quatre crochets en combinaison à la tête de son adversaire, qui avait le nez ensanglanté depuis quelques rounds et respirait plus difficilement.
On ne peut dire du mal du courage d’Ivanov, qui s’est relancé à l’attaque au cinquième, jusqu’à la combinaison fatidique. Mais il n’a pas été en mesure d’ébranler le champion.
«Il ne m’a pas fait mal, mais il m’a frappé avec un bon coup de poing. Ça m’a réveillé, a raconté Iglesias. Ça ne m’a pas pris de temps à reprendre le contrôle du combat.»
Camille Estephan, président d’Eye of the Tiger Management, tentera maintenant de placer son protégé de façon plus envieuse dans les classements, lui qui occupe présentement le septième échelon à l’IBF.
«C’est un talent très spécial. On savait qu’il était capable de cogner, qu’il était hargneux, discipliné et qu’il avait un bon entraîneur et un bon encadrement. On ne savait pas à quel point il était un bon boxeur et il l’a montré ce soir, a indiqué Estephan. C’est le meilleur boxeur qu’on a signé depuis [Arthur] Beterbiev et [Christian] Mbilli. Son plafond est tellement élevé. On ne peut pas en être plus heureux.»
Premier titre pour Asanau
Dzmitry Asanau (9-0, 4 K.-O.) a mis la main sur une première ceinture en défaisant Matias Rueda (38-3, 32 K.-O.) quand son coin a — littéralement — lancé la serviette à 2:58 du cinquième round d’un combat prévu pour 10.
Asanau, qui a contrôlé la majeure partie du combat, a vu une faille au cinquième et s’est rué sur l’Argentin de 36 ans. Il a d’abord touché d’un violent uppercut de la gauche, avant d’enchaîner avec une combinaison de plusieurs crochets à la tête.
Il ne s’agissait d’ailleurs pas des premiers bons moments d’Asanau, qui a touché Rueda tôt dans le combat. L’Argentin a été coupé au nez très tôt dans le combat, saignant abondamment. Asanau l’a aussi solidement touché d’une droite au troisième.
L’expérience de Rueda lui a permis de se faire respecter en certains moments, notamment au deuxième, alors qu’il a surpris Asanau d’un crochet de la gauche à la tempe en contre-attaque. L’Émirati a eu besoin de quelques instants pour reprendre ses esprits. L’Argentin Rueda en a profité pour connaître ses meilleurs moments du combat. Ce ne fut toutefois pas suffisant.
L’Émirati a ainsi remporté le titre Continental des Amériques du World Boxing Council (WBC) des légers, une performance convaincante qui devrait lui permettre d’emprunter la voie rapide vers les combats plus significatifs. Les sourires sur le visage de ses hommes de coin, dont son entraîneur Samuel Décarie-Drolet, au sortir du ring, en disaient d’ailleurs long sur leur appréciation de cette performance.
Marc Ramsay, le directeur du développement et entraîneur-chef d’Eye of the Tiger Management, avait déclaré à La Presse Canadienne la veille que le combat d’Asanau était celui qui l’intriguait le plus comme amateur de boxe. Asanau ne l’aura pas déçu.
Mathieu méthodique
Wilkens Mathieu (12-0, 8 K.-O.), qu’on semble vouloir cantonner chez les mi-lourds, a battu Marcos Karalitzky (8-10-2, K.-O.) en toute fin du quatrième round, l’Argentin n’en pouvant plus de subir les assauts du Québécois.
Mathieu a méthodiquement martelé son adversaire. Ses jabs ont été incisifs et il a été très précis avec ses coups en puissance.
Le visage tuméfié depuis déjà un bon moment, Karalitzky a essuyé une violente combinaison lancée par un uppercut au visage. Ne lui laissant pas le temps de récupérer, Mathieu l’a repoussé dans les câbles, où il lui a servi une dernière salve. Karalitzky a alors préféré mettre un genou au tapis et laisser Albert Padulo fils compléter son compte.
«Sur papier, c’était un adversaire durable, qui ne s’était jamais fait arrêter, a expliqué Mathieu. Mais ma force de frappe évolue de plus en plus et je lui ai fait mal. Après le premier round, je savais qu’on n’en ferait pas huit.»
Steven Butler (35-5-1, 29 K.-O.) n’a pas traîné, alors qu’il a passé le K.-O. à Fernando Farias (12-3-3, 4 K.-O.) dès le premier round pour retrouver le chemin de la victoire, l’arbitre Forest stoppant le combat à 2:36 après la deuxième chute au tapis de l’Argentin.
Après sa défaite aux mains de Patrice Volny à sa dernière sortie, Butler se devait de rebondir. Il ne peut toutefois pas crier victoire trop vite. Contre un adversaire de remplacement — Farias a accepté le combat il n’y a que deux semaines —, le boxeur de 29 ans n’avait aucune marge de manœuvre.
Butler devra maintenant offrir une aussi bonne performance face à un adversaire de meilleur calibre avant de convaincre qui que ce soit qu’il est sur le chemin du retour.
Plus tôt en soirée, le nouveau joyau de Marc Ramsay Jhon Orobio (12-0, 11 K.-O.) a rapidement montré la sortie à Jacopo Colli (9-1-1, 4 K.-O.). Le super-léger italien a visité le tapis deux fois avant que l’arbitre Martin Forest ne mette fin aux activités après seulement 72 secondes d’Activité. Il s’agit du K.-O. le plus rapide de la jeune — et prometteuse — carrière du boxeur d’origine colombienne.