Des responsables américains et polonais ont inauguré mercredi une base de défense antimissile de l’OTAN dans le nord de la Pologne.
Les autorités polonaises ont salué cette initiative, qu’elles considèrent comme une étape importante dans la sécurisation du pays et de l’alliance de l’OTAN en cette période de guerre en Ukraine.
La base américaine de défense antimissile, qui est en train d’être intégrée aux défenses de l’OTAN, avait été initialement prévue par le président américain George W. Bush comme un moyen de protéger l’Europe contre les menaces balistiques de l’Iran.
Cependant, la Pologne l’a toujours considérée comme une forme de protection américaine en cas d’agression russe. Ces craintes se sont accrues depuis l’invasion de son voisin.
Le Kremlin a protesté contre ce projet dès le départ. Selon la Russie, la base représente une mise au défi pour son propre potentiel militaire, qui nécessiterait des mesures «pour assurer la parité».
Les responsables polonais, qui se sont réunis avec l’ambassadeur des États-Unis et d’autres responsables, ont salué cette étape historique, qui renforce l’engagement des États-Unis en faveur de la sécurité de l’Europe à un moment d’incertitude en raison de la guerre en Ukraine.
Certains se demandent si Donald Trump restera aussi engagé en faveur de la sécurité de l’Europe lorsqu’il retournera à la Maison-Blanche en janvier.
«Le monde entier verra clairement que ce n’est plus la sphère d’intérêt de la Russie. Du point de vue polonais, c’est la chose la plus importante stratégiquement», a déclaré le président polonais, Andrzej Duda, lors de la cérémonie à Redzikowo.
Le ministre polonais de la Défense, Władysław Kosiniak-Kamysz, a qualifié l’ouverture de la base «d’événement extraordinaire dans l’histoire de la sécurité de la Pologne, des États-Unis et de l’OTAN». Il a souligné que les conflits en Ukraine et au Moyen-Orient démontrent l’importance des défenses aériennes.
L’installation est équipée du système moderne Aegis Ashore de la marine américaine, qui peut détecter, suivre et détruire des missiles balistiques dès la phase initiale de leur vol. Il s’agit du deuxième élément terrestre d’Aegis Ashore en Europe. La première installation de ce type a été mise en service en Roumanie en 2016.
Interrogé sur la base lors d’un point de presse mercredi, le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a affirmé que le président russe Vladimir Poutine avait exprimé ses inquiétudes quant aux projets américains, même sous l’administration Bush.
«Nous avions alors insisté sur le fait que les Américains qui affirment que tous ces plans sont destinés à lutter contre l’éphémère menace iranienne sont en fait des mensonges et qu’ils ont été élaborés dès le départ pour tenter de contenir militairement notre potentiel», a-t-il déclaré.
«Ce n’est rien d’autre qu’une tentative de contenir notre potentiel et, bien sûr, cela conduit à l’adoption de mesures appropriées pour garantir la parité», a ajouté M. Peskov.
Plus tard dans la journée, le secrétaire général de l’OTAN, Mark Rutte, s’est rendu à Varsovie pour rencontrer M. Duda et le premier ministre Donald Tusk dans un autre geste d’unité de l’OTAN. Il a fait l’éloge de la Pologne pour ses contributions à l’alliance, notamment pour le niveau élevé de ses dépenses en matière de défense.
«Grâce à cela, vous construisez l’une des plus grandes armées de l’OTAN», a indiqué M. Rutte lors d’une conférence de presse conjointe avec M. Tusk.
Ce dernier a fait savoir qu’il s’était entretenu avec d’autres dirigeants européens afin de s’assurer qu’ils restent déterminés à ce que l’Ukraine s’implique dans toute négociation future sur son sort.
«Cela signifie que les États membres de l’Union européenne doivent veiller à ce que les décisions futures concernant, si Dieu le veut, la fin de la guerre ou le gel du conflit, soient prises en accord et avec la participation des États intéressés, ceux du flanc oriental, mais surtout l’Ukraine elle-même», a déclaré M. Tusk.