MONTRÉAL — Oui, il y a une controverse de quarts partants à Montréal. Et à entendre la direction des Alouettes mardi, lors de son bilan, il semble qu’elle marche sur des oeufs dans ce dossier.
Cody Fajardo dispose encore d’une saison à son contrat. Le joueur par excellence de la Coupe Grey 2023 a dominé la ligue avec un taux de passes complétées de 73,6 % cette saison, mais il a connu une baisse de régime en deuxième moitié de saison, après avoir soigné des blessures à un muscle ischiojambier et aux côtes.
Davis Alexander a commencé la saison comme quart no 3, mais s’est imposé en remplacement de Caleb Evans pendant une blessure à Fajardo et a profité d’une blessure subie par Evans pour prendre la pôle et signer quatre victoires en autant de départs.
À 26 ans, Alexander est six ans plus jeune que Fajardo et il a déclaré lundi au site spécialisé ThridDownNation.com qu’il «ne connaissait aucun univers où les deux seraient de retour au sein de la même équipe l’an prochain».
«Cody est sous contrat présentement, pas Davis», a déclaré le directeur général Danny Maciocia au Stade olympique.
«Vous ne pouvez pas avoir deux quarts payés avec des salaires de partants. C’est impossible, a-t-il ajouté. Ça fera partie des discussions que j’aurai dans les prochaines semaines avec Jason [Maas, l’entraîneur-chef]. Ce ne sont pas des discussions qui se règlent en 20 minutes. C’est un peu plus intense que cela. Maintenant, pourrions-nous avoir les deux quarts de retour en 2025? Oui, il y a une opportunité. Comment? Je ne suis pas rendu là dans ce processus. Et si ça peut se faire, nous allons le faire. Si on ne peut pas, on va prendre la meilleure décision pour l’avenir des Alouettes.»
Quelle serait cette meilleure décision?
«Ce sera dépendant du salaire, a affirmé Maciocia. Il y a un maximum que vous pouvez payer pour cette position. Vous ne pouvez pas verser un salaire de partant à vos deux quarts. Si vous faites cela, vous êtes pénalisés ailleurs.
«Je vais m’asseoir avec Jason et on va regarder ça. Avec les autres entraîneurs aussi, et on va leur demander leur opinion sur les quarts. On va prendre la bonne décision pour l’organisation.
«Ce sont deux quarts partants. Nous sommes chanceux: ça fait longtemps que les Alouettes n’ont pas compté sur deux partants. On va tenter de garder les deux, mais si cette option n’est pas disponible pour diverses raisons, nous allons prendre la meilleure décision pour l’organisation.»
Appelé à commenter le dossier, Maas est demeuré aussi prudent que son patron.
«Nous ne jouons pas présentement. Nous ne jouerons pas avant mai prochain, a-t-il souligné. Nous en discuterons pas mal dans les prochains mois, car c’est une importante décision pour l’organisation.
«J’ai dirigé Cody pendant cinq ans maintenant et il a gagné une coupe Grey pour cette équipe. Je serais confortable avec Cody comme partant au sein de n’importe quelle organisation.»
Mais le serait-il avec Alexander?
«Si vous me mettiez un fusil sur la tempe et me demandiez de choisir un des deux, je ne pourrais pas, car je les trouve tous deux excellents, a esquivé Maas. Je peux voir le positif dans les deux quarts. L’un est sous contrat, l’autre pas. J’ai été avec Cody pendant cinq ans. Je sais ce dont il est capable. Ce sera une question de décider ce qui sera mieux pour l’organisation. Cody peut jouer quelques années, mais Davis sera peut-être ici 10 ans. On doit choisir celui dans lequel on croira le plus et je sais qu’on croit en ces deux quarts.
«À moins que les deux soient partis, je crois que ce sera l’un ou l’autre. Danny l’a dit: on pourrait avoir les deux, mais on ne peut pas leur donner le salaire de partant.»
Sur ce point, Maciocia s’est servi de la situation en Colombie-Britannique pour illustrer son propos.
«On a l’argent, comme [les Lions] ont l’argent pour [Nathan] Rourke et Vernon Adams. On a une enveloppe, si on leur donne la moitié de l’enveloppe et qu’il reste la moitié pour 60 joueurs, tu te ramasses alors avec des joueurs de ligne à l’attaque payés 10 cennes et deux quarts sur la liste des blessés. Il faut regarder comment investir son argent. C’est comme le Canadien, il ne peut pas avoir deux gardiens à 10 millions.»
Convaincre un joueur de rester
Maciocia croit être en mesure de convaincre Alexander de rester. Le D.G. assure que ce n’est pas seulement qu’une question d’argent.
«La chose très importante dans ce dossier, c’est comment Davis se sent. Comment il voit les prochaines semaines, les prochains mois. Comment il envisage 2025. Comment sa famille entrevoit tout ça. Est-ce qu’il serait appuyé par les membres de sa famille à Montréal l’an prochain? Question talent, question argent, ça se règle tout seul la plupart des fois. Il faut aussi comprendre comment lui voit les prochaines années, car je pense que c’est un gars qui va jouer, huit, 10, voire 12 ans.»
L’âge des deux quarts sera donc un facteur.
«Ça a un impact. C’est un joueur qui vient juste d’avoir 26 ans. Il est [six] ans plus jeune [que Fajardo]. Moins ‘magané’, a noté Maciocia. Il ne faut pas oublier non plus que c’est un joueur que nous avons identifié il y a quatre ans, quand il était à Portland State. Nous avons investi trois ans en lui.
«On est conscient qu’il a amorcé cinq matchs avec nous et qu’il a une fiche de 5-0. Il a un bon potentiel et il se trouve dans notre cour. Il ne faut pas oublier non plus qu’on a un quart en Cody qui a beaucoup d’expérience et qui sait comment gagner des matchs, le joueur par excellence de la Coupe Grey l’an dernier. Ce sont tous des facteurs qu’il faut prendre en considération. Les prochains jours, les prochaines semaines seront très intéressantes. On ne veut pas prendre une décision sur le coup de l’émotion ni pour répondre aux désirs des gens. On veut prendre une décision réfléchie.»