MONTRÉAL — La mairesse de Montréal, Valérie Plante, a affirmé vendredi qu’une «bataille constitutionnelle» entre le Québec et le Canada bloque l’argent dont la ville a désespérément besoin pour faire face à son problème d’itinérance, qui s’aggrave à l’approche de l’hiver.
La mairesse a appelé les gouvernements du Québec et du Canada à finaliser une entente pour débloquer ce qu’elle a dit être 100 millions $ promis pour aider à fournir un abri et d’autres formes de soutien à la population itinérante de la province – dont elle s’attend à ce que la moitié aille à Montréal, car elle affirme que c’est là que se trouve la moitié de la population sans abri de la province.
«On ne peut pas se permettre, au Québec et à Montréal, avec la crise d’itinérance que nous vivons, de laisser 100 millions sur la table. Ça n’a pas de bon sens», a-t-elle déclaré aux journalistes lors d’une conférence de presse devant un refuge qui fournit des studios aux femmes à risque d’itinérance.
Contrairement à d’autres provinces, a déclaré Mme Plante, les municipalités du Québec ne peuvent pas recevoir de fonds directement d’Ottawa, laissant la ville coincée entre les deux gouvernements alors qu’elle cherche une aide financière.
«L’hiver s’en vient. Il y a beaucoup de gens dans la rue et il y a des gens qui meurent dans la rue. C’est ça, la situation actuelle», s’est-elle exclamée, ajoutant que de plus en plus de Montréalais se retrouvent dans la rue et qu’il n’y a pas assez de place pour eux dans les refuges.
En septembre, le gouvernement fédéral a annoncé qu’il donnerait un total de 250 millions $ pour aider les provinces et les territoires à ouvrir plus de places dans les refuges, les maisons de transition et les services pour fournir un logement aux personnes vivant à l’extérieur dans des campements.
Radio-Canada a rapporté vendredi qu’Ottawa a promis au Québec 50 millions $ de cette enveloppe, mais les négociations sont au point mort parce que le fédéral attend que la province égale l’investissement et que Québec résiste à l’exigence de fournir des plans sur la façon dont l’argent sera dépensé.
Mme Plante a déclaré que la ville a un besoin urgent d’argent pour des solutions à court terme comme les refuges d’urgence et des mesures à long terme, notamment des logements sociaux et du soutien aux organismes qui aident les personnes sans abri et les résidents à proximité à vivre en paix les uns avec les autres.
Logement, Infrastructures et Collectivités Canada a déclaré dans un communiqué vendredi que des négociations sont en cours avec le ministre des Services sociaux du Québec, Lionel Carmant.
«Nous avons écrit au ministre Carmant pour lui demander de s’associer à nous pour aider à trouver des logements pour les personnes qui vivent sans logement au Québec », a indiqué le ministère.
Marie Barrette, une collaboratrice de M. Carmant, a déclaré à La Presse Canadienne que les négociations se déroulent «très bien» et qu’elle s’attend à ce que le Québec reçoive sa «juste part».
«Il n’est pas question de refuser l’argent offert par Ottawa», a-t-elle assuré dans une déclaration écrite.
Sam Watts, PDG de la Mission Bon Accueil, espère que l’argent sera versé rapidement et efficacement alors que de nouveaux campements de sans-abri continuent de surgir à travers la ville. Son organisation gère un refuge d’urgence et fournit d’autres services aux Montréalais dans le besoin.
«Parfois, lorsqu’il y a un panier d’argent, on a tendance à le dépenser d’une manière qui n’est pas efficace», a-t-il indiqué, ajoutant que le financement d’urgence doit être lié à un plan visant à fournir des logements permanents.
«Si ce n’est pas le cas, alors tout ce que nous faisons, c’est jeter plus d’argent dans quelque chose qui ne résout pas le problème. Cela ne fait que donner aux gens la survie dont ils ont besoin jusqu’à demain.»