MONTRÉAL — Environ au même moment où le gouvernement de la Coalition avenir Québec (CAQ) a annoncé un gel du recrutement dans la fonction publique, on apprend que 26 postes de préposés aux bénéficiaires et sept postes d’agentes administratives ont été supprimés au Centre hospitalier de l’Université de Montréal (CHUM).
La présidente du syndicat des employés du CHUM (SECHUM-CSN), Anick Mailhot, craint que des infirmières se retrouvent dans la même situation puisque la FIQ aurait elle aussi été rencontrée par la direction du CHUM la semaine passée.
Le SECHUM-CSN a confirmé lundi matin que les coupes de postes «ont été imposées dans le cadre des politiques de redressement budgétaire du gouvernement». Il unit sa voix à celle de la Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS-CSN), du conseil central du Montréal métropolitain (CCMM-CSN) ainsi qu’au porte-parole de Québec solidaire (QS) en matière de santé, Vincent Marissal, pour réclamer que les postes supprimés soient réintégrés au centre hospitalier.
«Il y a des personnes qui étaient sur des postes de remplacement et qui n’ont pas été réaffichés en prévision de couper ces postes. Cette semaine, il y a quatre postes qui seront coupés: ce sont des personnes sur des postes attitrés», a précisé Mme Mailhot lors d’un point de presse devant le CHUM. En parallèle, trois nouveaux postes de cadre ont été créés, dit-elle.
«On a fait des démarches avec l’employeur pour que ces postes soient rétablis. On a une fin de non-recevoir de la part de l’employeur. Il coupe toujours dans les soins aux patients, mais les postes de cadre, ça, il y en a. Il ne fait pas de ménage dans ces postes-là», dénonce-t-elle.
Les parties qui s’unissent demandent aussi au gouvernement de la CAQ de cesser de réduire des dépenses en santé et services sociaux. «Dans le réseau au complet, c’est 1 milliard $ qu’on a demandé de couper. Vous pouvez appeler ça comme vous voulez. Le mot en «A», l’austérité, on n’a pas le droit de le dire, mais c’est ça pareil», a lâché M. Marissal.
Dominique Daigneault, présidente du CCMM-CSN, interprète également les restrictions budgétaires du gouvernement Legault comme de l’austérité. «Qu’on appelle ça restructuration financière, rigueur budgétaire ou je ne sais trop quelle expression, c’est pour nous de l’austérité et ça atteint de plein fouet les travailleuses et les travailleurs du réseau et la population du Québec, en particulier les plus vulnérables», dépeint-elle.
La vice-présidente pour le secteur public de la FSSS-CSN, Carole Duperré, a elle aussi parlé d’austérité. «On demande que le gouvernement cesse ses mesures d’austérité et qu’il fasse en sorte qu’on puisse continuer à offrir des soins et des services de qualité à toute la population, et ce, indépendamment de notre capacité de payer pour des soins. On se fait un devoir de dénoncer les impacts et le grabuge qui est fait au niveau du réseau public», a déclaré Mme Duperré.
Des impacts sur les patients
L’objectif du gouvernement est de freiner la croissance du nombre d’employés dans la fonction publique avec une visée à plus long terme de revenir à l’équilibre budgétaire. Il avait précisé que les restrictions budgétaires dans le réseau de la santé ne devaient toucher que l’administration.
Pour le syndicat des employés du CHUM, il ne fait aucun doute qu’en coupant des postes il y a des impacts pour les patients. Mme Mailhot a évoqué la situation d’un patient qui s’est disloqué la hanche en se levant de son lit puisque personne ne venait le voir après avoir sonné pour du soutien. Il a dû être opéré d’urgence cette journée-là, a-t-elle raconté.
«C’est déshumanisant pour les patients et pour les travailleurs aussi parce qu’il y a des examens qui sont reportés, il y a des patients qui attendent plus de 30 minutes avant d’avoir quelqu’un qui répond à leur cloche. […] C’est insoutenable pour les travailleurs, c’est insoutenable pour les patients», a déploré Mme Mailhot.
Elle a souligné que les coupes font en sorte que la charge de travail s’accumule pour le personnel soignant toujours en poste. Le ratio de préposés serait passé de 4 à 3 sur l’ensemble des unités de soins, incluant l’urgence. «On a déjà remarqué une augmentation d’incidents et d’accidents», a dit Mme Mailhot.
Selon M. Marissal, la situation est un cercle vicieux. «Les gens ont juste deux jambes et deux bras. Ils vont juste courir plus pour donner le même service. Il n’y a pas moins de patients ici. Si ça se trouve, il y en a plus et les cas sont plus lourds, mais nécessairement, s’il y a moins de monde pour s’en occuper, alors les gens s’épuisent et s’écœurent aussi», a-t-il dit.
Selon le député de Rosemont, «on est en train de démolir tranquillement, morceau par morceau, notre réseau public». Il s’est inquiété de la mise en vente de la Clinique médicale Angus qui se trouve dans sa circonscription. D’abord rapporté par «La Presse», l’avenir est incertain pour cette clinique qui est l’un des plus gros groupes de médecins de famille (GMF-R) du Québec avec 37 000 patients à sa charge.
M. Marissal a qualifié de «mercenaires de la médecine» les investisseurs qui ouvrent des cliniques à leur guise en fermant boutique «lorsqu’ils ne font plus assez d’argent à leur goût».
«On ne peut pas les retenir ces investisseurs. À partir du moment qu’ils décident de fermer, ils ferment tout simplement. Ils appellent leur avocat fiscaliste, ils ferment »la shop » et ils s’en vont ailleurs, c’est tout. C’est pour ça que ça nous prend des services publics», a fait valoir le député de QS.
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